Communiqué de presse, Paris, le 26 novembre 2025 – Quelques jours après une COP30 jugée
d’« occasion manquée » sur de nombreux enjeux – dont l’adaptation – des sinistré·es climatiques ont pris la parole cet après-midi à l’Assemblée nationale lors d’un colloque transpartisan co-organisé par l’Affaire du Siècle et le député Nicolas Bonnet (EELV). Leurs témoignages rappellent qu’en France aussi, l’adaptation reste largement en retard, alors même que les impacts du changement climatique s’intensifient déjà sur les territoires.
À l’Assemblée nationale, les premier·es concerné·es prennent la parole
Pour la première fois, des citoyen.nes directement touché·es – canicules, logements « bouilloires thermiques », retrait-gonflement des argiles et absence d’accès à l’eau – ont exposé leurs situations et appelé l’État à combler le retard considérable du pays en matière d’adaptation.
Deux tables rondes ont permis d’aborder :
- les inégalités sociales et territoriales face aux impacts climatiques ;
- le financement de l’adaptation, alors que les moyens prévus par l’Etat sont largement inférieurs aux besoins identifiés, et que le Fonds vert – passé de 2,5 milliards en 2024 à 650 millions prévus pour 2026 – continue d’être réduit.
“L’adaptation est politique car elle soulève trois enjeux. Un enjeu d’action collective pour adapter nos modes de vie. Un enjeu de solidarité pour lutter contre les inégalités climatiques. Un enjeu de sincérité pour faire face aux choix d’adaptation.”
Nicolas Bonnet, député EELV, co-organisateur du colloque.
Des inégalités climatiques de plus en plus criantes
En France, 62 % de la population vit aujourd’hui dans des zones fortement exposées aux risques climatiques. Les populations les plus précaires, déjà fragilisées socialement, sont aussi les plus touchées au cœur de leur logement, sur leur santé, à leur travail, dans leur mobilité.
Les participant.e.s ont rappelé que l’adaptation ne peut être efficace que si elle est juste socialement et territorialement.
« À Mayotte, pour que nos enfants puissent simplement aller à l’école, nous devons apporter nous-mêmes des bouteilles d’eau. Imaginez des parents parisiens transportant 6 litres d’eau dans le métro chaque matin : l’État aurait réagi immédiatement. »
Racha Mousdikoudine, co-requérante, et présidente du collectif Mayotte à Soif
Adaptation : entre alertes internationales et retard français
Cinq jours après la clôture de la COP30, le constat est sévère : malgré quelques avancées (création d’un mécanisme mondial pour une transition juste, initiative contre la désinformation climatique et plan d’action sur le genre) le sommet laisse une impression d’occasion manquée de protéger les communautés qui vivent au quotidien les événements climatiques extrêmes .
Sur le financement de l’adaptation, l’accord est largement en dessous des enjeux : l’objectif de triplement des fonds annoncé n’a pas de base de calcul claire, risque d’inclure des prêts, et reste très loin des besoins estimés par l’ONU.
Dans ce contexte international défaillant, la France est loin d’être une bonne élève. Sur la question de l’adaptation, elle ne dispose toujours pas d’une stratégie à la hauteur. Le PNACC-3, présenté en mars, souffre d’insuffisances structurelles : pas de financements dédiés (sur 310 actions proposées, seules 48 font l’objet d’un chiffrage ou d’une évaluation budgétaire), pas de mesures contraignantes, pas de cadre de suivi solide, une prise en compte insuffisante des inégalités sociales et territoriales.
Et à cela s’ajoutent des choix budgétaires qui interrogent : nouvelles coupes dans le Fonds vert, absence de soutien adapté aux territoires dits ultra-marins déjà frappés de plein fouet, et collectivités locales laissées sans moyens suffisants.
Dans un contexte instable, ces arbitrages confirment que l’adaptation reste reléguée en marge des priorités politiques, alors même que les impacts climatiques s’intensifient sur tout le territoire.
