NOS DERNIÈRES ACTUALITÉS
CP / Rapport Total : la stratégie du chaos climatique
Communiqué de presse – 28 mai 2019 A la veille de l’Assemblée générale de Total, Notre Affaire à Tous, 350.org et les Amis de la Terre France publient, avec le soutien de Sherpa, des Ecomaires, d’Attac et de l’Observatoire des multinationales, un rapport décryptant la stratégie climat du groupe pétrolier : une stratégie de façade, absolument incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. En continuant à miser massivement sur les hydrocarbures, Total menace les vies de millions de personnes en France et dans le monde, et s’expose à des risques juridiques et financiers importants. (1) Alors que dans sa communication, la multinationale assure vouloir limiter le réchauffement climatique à 2°C, les annexes aux comptes consolidés de Total révèlent que le Groupe construit en réalité une stratégie complètement déconnectée du respect des objectifs de l’Accord de Paris, nous menant vers 2,7°C à 3°C de réchauffement (2). En effet, Total continue d’investir massivement et quasiment exclusivement dans le pétrole et le gaz, y compris dans l’exploration de nouveaux gisements et a multiplié les nouveaux projets depuis la COP21. Grâce à un travail de recherche approfondi, le rapport publié par les associations démontre que la stratégie climat de la multinationale pétrolière ainsi que ses leviers d’atténuation d’impact climatique ne sont qu’une façade et qu’ils nous conduisent au contraire irrémédiablement vers une aggravation de la crise actuelle. En effet, la stratégie climat de Total est criblée de fausses solutions : d’une part des investissements massifs dans le gaz et les agrocarburants, qui provoquent à la fois de lourds impacts climatiques, sociaux et environnementaux, et d’autre part, un espoir aveugle dans les technologies de capture et stockage du CO2, dont le déploiement est risqué et dont l’effectivité repose grandement sur de la spéculation. Selon Juliette Renaud, des Amis de la Terre France : “Le gaz n’est pas une énergie “propre” ou “de transition”, c’est une énergie fossile au bilan climatique catastrophique en raison des inévitables fuites de méthane liées à son extraction, sa transformation et son transport. Total s’enorgueillit de croître dans ce secteur, avec notamment l’acquisition récente d’importants actifs au Mozambique, alors qu’il s’agit d’une véritable bombe climatique. De plus, avant même qu’il ne commence, ce méga-projet gazier est déjà associé à de nombreuses violations des droits humains des communautés locales” (3). Pour Clémence Dubois, de 350.org : “Tandis que des millions de jeunes sont en grève à travers le monde pour exiger la fin de l’ère des combustibles fossiles, Total redouble d’efforts de communication et de lobbying pour continuer à développer de nouveaux projets de pétrole et de gaz qui ne leur laissent aucune chance d’avoir un avenir. Total cherche à échapper à sa responsabilité historique face à la crise climatique, mais notre mouvement force les institutions à prendre la mesure des responsabilités qui leur incombent, et à tenir Total responsable pour les dommages qu’elle cause.” Pour Yann Robiou du Pont, climatologue : « Total, à la source d’émissions presque égales à celles de la France poursuit une trajectoire décrite comme ‘responsable’ sur la voie de l’accord de Paris, malgré un objectif d’intensité carbone insuffisant pour rester même sous 2 °C. Ce manque d’ambition et cette ambiguïté sapent les efforts de tous pour atténuer des impacts de plus en plus graves ! » Paul Mougeolle, de Notre Affaire à Tous, et auteur du rapport, conclut : “La stratégie climat de Total apparaît d’autant plus grave qu’une limitation du réchauffement climatique à +1.5 °C demeure encore possible, si une réelle transition énergétique vers les renouvelables était entamée. Il y a urgence à agir : Total n’a d’autre choix que de changer radicalement de modèle économique. Faute de quoi l’entreprise s’expose à des risques financiers et juridiques imminents”. (3) Nos organisations appellent Total et les décideurs à faire cesser les recherches et les exploitations d’hydrocarbures en France et dans le monde et se conformer aux recommandations scientifiques pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. De même nous appelons les acteurs publics et privés à désinvestir des entreprises pétrolières et gazières comme Total. Contacts presse Paul Mougeolle, référent du groupe de travail Multinationales, Notre Affaire à Tous – 07 54 83 46 75 – paul.mougeolle@notreaffaireatous.orgClémence Dubois, chargée de campagne, 350.org – 06 42 71 31 75 – clemence@350.orgJuliette Renaud, chargée de campagne, Amis de la Terre France – 06 37 65 56 40 – juliette.renaud@amisdelaterre.org Notes : (1) Notons que Total fait d’ores et déjà face à plusieurs procédures juridiques lancées par des collectivités territoriales états-uniennes en raison de sa responsabilité dans les impacts provoqués par les changements climatiques. Le Carbon Tracker Initiative en partenariat avec le Principles for Responsible Investment estiment que 30 à 40 % des actifs actuels de Total devraient être abandonnés si une trajectoire conforme aux objectifs de l’Accord de Paris était choisie. (2) L’entreprise prend comme modèle le New Policies Scenario de l’Agence Internationale de l’Énergie pour le développement de ses activités d’énergies fossiles. Ce scénario nous mène à 2,7°C de réchauffement selon ses concepteurs, voir à 3,3°C selon certains experts. Il n’est pas certain de surcroît que les mesures annoncées par Total permettent de rejoindre ce scénario. (3) Les Amis de la Terre France accueillent en ce moment à Paris Ilham Rawoot et Florence Sitwamynia, deux partenaires du Mozambique et de RDC, qui se rendront à l’Assemblée Générale de Total mercredi 29 mai pour interpeller le PDG et les actionnaires. Voir également : Amis de la Terre France, “La France amorce une bombe climatique au large du Mozambique” (mai 2019): https://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/note-mozambique-lng-at.pdf Lire la rapport completTélécharger Lire le résumé du rapportTélécharger
Vécus climatiques, injustices écologiques et imaginaires du dérèglement
Offre de mission : enquête et documentation autour des impacts des changements climatiques Participez à notre projets de documentation des impacts des changements climatiques ! Nous avons lancé ce projet en mai 2018 pour documenter les impacts concrets des changements climatiques et de renforcer la sensibilisation du grand public. La France est déjà touchée par les changements climatiques et de nombreuses personnes en font déjà les frais, nous souhaitons leur donner la parole, rejoignez-nous pour cela ! Notre partenariat avec l’Université de Lyon 2 permettra la réalisation d’une enquête qualitative cet été dans le sud de la France sur le ressenti des habitant-es par rapport aux effets des changements climatiques. Ces travaux pourront ensuite faire l’objet d’une publication et d’une restitution lors d’un événement public commun à l’automne. Par la suite nous pourrons peut-être former une coalition des personnes impactées en France et peser pour une réelle justice climatique !
