
Il y a un an, le samedi 14 décembre, le cyclone tropical Chido ravageait l’archipel français de Mayotte, avec des rafales dépassant les 200 km/h. Les dégâts considérables qu’il a causés ont placé les Mahorais·es et le reste de la France sous le choc. Habitations détruites, écosystèmes dévastés, infrastructures vitales – comme le réseau d’eau potable, les écoles ou les hôpitaux – fortement endommagées, mais aussi centaines de blessés et dizaines de morts… Au lendemain du passage du cyclone, qui engendrera d’autres dommages au Mozambique, au Malawi, ou à l’Ile Maurice, les informations s’accumulent sans qu’un bilan clair et consensuel n’émerge, et les critiques s’enflamment autour de l’insuffisance des aides d’urgence et de l’impréparation qui a évidemment aggravé la vulnérabilité de l’archipel.
En effet, malgré la vulnérabilité climatique de Mayotte largement connue, il apparaît que la prévention et la mise à l’abri de la population ont été négligées, dans ce département qui est pourtant le plus jeune et le plus pauvre de France. L’inadaptation totale de l’archipel face à la montée des menaces liées au changement climatique, dont le cyclone Chido n’est qu’un exemple, comme face à la fourniture de base de services essentiels comme l’eau, ont été tristement révélées par les conséquences du cyclone.
Comme souvent, les conséquences de la crise environnementale touchent plus durement les personnes les plus vulnérables. Dans les faits, un an après Chido, quel bilan tirer des conséquences de cet événement climatique extrême ? Ce numéro d’IMPACTS se propose de synthétiser les publications documentant les dommages directs du cyclone et les problématiques structurelles qu’il a révélé et aggravé. Il s’intéressera également aux politiques publiques déployées ces douze derniers mois et à leurs insuffisances, ainsi qu’aux recommandations mises en avant par différents acteurs pour qu’un nouveau Chido n’ait plus jamais les mêmes conséquences. Ce numéro s’est notamment basé sur une analyse de textes réglementaires, de rapports produits par la société civile ou des institutions, d’articles de presse, ainsi que sur un entretien réalisé le 30 mai 2025 avec l’association Mayotte Nature Environnement, spécialisée dans la protection de l’environnement.
Sommaire
- I- Chido : urgence aggravée et fabrication des vulnérabilités
Les impacts directs de Chido : une catastrophe globale et durable
1. Impact psychologique au long court : le stress post-traumatique suite au cyclone
2. Impacts sociaux : emploi, école… Des difficultés encore présentes un an après
3. Des secteurs essentiels en difficulté : le cas de l’agriculture
4. Les impacts sur la biodiversitéDe profondes problématiques structurelles à nouveau illustrées à l’occasion de Chido
1. La question du logement
2. L’accès à l’eau potable
3. Des infrastructures électriques inadaptées
4. Des services publics sous-dimensionnés et déjà exsangues
- II- Tirer les leçons de Chido : qui, comment, pourquoi ?
Les différentes mesures adoptées pour reconstruire Mayotte
1. Des mesures gouvernementales insuffisantes en pratique
2. Actions de la société civile : une mobilisation pour pallier les manquements des autoritésVers un « Plus jamais Chido »
1. Environnement
2. Logement adapté
3. Accès à l’eau
4. Accès aux droits sociaux : éducation, santé…. 5. Combattre une problématique transversale : la lutte contre l’immigration plutôt que la garantie d’accès de toutes et tous aux droits fondamentaux 6. Le nécessité d’une reconstruction adaptée et inclusive
Bonus : Entretien avec Valérie Deldrève
À Mayotte comme ailleurs, les populations les plus exposées aux risques climatiques font également face à des inégalités sociales qui aggravent leur vulnérabilité.
Dans un entretien réalisé par Notre Affaire à Tous, Valérie Deldrève, membre du Conseil d’Administration de l’association, directrice de recherche en sociologie à ETTIS-INRAE et co-organisatrice du réseau EJJE (Environmental Justice – Justice Environnementale), explique l’importance de penser ensemble la justice environnementale et la justice sociale.
