Alors qu’il ne reste que dix jours au gouvernement pour répondre de son inaction sur le climat et que le Ministère de la Transition écologique et solidaire lance sur Facebook une invitation au débat aux signataires de l’Affaire du siècle, nos quatre organisations adressent cet après-midi une lettre au Premier Ministre, que vous trouverez ci-joint. Cette lettre vise à rappeler au Premier Ministre que c’est bien à l’ensemble du gouvernement qu’est adressé le recours pour carences fautives de l’Etat et donc à l’ensemble du gouvernement d’y apporter une réponse. Il n’est de ce fait pas possible de considérer que l’invitation lancée aux signataires constitue une réponse à cette démarche.

Le climat n’est pas une petite affaire. C’est l’Affaire du Siècle, soutenue par deux millions de personnes. Notre capacité collective à réduire drastiquement et immédiatement nos émissions de gaz à effet de serre, en transformant en profondeur notre système économique et social, est absolument déterminante. Il en va des conditions de la vie sur Terre et, très concrètement, de la protection de nos droits les plus essentiels : se nourrir, se loger, avoir des enfants, vivre en paix, en bonne santé, et de manière digne.

Voilà pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, lorsque nos quatre organisations – Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France, Oxfam France – au nom de l’intérêt général, vous ont adressé, ainsi qu’à douze membres de votre gouvernement, un courrier reprochant à l’Etat son inaction sur le climat, nous attendions une réponse forte.

Voilà pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, lorsque nous avons pointé dans cette demande plusieurs carences fautives avérées de l’Etat français en matière climatique (hausse des émissions de gaz à effet de serre, manquements en matière de rénovation des logements, retards de développement des énergies renouvelables, faiblesse de l’investissement public), nous attendions un sursaut qui soit à la hauteur de ces enjeux colossaux. Nous attendions du gouvernement qu’il annonce de nouvelles mesures – justes, ambitieuses et efficaces pour répondre à ces carences, et protéger nos droits.

Voilà pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, alors que plus de deux millions de personnes ont, en quelques semaines, apporté leur soutien à ce recours en justice, il ne serait pas acceptable d’ignorer leurs attentes. C’est un nombre inédit pour une mobilisation en ligne.

S’il est vrai que M. le Ministre François de Rugy nous a invités à échanger, l’enjeu climatique dépasse largement le périmètre de son ministère et concerne le gouvernement français dans son ensemble. Or, à ce jour, aucune réponse ne nous a été adressée par vos services.

De même, le débat avec des citoyens signataires de l’Affaire du siècle, tel que proposé par le Ministère de la Transition écologique et solidaire ce matin sur Facebook, ne constitue en aucune manière une réponse à ces carences.

Monsieur le Premier Ministre, si une rencontre devait avoir lieu entre nos 4 organisations et le gouvernement pour lui présenter le recours soutenu par deux millions de personnes, les carences qui y sont pointées, et les politiques publiques qui permettront d’y remédier, elle doit avoir lieu avec vous, en tant que chef du gouvernement.

Parce que le temps presse, il ne s’agit pas de négocier des aménagements dans les politiques publiques existantes mais bien d’engager une révolution climatique immédiate. Nos 4 organisations restent déterminées à déposer leur recours en justice devant le tribunal administratif de Paris au printemps.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre haute considération.

Signataires : Les 4 ONG co-requérantes de l’Affaire du Siècle