CP / People’s Climate Case : le Tribunal reconnaît le changement climatique comme une menace pour les individus, mais déclare l’affaire irrecevable
Communiqué de presse – 22 mai 2019 Le Tribunal de l’UE a le 15 mai 2019 acté l’irrecevabilité de l’affaire du People’s Climate Case pour des raisons de procédure. Si le tribunal reconnaît dans sa décision les impacts du changement climatique comme menaçant les droits humains des plaignant-es, celui-ci a déclaré de fait, que les familles et les jeunes affecté-es par le changement climatique n’avaient pas le droit de recourir aux tribunaux pour contester les objectifs climatiques européens – objectifs qui mettent leurs droits fondamentaux en danger. Les familles à l’initiative du recours ont prévu de faire appel devant la Cour Européenne de justice (CJUE). En mai 2018, 10 familles du Portugal, d’Allemagne, de France, d’Italie, de Roumanie, du Kenya, des Fidji ainsi que l’Association suédoise de la jeunesse saami, Sáminuorra, se rassemblaient dans un recours unique face au Parlement européen et au Conseil Européen, pointant l’insuffisance de l’objectif climatique de l’UE à l’horizon 2030, et les impacts de cette politique inadéquate sur leurs droits humains fondamentaux. Les plaignant-es, au travers de ce recours inédit, affirmaient que l’objectif de l’UE en matière de lutte contre le changement climatique visant à réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, était trop faible et ainsi menaçait leurs droits fondamentaux à la vie, à la santé, au travail et à la propriété. Dans le cadre de leur défense, le Parlement européen et le Conseil européen, en octobre 2018, avaient demandé au Tribunal de statuer sur la recevabilité de l’affaire – une procédure préliminaire permettant de déterminer si les 10 familles et les jeunes Saamis pouvaient être autorisés à contester la politique climatique de l’union devant le Tribunal européen. Dans sa décision du 15 mai 2019, et même si le Tribunal de l’UE admet que «chaque individu est affecté d’une manière ou d’une autre par le changement climatique» (“every individual is affected one way or another by climate change”) – ce qui confirme la légitimité des demandeurs à l’origine de la présente affaire -, la plainte est rejetée sur le fondement d’une interprétation des dispositions légales, en particulier le critère de «préoccupation directe et individuelle». Cette décision négative sur la « recevabilité » est décevante mais pas surprenante, car ce critère est connu pour restreindre l’accès aux tribunaux sous certaines conditions. En 2017, un comité de l’ONU a estimé que l’interprétation de ce critère (pour les ordres exécutifs) par la Cour européenne contrevenait aux dispositions de la Convention d’Aarhus relatives à l’accès à la justice. Les familles et l’association de jeunesse Saami prévoient de faire appel devant la Cour de justice européenne avant le 15 juillet 2019. Le tribunal de grande instance et de dernière instance (i.e. la CJUE) a toute latitude pour interpréter la loi différemment et ainsi initier de nouveaux développements juridiques, ce que les plaignant-es appellent de leurs voeux. Celle-ci devra décider si les familles des demandeurs et les jeunes Saamis sont autorisés à faire valoir leurs droits devant la justice européenne. Roda Verheyen, avocate coordinatrice de l’affaire, a déclaré : « L’affaire n’est pas classée sur le fond. Au contraire, la Cour admet que le changement climatique a un impact sur tout le monde, mais s’abstient de traiter des faits relatifs au changement climatique et aux impacts sur les droits humains. Au cours de la procédure d’appel, nous demanderons à la Cour de justice de la Communauté européenne d’examiner la décision à la lumière des faits climatologiques et des conséquences pour les droits humains que nous avons démontrées au travers de notre requête. Cet ordre ne peut subsister si l’UE souhaite réellement porter le projet d’une « Europe pour tous » ». Sanna Vannar, 23 ans, représentante de l’association de jeunesse Saami, a déclaré : « Depuis que nous avons déposé ce recours l’an dernier, les effets du changement climatique se sont encore aggravés. Pour les jeunes Saamis, le changement climatique ne concerne plus seulement la politique. Cela affecte notre vie quotidienne: feux de forêt frappant les pâturages Saamis, morts de rennes dûs au manque de nourriture, et stress émotionnel créé par l’incertitude des conditions climatiques devenant le principal problème de santé de ma génération. Nous avons besoin que les tribunaux examinent les faits sur le changement climatique et rappellent aux dirigeants de l’UE qu’ils ont le devoir de protéger les citoyens. Ce n’est pas juste un recours comme les autres. Il s’agit de protéger nos droits et notre avenir.“ Maurice Feschet, lavandiculteur français âgé de 73 ans, a déclaré : « À mon âge, en plus de soutenir les marches pour le climat avec les nouvelles générations qui se lèvent, cette affaire est la seule chose que je puisse faire pour protéger mes enfants et mes petits-enfants. En tant que citoyen, je me dois de faire appel devant les tribunaux de cette décision, car les politiciens ne parviennent malheureusement pas à prendre les mesures qui s’imposent en faveur du climat.“ Pour Marie Pochon, Coordinatrice Générale de Notre Affaire à Tous : « Partout dans le monde et en Europe, les impacts du changement climatique affectent de plus en plus nos droits fondamentaux, et aggravent les inégalités déjà existantes. Or, en refusant d’ouvrir la possibilité pour ces personnes de faire entendre leurs voix et leurs préjudices en matière environnementale ou climatique, ce sont bien les plus fragiles que nous privons de justice. Il est temps que les institutions tout autant que le droit s’adapte à la nouvelle donne climatique, et permette à chacun-e de faire valoir ses droits, non seulement fondamentaux, mais aussi, à un avenir juste et vivable. Nous irons jusqu’au bout de cet appel, et continuerons d’exhorter les élu-es, à tous les niveaux, d’agir à la hauteur de la crise climatique et des solidarités que nous vivons.” Depuis le lancement du People’s Climate Case en mai 2018, le Parlement européen a adopté deux résolutions appelant à augmenter de 40 % à 55 % les objectifs climatiques de l’UE à l’horizon 2030. La semaine dernière, plusieurs États membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark, …
