Entre 2018 et 2019, Notre Affaire à Tous a travaillé avec un collectif de journalistes pour le climat, le JIEC – Journalistes d’Investigation sur l’Écologie et le Climat. Issu-es de cinq médias (Politis, Bastamag, La Revue Projet, Mediapart, Reporterre), ils et elles se sont rassemblé-es autour d’un objectif commun : dresser les portraits des témoins du changement climatique, à travers la France.
Pourquoi ? Sensibiliser le grand public au défi majeur de notre siècle : le combat pour la justice climatique et sociale. Ce combat pour un monde plus juste, protecteur de nos droits fondamentaux et respectueux du vivant ! Cette collaboration s’inscrit dans l’histoire de Notre affaire à tous, qui, depuis 2015, s’engage à accompagner les victimes du changement climatique et faire reconnaître l’obligation des pouvoirs publics de les protéger.
Nous ne sommes tou-tes pas également responsables face au changement climatique, et celui-ci ne nous affectent pas tou-tes de la même manière, suivant notre genre, notre origine, notre classe sociale, notre territoire… Cette réalité est aujourd’hui trop peu connue, trop peu dite.
JIEC – Quatre publications communes
Le 27 novembre 2018, le JIEC a publié conjointement une première série de portraits, qui a permis de mettre des visages sur des témoins de différents territoires, de la région parisienne à La Réunion, en passant par les vignobles du Sud Ouest, et le littoral Atlantique.
Nous avons poursuivi cette collaboration sans précédent, afin de faire entendre la voix de celles et ceux qui sont encore aujourd’hui inaudibles. Pour mettre des mots sur cette réalité, ce 18 avril, de nouveaux portraits voient le jour. Les journalistes ont étudié l’impact du changement climatique sur la santé, à travers l’explosion du nombre d’allergies (Reporterre) et de la réalité du stress post-traumatique causé par des catastrophes naturelles, de l’Aude à Saint-Martin (Politis). Ils sont allés à la rencontre de viciticulteur-rices (Bastamag) et d’éleveurs laitiers (Revue Projet), qui doivent sans cesse s’adapter à leurs milieux. Enfin, la jeunesse est mise en avant, car, inquiète de son avenir sur Terre, elle se mobilise, et ne laisse pas les destructeurs du climat lui voler son futur (Mediapart).
Le 4 juillet, le travail commun du JIEC s’est poursuivi, et a permis la publication commune d’une troisième série d’articles ! Les journalistes sont allé-es à la rencontre des scientifiques qui s’engagent pour le climat, et qui ont longtemps été trop peu entendu-es ! De différentes études dans diverses régions, et études sur le caractère liberticide de la transition écologique, à l’importance de concilier justice sociale, transition écologique et enjeux économiques, en passant par différentes initiatives de formations développées pour sensibiliser les étudiants à l’urgence de la situation. Ils et elles ont aussi investigué sur la prise de conscience des scientifiques sur leurs pratiques pour faire évoluer leurs métiers en cohérence avec un engagement écologiste. Enfin, les journalistes ont montré comment l‘anxiété d’étudiant-es peut mener à une recherche de créativité pour s’engager dans la lutte pour la justice climatique. Serait-ce la fin du désert ?
Depuis novembre 2018, la réalité de l’urgence climatique a gagné du terrain : plus de deux millions de citoyennes et citoyens ont apporté leur soutien à l’Affaire du Siècle. Les foules ont aussi pris d’assaut les rues de France pour dire ensemble : stop à la destruction du climat ! La convergence des mouvements et des générations s’est formée pour dire que nous n’avons pas le temps d’attendre et que la perpétuation des inégalités climatiques est une atteinte aux droits humains.
Des appels à témoignages
A travers le monde, le réchauffement climatique affecte les modes de vie et dérègle les écosystèmes. En seulement quelques décennies, les activités humaines en arrivent à poser une menace sur la survie de l’humanité, tandis que la menace sur les droits fondamentaux est d’ores et déjà bien réelle et palpable. Mais il est encore temps d’agir !
Depuis 2015, Notre Affaire à Tous s’engage pour la protection des droits humains et du vivant. Nous accompagnons les premier-es touché-es par ce phénomène mondial destructeur, souvent les personnes les plus vulnérables, pour que les pouvoirs publics respectent l’obligation de les protéger.
En France, comme dans le monde, les plus pauvres sont les premier-es touché-es, tout en étant les moins responsables de la dégradation de l’environnement. Le rapport intermédiaire du GIEC d’octobre 2018, établit que la simple différence de température entre 1,5°C à 2°C augmenterait encore plus les risques liés à la santé, la sécurité alimentaire, l’alimentation en eau… Le réchauffement climatique est également l’une des causes majeures de la disparition de 80% des insectes en Europe et de 60% des espèces animales vivant sur Terre.
Maurice Feschet, lavandiculteur Drômois, fut l’un des premiers, en France, à s’engager dans la bataille pour la protection de ses droits face à l’inaction climatique. En mai 2018, aux côtés de 10 autres familles, il portait plainte contre l’Union Européenne pour faillite à la protection des droits fondamentaux et manque d’ambition en matière climatique.
Persuadé-es de l’intérêt de poser la question des impacts du changement climatique, nous avons lancé deux appels à témoignages pour celles et ceux, qui, comme Maurice, voyaient déjà les impacts du dérèglement climatique sur leurs vies et leurs droits, en France. L’objectif était de documenter les impacts divers que subissent les personnes et les territoires, afin de les rendre visibles, et de leur donner, enfin, une voix dans le débat climatique. Car cette lutte est celle d’un monde plus juste.
Nous souhaitons accompagner agriculteur-trices, apiculteur-trices, pêcheur-ses, aquaculteur-trices, viticulteur-trices qui voient la poursuite de leurs activités mise en danger, habitant-es des littoraux qui voient leur habitat se dégrader, non-humains que le réchauffement climatique impacte parfois mortellement, générations futures qui subiront des conséquences encore aggravées… Des catastrophes naturelles à la destruction lente mais continue de notre environnement du fait du réchauffement climatique : ensemble, nous sommes une force immense – et agir ensemble pour la justice climatique est notre raison d’être. Le climat est l’affaire de toutes et tous.
Les à notre appel nous ont permis de commencer un travail d’enquête, de documentation, et d’établissement d’une base de données interdisciplinaire et intersectionnelle sur le sujet des inégalités climatiques. Ce travail s’est concrétisé dans le rapport « Un climat d’inégalités : les impacts inégaux du dérèglement climatique en France », publié en décembre 2020.
Nous voulons faire de ce sujet l’enjeu principal guidant tous les autres, pour illustrer cette réalité encore occultée, bien que grandissante, des impacts du changement climatique. La génération climat se lève, nous l’accompagnons !
Pour Notre Affaire à Tous, c’est ensemble, grâce à l’action collective, que nous parviendrons à faire advenir la justice climatique et environnementale. Nous remercions le JIEC pour ce travail précieux et cette collaboration rare entre association et médias.