Exercising my ‘reasoned judgment,’ I have no doubt that the right to a climate system capable of sustaining human life is fundamental to a free and ordered society.” – U.S. District Judge Ann Aiken

En ce jour, la phase d’audience des parties dans l’affaire qui oppose Juliana aux Etats-Unis, aura lieu devant la Cour d’appel du Neuvième Circuit des Etats-Unis (U.S. Ninth Circuit Court of Appeals) à Portland dans l’Oregon.

Afin de recontextualiser cette nouvelle étape de la procédure, il est important de rappeler les débuts de l’affaire : C’est en août 2015 que tout a commencé. Un groupe de 21 jeunes, alors âgé-es de 19 ans et moins, leur voix portée particulièrement par la jeune femme Kelsey Cascadia Rose Juliana, décida de poursuivre le gouvernement des Etats-Unis en justice par le dépôt d’une plainte constitutionnelle déposée devant la Cour du District de l’Oregon, aux côtés des associations « Our Children’s Trust » et « Earth Guardians« .

La Cour américaine entrouvre la porte à la justice climatique

Le principal argument des plaignants consiste à soulever que les actions du gouvernement, qui contribuent de fait au changement climatique, ont un sérieux impact, violant alors leurs droits fondamentaux et constitutionnels à la vie, à la liberté et à la propriété. Au sein de cette affaire, les juges Thomas Coffin et Ann Aiken ont joué un rôle majeur, notamment en rejetant les motions de rejet (requêtes faites par le gouvernement à la Cour visant à rejeter le recours), invoquées par le gouvernement et les industriels fossiles.

Le 30 juillet 2018, la Cour suprême des Etats-Unis (U.S. Supreme Court), la juridiction la plus élevée du pays, juge unanimement en faveur du groupe de jeunes plaignant-es.

En plus des dégradations et crimes contre l’environnement commis et autorisés par l’administration Trump, par l’autorisation de projets climaticides et le retrait de l’Accord de Paris, le gouvernement conservateur a activé tous les leviers pour retarder le moment où il devra faire face aux tribunaux pour l’atteinte aux droits constitutionnels des plaignant-es que constitue la politique – ou la non-politique – climatique américaine.

Face au blocage politique, les jeunes plaignant-es, derrière Juliana, ont marqué leur détermination en février 2019, en demandant à la Cour d’ordonner au gouvernement de ne pas délivrer de permis ni de contrats miniers pour l’extraction de fer, d’hydrocarbures offshore etc. Une manière de rappeler que la décision de la Cour est un levier capable de stopper, de prévenir, le cas échéant de sanctionner, le gouvernement de telles actions climaticides.

Nous sommes là.

Alors que les jeunes plaignant-es feront face ce jour à la Cour d’appel du Neuvième Circuit des Etats-Unis, le soutien que nous pouvons leur apporter est essentiel. L’histoire qu’est en train d’écrire l’administration américaine en niant la possibilité pour ces jeunes d’avoir accès à la justice et à un avenir n’est pas celle que nous souhaitons raconter aux générations à venir. Ce n’est pas l’histoire que nous laisserons s’écrire sous nos yeux.

Nous sommes là.

Et nous ne sommes pas là pour faire du plaidoyer auprès de gouvernements qui marcheront d’un pas en avant pour reculer de deux le lendemain.

Nous ne sommes pas là pour bloquer, encore une fois, un projet climaticide alors même que trois autres sont en construction ailleurs.

Nous ne sommes pas là pour contester une loi mettant en danger l’environnement alors même que c’est tout un système qui est à déconstruire.

Dans le monde entier, nous sommes là, et nous levons pour exiger des normes juridiques contraignantes en matière climatique et environnementale, qui fera advenir la justice pour toutes et tous. Aujourd’hui, nous exprimons notre soutien et solidarité pour tou-tes celles et ceux qui, en France et ailleurs dans le monde, défendent la possibilité d’un monde différent devant les Cours de justice en notre nom à tou-tes.

Aujourd’hui, ces jeunes vont faire face aux juges de la Cour d’appel de Portland. Mais ils et elles ne seront pas seul-es. Ils seront aux côtés des 881 plaignant-es qui ont contraint le gouvernement Néerlandais à réhausser ses objectifs climatiques en 2015; aux côtés des 10 familles qui ont porté plainte face aux institutions Européennes en mai 2018 pour manquement à la protection de leurs droits humains fondamentaux face aux dégradations environnementales et climatiques; aux côtés de l’agriculteur péruvien qui fait face à l’entreprise allemande RWE, aux côtés des deux millions de signataires de l’Affaire du Siècle qui soutiennent l’action en responsabilité face à l’Etat Français, garant de l’Accord de Paris; aux côtés des millions de jeunes mobilisé-es pour leur droit à un avenir dans les rues et écoles du monde entier, aux côtés de Ridhima, Dinesh, Anne, Raphaël… qui se sont levés courageusement pour leurs droits à la dignité et à un environnement sain.

Le seul temps qu’il nous reste est le temps de l’action immédiate. Aux côtés de Juliana et des 21 jeunes plaignant-es de #YouthVsGov, nous sommes déterminé-es à affronter nos gouvernements et dirigeant-es devant les tribunaux, si ceux-ci continuent à dépasser les lignes rouges garantissant la protection de nos droits et ceux de la nature face au changement climatique.

Et nous ne sommes pas là pour pleurer quelques larmes de témoignage dans une opération de communication devant les juges. Nous sommes là pour gagner.