CP / L’Affaire du siècle est désormais entièrement entre les mains du juge
Communiqué de presse – Lundi 20 mai 2019 Les quatre ONG requérantes déposent aujourd’hui devant le tribunal administratif de Paris leur mémoire complémentaire. Après la requête déposée pour l’Affaire du Siècle devant le tribunal administratif de Paris le 14 mars dernier, les avocats de Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France ont transmis au juge un “mémoire complémentaire” détaillant l’ensemble des arguments présents dans le recours en responsabilité contre l’État français pour inaction climatique. Présentation au juge de tous les arguments détaillés des ONG Pour Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France : « Avec le dépôt de ce “mémoire complémentaire”, l’étude complète de l’Affaire du siècle peut enfin commencer. Le document transmis au tribunal administratif de Paris détaille les manquements de l’État en matière climatique depuis le premier rapport du GIEC en 1990 et le Grenelle de l’environnement. Le travail des avocats, juristes et experts de nos quatre organisations dévoile une quantité conséquente d’obligations non mises en oeuvre par l’État. Le document revient aussi sur le préjudice écologique et sur les préjudices moraux des associations. Les préoccupations de nos associations sont les suivantes : peut-on accepter que les gouvernements français successifs aient échoué à leur obligation générale de protéger les droits fondamentaux de leurs concitoyens, menacés par les changements climatiques ? Peut-on accepter qu’alors que les autorités étaient informées du dérèglement climatique au plus tard dès les années 1990, la première politique publique climatique ne date que de 2005 avec la loi dite “POPE” ? Peut-on accepter que parmi les obligations spécifiques que l’État s’est lui-même fixées depuis les années 2000, la majorité d’entre elles ne soient pas respectées ou pas mises en oeuvre ? Pour nos ONG, la réponse est trois fois non. » Par exemple : En matière d’efficacité énergétique : L’objectif fixé pour la France pour 2020 au niveau européen ne serait atteint qu’en 2026. La loi Grenelle I (2009) fixait déjà l’objectif de 38 % de baisse des consommations d’énergie du parc des bâtiments existants d’ici à 2020, soit un objectif de 400 000 rénovations de logements chaque année à compter de 2013, rehaussé à 500 000 par la loi de transition énergétique de 2015. Or, il n’y a aucun dispositif de suivi mis en place par l’État. Actant le retard pris par la France sur la rénovation, le projet de nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) évoque désormais 300 000 rénovations « équivalent complètes » par an. En matière de transport : aucune stratégie cohérente n’a été mise en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés par la loi pour renverser la prédominance du transport routier. Alors que la loi Grenelle prévoyait d’atteindre 25 % de hausse de la part modale du fret non routier et non aérien en 2022, la part du ferroviaire s’est effondrée depuis 2001 pour atteindre 10 % en 2017. Sur les 400 milliards d’euros investis dans les infrastructures de transport entre 1990 et 2015, 69,4 % l’ont été pour les routes (contre 19,6 % pour le réseau ferroviaire SNCF et 10 % pour les réseaux ferrés urbains). En matière d’agriculture : en 2017, seule une portion de 6,5 % de la surface agricole utile était cultivée en France en agriculture biologique, loin de l’objectif fixé par la loi Grenelle I de 20 % en 2020. Les ventes d’engrais azoté (41 % des émissions du secteur) ont augmenté de 13 000 tonnes sur la période 2014-2016, en totale contradiction avec la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui prévoyait de réduire l’utilisation de ces engrais. Oui, nous pouvons remporter l’Affaire du Siècle Dans le monde, le mouvement pour la justice climatique remporte des victoires et une nouvelle jurisprudence est en train de voir le jour. Le juge peut reconnaître la responsabilité de l’État français et enjoindre au Premier ministre et aux ministres compétents d’adopter toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme à l’ensemble des manquements de l’État et réparer les préjudices subis. Si malgré tout l’État ne se décidait pas à agir, il se mettrait hors la loi. Les ONG pourraient alors saisir à nouveau la justice et demander l’exécution forcée de la décision. Une procédure qui ne dédouane pas l’État d’agir pour le climat Alors que plus de deux millions de personnes ont apporté leur soutien à cette initiative juridique sans précédent en France, le gouvernement ne peut se contenter d’attendre l’audience qui pourrait intervenir dans 1 à 2 an(s), sans compter un éventuel appel. La crise climatique est telle que chaque jour qui passe doit être mis au service d’avancées structurantes. Nous appelons l’État à accélérer ses efforts sans attendre l’issue de l’instruction. Parallèlement au recours, les ONG de l’Affaire du Siècle ont ainsi proposé 6 catégories de solutions politiques pour commencer à endiguer la crise climatique en France : Instaurer une fiscalité socialement juste au service de la lutte contre le changement climatique. Par exemple : une taxation du kérosène des avions et une taxe carbone dont les recettes sont redistribuées aux ménages. Créer un service public local de la rénovation énergétique des logements dans tous les territoires, notamment pour éliminer les passoires énergétiques. Donner la possibilité à toutes et tous de se déplacer plus proprement. Par exemple, en investissant dans les transports en commun, le train et en interdisant la vente de véhicules diesel et essence à horizon 2030. Instaurer le droit à une alimentation saine et durable pour toutes et tous. Par exemple, en soutenant les repas bios et végétariens dans les cantines. Développer massivement des énergies renouvelables. Mettre fin aux cadeaux qui encouragent les entreprises dans leurs actions climaticides. Par exemple, en supprimant les niches fiscales aux activités et industries les plus polluantes. Pour les porter, et contraindre l’État à agir dès maintenant en matière climatique, l’ensemble des leviers doit être mobilisé. Par conséquent, les organisations de l’Affaire du Siècle apportent leur soutien à la mobilisation de la jeunesse le 24 mai prochain, qui, pour la deuxième fois …
Notre Affaire à Tous est fière d’avoir contribué au Journal de l’Année Climat de Place To B
Avec le premier Journal de l’Année Climat, l’association Place To B s’associe à 7 ONGs pour vous raconter l’année climatique ! Le Journal de l’Année Climat, c’est quoi ? Ce journal est engagé et collaboratif, et tire le bilan d’une année de changements climatiques. Il est dédié à l’information sur la lutte contre le changement climatique et aux négociations climatiques ! Pour ce premier numéro de mai 2019, Humans & Climate Change Stories, le REFEDD, CliMates, le GERES, Nature Rights, Climate Chance et Notre Affaire à Tous ont apporté leurs contributions sur les actualités climatiques de 2018. Que s’est-il passé de la #COP23 à la #COP24 ? Quels ont été les grands événements de la lutte contre le changement en climatique de 2018 à 2019, en France et hors de nos frontières ? Quels sont les visages et les thèmes qui ont marqué le traitement médiatique du climat lors de l’année écoulée ? Télécharger le premier numéro Le Journal de l’Année Climat n°1Télécharger
INVITATION PRESSE / Rencontre croisée mercredi 15 mai
INVITATION PRESSE : Anuna De Wever et Kyra Gantois, du mouvement jeunes pour le climat de Belgique, aux côtés de Notre affaire à tous pour présenter leur Manifeste “Nous sommes le climat” « Nous avons commencé petit – plus petit est presque impossible. Nous étions deux. « Maintenant, on fait quelque chose », s’est-on lancé l’une à l’autre. » Ce mercredi 15 mai, deux mois exactement après le lancement de son manifeste pour une justice climatique “Comment nous allons sauver le monde”, Notre Affaire à Tous accueillera lors d’une rencontre exceptionnelle les initiatrices des marches pour le climat qui ont mobilisé jusqu’à 70 000 personnes à Bruxelles, Anuna de Wever et Kyra Gantois, pour présenter leur manifeste “Nous sommes le climat”, récemment publié le 9 mai aux éditions Stock. Cette rencontre se tiendra à la Base d’action sociale et écologique, 31 rue Bichat, Paris 10, ce mercredi 15 mai, à partir de 19h30 En présence de : Anuna De Wever, Kyra Gantois, auteures du manifeste “Nous sommes le climat” ; Judith Perrignon et Marie Toussaint, porteuses du Manifeste “Comment nous allons sauver le monde”; soirée animée par Hugo Viel, de Youth for Climate et en présence de nombreux-ses militant-es de Notre Affaire à Tous et du mouvement de la jeunesse pour le climat. Notre affaire à tous est ravie d’accueillir, une fois de plus, la jeunesse qui réclame son droit à un avenir, par-delà les frontières, et rappelle que l’action est encore possible ! A la suite des batailles pour les droits civiques, auxquelles ont succédé, à l’ère industrielle, celles pour les droits sociaux, la bataille du XXIe siècle sera celle qui consacrera un nouveau rapport au vivant, en protégeant les pollués des pollueurs. Associations de la justice sociale, de protection de l’environnement, syndicats, collectivités, mouvements de jeunesse… nous sommes tou.te.s des avocat.e.s d’une planète qui meurt de ne pas avoir de voix. Nos manifestes portent cet appel à la révolte et à l’action, pour la protéger et faire valoir la justice climatique. Contacts presse Marie Pochon, Coordinatrice Générale Notre Affaire à Tous 06 52 26 19 51 marie@notreaffaireatous.org Vanessa Retureau, attachée de presse du manifeste “Nous sommes le climat” VRETUREAU@editions-stock.fr
Climat : Maintenant, on fait quelque chose !
« Nous avons commencé petit – plus petit est presque impossible. Nous étions deux. « Maintenant, on fait quelque chose », s’est-on lancé l’une à l’autre. » Notre Affaire à Tous et la Fondation de l’Ecologie Politique sont heureuses de vous accueillir mercredi 15 mai à partir de 18 heures pour une double-soirée exceptionnelle #NousSommesLaNatureQuiSeDefend 🌱 Ce mercredi 15 mai, rendez-vous à La base à partir de 19h30 pour une rencontre croisée entre les autrices du Manifeste pour une justice climatique « Comment nous allons changer le monde » par Notre affaire à tous et Kyra Gantois et Anuna De Wever, les initiatrices des grèves pour le climat en Belgique et autrices du manifeste « Nous sommes le climat ». Après une courte discussion croisée sur les mobilisations historiques de la jeunesse autour de la #JusticeClimatique de cette dernière année, en grande majorité menées par des jeunes femmes à travers le monde, cette soirée sera l’occasion d’un temps d’échanges informels avec les autrices de ces manifestes porteurs d’immenses combats, pour inspirer et construire ensemble les victoires à venir. ✊🌍 REJOINDRE L’ÉVÉNEMENT FACEBOOK Programme : ➡ 18H00 Rencontre « Défendre la forêt » par la Fondation de l’Ecologie Politique Animée par Alice Canabate, avec : 👉 Julien REVENU, auteur de la bande dessinée ZONE DÉFENSIVE ( éditions Vraoum, 2019) http://julienrevenu.blogspot.com/👉 Gaspard D’ALLENS, journaliste, auteur de l’essai MAIN BASSE SUR NOS FORÊTS (Reporterre/Seuil, 2019) ➡ 20H00 Discussion croisée, modérée par Hugo Viel, Youth for Climate FranceAvec 👉 Judith Perrignon, « Comment nous allons sauver le monde » Notre affaire à tous, aux EditionsMassot👉 Anuna De Wever et Kyra Gantois, « Nous sommes le climat », aux Editions Stock➡ 21H00 Questions et temps d’échanges informels avec les participant-es à la soirée autour d’un verre ! Adresse : 31, rue Bichat 75010 Paris Événement ouvert et gratuit à tou-tes les adhérent-es (à prix libre) de La base ! Des dédicaces et achats de ces manifestes seront possibles sur place. Plus d’informations sur le Manifeste pour une justice climatique Plus d’informations sur l’événement « Défendre la Forêt » de la Fondation de l’Ecologie Politique
L’Affaire Climat : La Belgique a également son Affaire du Siècle !
Dans le sillon de l’affaire Urgenda, les citoyen-nes belges ont recours aux tribunaux pour exiger une politique climatique ambitieuse à travers l’Affaire climat (Klimaatzaak) ! Et chaque citoyen-ne belge peut prendre part, juridiquement, à cette action, en devenant co-demandeur aux côtés de Klimaatzaak et de ses avocat-es. Déjà plus de 58 000 citoyen-nes ont rejoint le recours pour le porter, ensemble, et faire reconnaître la responsabilité de l’Etat Belge pour la protection de leurs droits. Et il est encore temps de les rejoindre ! Nos voisin-es demandent à l’Etat fédéral et aux trois Régions (la Région flamande, la Région wallonne et la Région Bruxelles-Capitale) de tenir leurs engagements, à savoir la réduction, d’ici à 2020, de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en Belgique par rapport à celles émises en 1990. Après une première mise en demeure en 2014, suivie d’une absence de réponse de la part des ministres compétents, l’Affaire climat assigne en justice les quatre autorités belges en 2015. La procédure s’éternise pour des questions linguistiques, chaque région plaidant pour que le procès soit tenu dans leur langue respective. Le 20 avril 2018, l’Affaire climat peut enfin commencer ! 2019 est l’année du dépôt des conclusions de chaque partie prenante. En 2020 débuteront les plaidoiries ! A l’image de l’Affaire du siècle, Klimaatzaak a ouvert une procédure unique : la possibilité pour chaque citoyen-ne belge de s’associer juridiquement à ce recours inédit pour déposer, ensemble, l’affaire qui peut tout changer en matière climatique, avec déjà plus de 58 000 co-demandeurs ! Plus le nombre de signataires sera élevé, plus la pression exercée sur les gouvernements sera forte ! DEVENEZ CO-DEMANDEUR Les recours contre l’Etat se multiplient dans le monde. Notre Affaire à tous est partie prenante d’un véritable mouvement mondial, qui exige que les différents gouvernements tiennent leurs responsabilités et leurs engagements en matière climatique et protègent les droits de leurs citoyen-nes, qu’ils soient inscrits dans les textes de loi ou les sommets internationaux. Ce mouvement n’a pas de frontières, ensemble nous sommes une force immense ! TÉLÉCHARGER LES VISUELS A PARTAGER
CP / 17 acteurs de la société civile dénoncent la montée de “l’inégalo-scepticisme” dans un rapport
Dans un contexte marqué par de fortes tensions sociales, exprimées par le mouvement des Gilets jaunes, dont les issues restent incertaines (retombées politiques du Grand Débat National, percée de l’extrême droite dans les sondages pour les élections européennes), 17 acteurs de la société civile, rassemblant des associations environnementales, sociales, de solidarité internationale et de défense des droits de l’Homme, des organismes de recherche et des syndicats, dont la CFDT et Notre Affaire à Tous, dénoncent la montée de ce qu’ils nomment « l’inégalo-scepticisme » en France, dans un rapport à paraître le 14 mai. Nombre d’analystes, focalisés sur les indicateurs économiques classiques, comme la croissance économique, les baisses d’impôts ou le pouvoir d’achat, occultent une réalité accablante : 20% des français ne peuvent pas faire trois repas par jour, portant ainsi à 5 millions le nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire (CFSI). En 2019, la France compte 3 millions d’enfants pauvres (Les Petits Débrouillards). 30% des agriculteurs ont un revenu inférieur à 350 euros par mois (Max Havelaar). Si cela est encore insuffisant, notons également que les très riches émettent 40 fois plus de carbone que les plus pauvres alors qu’en pourcentage de leurs revenus, ces derniers paient 4 fois plus de taxe carbone ! (Notre Affaire à Tous). ● La doxa traditionnelle nourrit les « inégalo-sceptiques » Nos organisations, fortes d’une expertise académique et de terrain, se saisissent de la grille de lecture des Objectifs de Développement Durable (ODD) pour révéler l’ampleur des inégalités en France et leur caractère multidimensionnel. Les chiffres que nous avons évoqués prouvent que les inégalités concernent, bien entendu, les revenus, mais également l’accès à l’alimentation, aux soins (incluant des écarts d’espérance de vie de 13 ans entre les plus pauvres et les plus aisés), le genre, le numérique et sa diffusion inégale qui prive certains individus de leur pouvoir d’agir, l’accès aux ressources (notamment énergétiques) ou à l’eau et à l’assainissement (650 000 français n’ont pas un accès physique permanent à de l’eau potable), l’accès à un travail décent et à un environnement sain et sûr. Souvent, ces inégalités se superposent et se renforcent entre elles, conduisant les plus vulnérables dans une spirale inégalitaire dont ils peinent à s’extraire en l’absence de politiques cohérentes et d’ampleur de lutte contre les inégalités. Le cumul de ces inégalités sociales et environnementales conduit à l’ultime inégalité : celle face à la mort. En effet, l’écart entre l’espérance de vie des hommes les plus pauvres et les plus aisés en France est de 13 ans (71,1 ans contre 84,4 ans). En ne s’attaquant aux inégalités que pour engranger des points de PIB, la puissance publique passe à côté de son objectif premier : le bien-être de ses citoyens. Cette vision, conjuguée à l’idée que la France est en pointe concernant la redistribution, nourrit l’idée que la France est sur la voie de la réduction des inégalités. Nos alertes multidimensionnelles se heurtent ainsi à un phénomène d’« inégalo-scepticisme ». ● La situation n’est pas insoluble mais passe par un changement de paradigme C’est pourquoi, afin de faire tomber les œillères qui aveuglent les « inégalo-sceptiques » et résorber les inégalités, l’engagement des acteurs de la société civile sur le terrain est essentiel. Ce rapport met en exergue l’importance de la cohésion sociale pour atténuer les multiples vulnérabilités socioéconomiques et environnementales, ainsi que les solutions que nos organisations doivent déployer et porter au quotidien, pour ne laisser personne de côté et enrayer les corrélations négatives des inégalités. Ecoute, dialogue, accompagnement de proximité sont nécessaires pour permettre à toutes et tous de prendre part à des approches en coresponsabilité. La lutte contre les inégalités est un combat devant être mené par tous les acteurs, à tous les niveaux. L’Association 4D a ainsi développé un flyer regroupant des actions individuelles permettant à chacun de prendre part à la réduction des inégalités ; celui-ci est mis à disposition chez les commerçants parisiens du réseau Le Carillon. Au niveau collectif, nous exhortons les acteurs publics et privés à s’engager pour définir des orientations politiques et stratégiques plus justes et ambitieuses en matière de fiscalité, d’investissements publics et privés, ou de lutte contre les pressions environnementales et les dérèglements climatiques. ● Une Europe pour le bien-être de tous sur une planète vivante Pour déployer les conditions d’un bien-être pour tous sur une planète vivante, tel que prôné par les ODD, on ne saurait se contenter de solutions partielles et cloisonnées. En collaboration avec la société civile, le gouvernement français finalise actuellement une feuille de route nationale pour la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable, qui sera présentée par Emmanuel Macron lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies en septembre 2019. Cette feuille de route, future stratégie de développement durable pour la France, devra proposer des réponses concrètes en matière de lutte contre les inégalités dans toutes leurs dimensions, comme ce rapport en témoigne. Coordonné par 4D et WECF France, ce document s’inscrit dans une initiative pan-européenne réunissant des rapports similaires de 25 ONG pour 15 pays de l’Union européenne, publiés en amont des élections européennes. Contacts presse Association 4D : Vaia Tuuhia, +33 (0)6 67 91 69 75 WECF France : Mathilde Poccard-Marion, +33 (0)4 50 83 48 16 Notre Affaire à Tous : Marie Pochon, +33 (0)6 52 26 19 41 Coordination SUD : Bénédicte Bimoko, +33 (0)1 44 72 03 78 SDSN France : Alexandre Pasche, +33 (0)6 85 46 55 29, ap@ecoandco.com Surfrider Foundation Europe : Jacques Beall, +33 (0)6 12 17 17 93 Coalition Eau : Edith Guiochon, +33 (0)1 70 91 92 37, edith.guiochon@coalition-eau.org ATD Quart Monde : Emilie Perraudin, +33 (0)6 28 61 69 05 Max Havelaar France : Valeria Rodriguez, +33 (0)6 07 37 74 81 Le rapport complet « Remède à l’inégalo-scepticisme »Télécharger Lire le résumé du rapportTélécharger
« Nous devons reconnaître le devoir de l’humanité de protéger la vie à long terme »
Discours de Valérie Cabanes, membre fondatrice et présidente d’honneur de Notre Affaire à Tous, sur les liens entre reconnaissance des droits de la nature, l’Affaire du Siècle et la reconnaissance des droits climatiques, prononcé à l’occasion du wébinaire de l’ELGA (Ecological Law and Governance Association) en avril 2019. Sénèque le Jeune aurait dit: »Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » Nous sommes tous conscients des effets du changement climatique et de ses conséquences effrayantes. Nous sommes maintenant capables d’identifier les raisons de ce changement, nous savons ce qu’il faut faire et comment limiter l’élévation des températures et les catastrophes naturelles. On nous dit comment changer notre comportement individuel et comment, collectivement, nous devrions nous attaquer au problème, mais nous croyons toujours que les moyens d’action collectifs sont uniquement entre les mains de nos représentants. Nous les regardons en tant que spectateurs, nous constatons qu’ils ne respectent pas leurs engagements, que leurs actions sont lentes et faibles. Mais alors…. devrions-nous attendre que le ciel nous tombe sur la tête? Face aux périls qui nous menacent, chacun de nous, comme le colibri, doit intervenir pour éteindre le grand feu. Mais il est également essentiel de nous connecter afin d’agir de manière universelle. C’est la « synchronicité » de nos actions qui amènera le changement. Plus nous agirons en synchronicité, plus nous aurons confiance dans nos capacités collectives, plus nous pourrons agir comme une grande vague. Nous ne pouvons pas simplement l’espérer, nous devons aussi l’incarner. Le philosophe Jiddu Krishnamurti l’explique différemment: «La révolution doit commencer avec vous et moi. Cette révolution, cette transformation individuelle, ne peut avoir lieu que lorsque nous comprenons la relation, ce qui est un processus de connaissance de soi ». Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de ressentir des émotions. Dans notre vie, ce sont en effet nos pensées et nos émotions qui alimentent nos actions, qui à leur tour produisent nos résultats. Nous devrions ouvrir notre cœur à l’empathie pour ceux qui souffrent déjà de sécheresses ou d’inondations et nous devrions aussi croire que nous pouvons réussir ensemble pour éviter le grand effondrement. Nous sommes comme un arbre: nos pensées et nos émotions correspondant aux racines. Nos actions correspondant au tronc. La densité de nos actions est proportionnelle au diamètre du tronc. Nos résultats correspondant aux fruits. La quantité de fruits symbolise celle des résultats. En France, nous avons décidé de devenir un grand arbre. Depuis les années 60, les gouvernements français successifs ont toujours différé les décisions courageuses nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Dans ce contexte, avant la COP21, j’ai co-fondé en août 2015 une ONG appelée Notre Affaire à Tous pour promouvoir la justice climatique, les droits de la nature et la reconnaissance de l’écocide actuel. Étant donné que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté depuis l’accord de Paris en 2015 en France, nous avons lancé le 18 décembre 2018 avec 3 autres ONG, la Fondation pour la nature et l’homme, Greenpeace France et Oxfam France, une campagne citoyenne intitulée « L’Affaire du Siècle » pour soutenir notre décision commune de poursuivre l’Etat français pour ne pas avoir fait assez pour le climat depuis des décennies et pour son incapacité à respecter ses engagements internationaux. En 3 jours seulement, la pétition en ligne a été signée par 1 million de personnes, atteignant plus de 2 millions de signatures un mois plus tard, ce qui en fait la pétition la plus signée de l’histoire française. Nous avons ensuite adressé au gouvernement une demande préliminaire démontrant que l’État était inactif face au changement climatique. Ouvrant une période de deux mois pendant laquelle l’État peut choisir de répondre ou non. Dans notre déclaration, nous avons évoqué les effets du changement climatique sur l’environnement, la santé humaine, le respect des droits fondamentaux et l’égalité sociale, tels que décrits par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son dernier rapport. Parmi les actions jugées nécessaires pour atteindre notre objectif, nous demandons au gouvernement de réduire l’empreinte carbone de la France, d’abandonner l’utilisation de l’énergie fossile et nucléaire, tout en passant aux énergies renouvelables, d’améliorer l’efficacité énergétique et de préparer un plan national d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques. Le 15 février, nous avons reçu une lettre officielle du ministère de la transition écologique et solidaire à l’attention des 2 millions de signataires de «L’affaire du siècle», dans laquelle nous lisions, et je cite: «Les moyens nécessaires pour répondre à cette urgence sont loin d’obtenir une adhésion évidente et systématique des citoyens ». De plus, cette lettre appellait à un changement de comportement individuel. Pour nous, cette rhétorique semblait être de mauvaise foi et irresponsable envers les générations futures. En fait, les citoyens sont bien conscients des menaces liées au changement climatique, en particulier les jeunes, qui savent qu’ils seront ceux qui subiront les conséquences du changement climatique dans quelques décennies. Je tiens à souligner qu’une vidéo à l’appui de «L’affaire du siècle» a été réalisée en collaboration avec deux collectifs de français YouTubers intitulés «On Est prêt» et «Il est encore temps» et elle a été visionnée plus de 14 millions de fois en ligne en un seul mois. Il est important de le mentionner car le public ciblé était principalement composé d’adolescents et de jeunes adultes. Aujourd’hui, cette même population, qui se sent de plus en plus concernée par ces questions, n’a pas non plus les moyens de faire entendre sa voix et d’influencer les décisions politiques. Devant l’inaction de leurs gouvernements, ils perdent même confiance en leurs représentants élus.Pour cette raison, «L’Affaire du Siècle» a été perçue comme un moyen très concret et efficace de demander une action immédiate du gouvernement. À la suite de cet appel, les jeunes se sont massivement joints à la Grève climatique mondiale pour le futur, inspirée par Greta Thunberg le 15 mars de cette année, qui a mobilisé plus de 1 million et 400 000 personnes dans le monde – la plus …
Lettre au Président de la République
Monsieur le Président de la République, Nous sommes une famille de lavandiculteurs dans la Drôme. Ces six dernières années, nous avons subi une perte de 44% de nos revenus à cause de l’intensification des excès climatiques dans le sud de la France. Le manque d’ambition climatique, à la fois des politiques françaises et européennes menace nos droits fondamentaux. Mais cela ne concerne pas seulement notre famille. Nous vous écrivons de la part de tous les citoyens européens qui subissent aujourd’hui, et depuis des années, les impacts du changement climatique. Avec 10 familles d’Europe et du monde, nous nous sommes unis pour que notre vulnérabilité cesse de nous accabler, et pour former ensemble, une communauté de citoyens qui se mobilisent pour leur avenir. Nous menons le combat pour que l’inaction climatique cesse, pour que nos droits et ceux des générations futures soient protégés. Nous sommes des agriculteurs, des bergers, des forestiers, des propriétaires d’hôtels ou de restaurants. Ce sont nos maisons, nos métiers, nos modes de vie, nos cultures, le futur de nos enfants qui sont menacés par le dérèglement climatique. Nous défendons nos droits humains fondamentaux à la vie, à la santé, au travail, au logement. Ensemble, nous ferons tout et utiliserons tous les moyens pour que l’Union Européenne protège nos droits. Avec la famille Carvalho, qui a perdu ses terres forestières dans l’incendie ravageur d’octobre 2017 au Portugal, avec Sanna, gardienne d’un troupeau de rennes en Suède et représentante de l’Association de jeunesse Saami, dont la culture même est menacée par le dérèglement climatique. Avec Petru, agriculteur roumain dans la chaîne montagneuse des Carpates, qui risque de perdre sa ferme familiale à cause de la perte des ressources en eau. En mai 2018, c’est ensemble que nous avons lancé une action en justice face aux institutions de l’Union Européenne. Ce que nous demandons est simple : le respect des engagements pris, pour la protection de nos droits. Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, aucun pays de l’Union Européenne n’a adopté de lois contraignant leur action aux engagements pris. L’objectif actuel de réduction de 40% des émissions comparé aux niveaux de 1990, d’ici 2030, ne permet pas de prévenir la catastrophe climatique qui se profile sous nos yeux. La trajectoire prise par l’UE nous mène tout droit vers une augmentation de la température mondiale de plus de 3,2°C. Et l’importance de notre demande est reconnue : depuis le lancement de notre action, le Parlement européen a voté deux résolutions pour que les objectifs d’ici 2030 passent de 40 à 55% de réduction des émissions et la Commission a reconnu que les ambitions actuelles ne permettront pas d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Ce que nous disons, c’est que les 1°C de hausse des températures que nous avons déjà atteint nous affecte déjà considérablement. Que ces droits, pourtant reconnus par toutes nos institutions comme fondamentaux, sont aujourd’hui en danger. Et qu’il est de votre devoir et de votre responsabilité, en tant que représentant de la France au Conseil Européen, que de les protéger, comme il l’est de respecter vos engagements. Le 9 mai, vous serez aux côtés de tous les chefs d’Etats et de gouvernements, en Roumanie, pour discuter de l’avenir de l’Europe, lors du sommet de Sibiu. Nous vous demandons, à vous et vos confrères européens, de mettre l’action climatique et les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre au centre des débats, afin de prévenir des effets les plus graves du changement climatique. Monsieur le président, parce que vous êtes considéré comme le « champion de la Terre » sur la scène internationale, nous voulons que vos mots se concrétisent en action. A l’heure où le grand débat prend fin et que vous exposez vos « solutions », la crise climatique est encore trop peu prise en considération, alors même que 62% des contributeurs se sentent touchés par le changement climatique et que des centaines de milliers d’entre eux, depuis des mois, se mobilisent en ligne et dans les rues, pour crier leur attente de changement. Nous n’avons plus le temps d’attendre, car le manque d’action est coupable et va inévitablement provoquer la 6e extinction de masse. Vous et vos confrères devez cesser de prendre des décisions qui vont à l’encontre des droits fondamentaux des citoyens français et européens, et favorisent les intérêts des plus riches, afin qu’ils puissent continuer à polluer en toute impunité. Le réveil climatique citoyen a émergé et s’est consolidé afin former un mouvement mondial pour la protection du vivant. Il est temps d’agir, ensemble. De meilleures politiques climatiques sont la seule et unique façon de protéger nos droits et garantir un futur viable pour toutes et tous. En tant que citoyens européens, nous pensons que notre futur dépend du futur de l’Europe. Avec nos salutations distinguées, Maurice and Renaud Feschet, lavandiculteurs, France Télécharger la lettre au Président (PDF) Télécharger la lettre en anglais
« Les limites de la Terre doivent être respectées et ses droits protégés »
Discours de Valérie Cabanes, Présidente d’Honneur de Notre Affaire à Tous, à la tribune de l’ONU, à l’occasion du Jour de la Terre le 22 avril 2019, New York. Voir la vidéo de l’intervention. Nous choisissons comme fondement de nos sociétés des valeurs et des modes de fonctionnement qui sont en contradiction avec le principe d’interdépendance propre à la vie. Nous créons des lois pour protéger « l’environnement » comme si l’écosystème terrestre nous était extérieur, indépendant, comme si la santé de notre planète ne conditionnait pas la nôtre. Notre ontologie occidentale opère une séparation entre Nature et culture, entre espaces sauvages et espaces humanisés. Comme l’explique l’anthropologue Philippe Descola, cette distinction est ignorée par d’autres peuples, souvent indigènes, qui considèrent que tous les êtres, humains, animaux ou inanimés, sont des sujets dotés d’intériorité et que tous les espaces naturels sont des lieux habités. Ils ne dissocient pas leurs ancêtres, leur existence et leur destin de tous les êtres vivants et des écosystèmes dans lesquels ils vivent. La pensée autochtone se rapproche plutôt des sciences de la nature dans la mesure où elle comprend la nature comme l’ensemble des systèmes et des éléments constitutifs du monde vivant, une réalité tangible dont l’humanité est l’une des composantes et dont la science peut étudier les lois. Environ cinq siècles avant notre ère, Lao Tzu avait déjà résumé cette façon de voir le monde: «Le tout est plus que la somme de ses parties». Dans chaque écosystème, chacun des composants du vivant, quelle que soit sa taille, est essentiel au fonctionnement de l’ensemble. Cette interaction et cette interdépendance entre les espèces naturelles permettent à tout système ainsi constitué de se réguler sans qu’il soit nécessaire d’apporter des éléments extérieurs. Mais aucun système n’est pour autant pleinement autonome. Il reste dépendant du fonctionnement des autres systèmes auxquels il appartient. En d’autres termes, en regardant à travers ce prisme, une perspective et une compréhension différentes de notre monde nous sont exposées. En effet, l’écosystème terrestre se révèle fondé sur un ensemble complexe d’échanges soumis à des règles d’équilibre extrêmement délicates et fragiles. Nous ne pouvons pas regarder et aborder le changement climatique sans prendre en compte le fonctionnement des autres systèmes écologiques. Notre écosystème mondial est menacé par les rejets excessifs de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais aussi par la pollution massive, la déforestation, la dégradation des sols, la surexploitation de l’eau douce, l’acidification de l’océan. Lorsque la biosphère est endommagée, son érosion a un impact sur le climat. Dans ce cas, la végétation et les sols n’assument plus leur rôle crucial de régulateur climatique, en plus du stockage et du recyclage du carbone. La déforestation entraîne la disparition permanente des nuages et de la pluie. La perte de plancton marin bloque la pompe à carbone qu’est l’océan. Nous sommes maintenant engagé-es dans une sixième extinction de masse mettant en péril la vie des générations à venir. Comment en sommes-nous arrivés là? Notre rêve dmillénaire de nous affranchir des contraintes «naturelles» et de graviter comme hors-sol dans un système conceptuel qui ne se préoccupe que de nous-mêmes nous mène à notre perte. La plupart des êtres humains semblent vivre déconnectés de la matrice, incapables de vivre en harmonie avec les quelques espaces naturels qui les entourent, car le seul regard qu’ils portent sur eux est rempli d’avidité. Dans le système juridique en vigueur dans presque tous les pays, la Nature est considérée comme une propriété. Quelque chose qui est considéré comme une propriété donne au propriétaire le droit de l’endommager ou de le détruire. Les personnes et les entreprises qui « possèdent » des écosystèmes naturels sont largement autorisées à les utiliser à leur guise, même si cela signifie la destruction de la santé et du bien-être de la Nature. En outre, depuis la montée en puissance de compagnies multinationales dans les années 70, le droit des sociétés et les règles du commerce mondial ont eu tendance à prévaloir de plus en plus sur les droits de l’homme et ne respectent pas les écosystèmes. Nos activités industrielles manquent d’un cadre juridique nécessaire et solide, celui que notre planète offre pour garantir notre sécurité. L’âge d’or du matérialisme a manifestement atteint ses limites, celles que la Terre nous impose de respecter afin de laisser la vie perdurer. Une équipe internationale de 26 chercheurs, dirigée par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre et Will Steffen de l’Australian National University, a identifié en 2009 neuf processus et systèmes régulant la stabilité et la résilience du système terrestre – les interactions de la terre, de l’océan, de l’atmosphère et de la vie qui, ensemble, fournissent les conditions d’existence sur lesquelles reposent nos sociétés. Des valeurs seuils ont été définies pour chacun de ces processus ou systèmes. Ces limites ne doivent pas être dépassées si l’humanité aspire à se développer dans un écosystème sûr, c’est-à-dire en évitant les changements brusques et difficiles à prévoir de l’environnement mondial. Selon les scientifiques, le changement climatique et l’intégrité de la biosphère sont des « limites fondamentales » et interagissent les unes avec les autres. Leur franchissement mène à un « point de basculement » caractérisé par un processus d’extinction irréversible des espèces et des conséquences catastrophiques pour l’humanité. À présent, les équipes de Steffen et de Rockström mettent davantage en garde sur le fait que depuis 2015, d’autres limites, en plus du changement climatique et de la perte de biodiversité, sont dépassées ou sur le point de l’être. Il s’agit de la modification d’usage des sols, des flux de cycles biogéochimiques (azote et phosphore) et d’autres limites, telles que l’utilisation de l’eau douce, l’acidification des océans, l’appauvrissement de la couche d’ozone, les aérosols atmosphériques, la pollution chimique (introduisant largement de nouvelles entités dans la biosphère). Elles aussi sont liées; ce qui signifie que la transgression de l’une d’entre elles peut augmenter les chances de se rapprocher d’autres limites. Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations Unies, a évoqué lors de l’Assemblée générale de 2011 les limites planétaires comme outil de mesure scientifique. S’adressant aux dirigeants du monde, il …
