Le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre de la France. En 2019, il représente 31 % des émissions françaises de GES, et ces émissions sont en augmentation depuis les années 90 (+9 %). Ce sont les voitures des particuliers qui sont les principaux émetteurs, devant les poids lourds, les avions ou les bateaux D’après Géoconfluences, la mobilité désigne “un changement de lieu accompli par une personne (…) et rassemble à la fois un ensemble de valeurs sociales; une série de conditions géographiques; un dispositif technologique et son arsenal de techniques et d’acteurs (…). Chaque acteur dispose, du fait de ses compétences et de son insertion spatiale, d’un capital de mobilité (…). La circulation des personnes est à la source de processus d’échange et de diffusion (valeurs, idées, technologies, etc.), moteurs essentiels du développement de l’humanité.” Ce concept éminemment politique est devenu, au fil de l’histoire, un droit pour les citoyens : l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme dispose que toute personne a le droit de circuler librement ; la loi d’orientation des transports intérieurs (LOTI) de 1982 affirme un droit au transport devant permettre de se déplacer “dans des conditions raisonnables d’accès, de qualité et de prix ainsi que de coût pour la collectivité”; enfin, la loi d’orientation des mobilités de 2019 se fixe pour objectif la mise en place de transports du quotidien à la fois plus faciles, moins coûteux et plus propres. En effet, si la mobilité doit être repensée pour répondre à l’urgence climatique, elle doit aussi prendre en compte l’urgence sociale. D’une part, sur le volet financier : en 2021, 13,3 millions de personnes sont en situation de précarité mobilité en France. La crise des gilets jaunes avait fait émerger cette problématique dans l’espace public, la crise de l’énergie depuis la guerre en Ukraine la remet à l’ordre du jour. D’autre part, sur le volet sanitaire : rappelons que la pollution atmosphérique est associée à 7 millions de décès prématurés dans le monde par an, en particulier dans les zones les plus précaires. S’intéresser à la mobilité, c’est donc à la fois constater son caractère polluant et inégalitaire et s’interroger sur son avenir.

Sommaire

La mobilité aujourd’hui : accélératrice de précarité et polluante 

Focus : le concept de “précarité mobilité”. Entretien avec Pierre Marion, assistant parlementaire de la députée européenne Leïla Chaibi (LFI), juin 2022.

– Les politiques publiques de la mobilité : un investissement technologique au détriment des enjeux sociaux et écologiques

La mobilité aujourd’hui : accélératrice de précarité et polluante

­­La révolution industrielle a bouleversé la mobilité en Europe : à partir des années 1820, le chemin de fer et les transports urbains changent notre rapport au temps et à l’espace. Le réseau ferroviaire s’étend sur le continent pour permettre d’abord un échange accru des marchandises, puis le voyage. Aujourd’hui, la mobilité en France est centrée autour de la voiture, ce qui a des conséquences multiples et désastreuses .­

Focus : le concept de “précarité mobilité”

­­Le Fonds social pour le climat a été proposé par la Commission européenne en juillet 2021. L’objectif était de permettre aux ménages vulnérables de faire face à l’augmentation du prix de l’énergie provoqué par l’extension du marché carbone aux transports routiers et aux bâtiments (notamment en versant des aides). En avril 2021, Leïla Chaibi propose d’inscrire dans la législation européenne le concept de “précarité mobilité” en lui donnant la définition suivante :
“Une personne est considérée comme étant en situation de précarité mobilité quand : elle a des difficultés à se déplacer pour subvenir à ses besoins essentiels et/ou que les déplacements grèvent une bonne partie de son budget.” Entretien réalisé avec Pierre Marion, assistant parlementaire de la députée européenne Leïla Chaibi (LFI), juin 2022.­

Les politiques publiques de la mobilité : un investissement technologique au détriment des enjeux sociaux et écologiques

Les politiques publiques, loin de faire de l’enjeu social et écologique une priorité, creusent les inégalités en octroyant des alternatives aux CSP+. Citons entre autres : la politique ferroviaire axée sur les lignes à grande vitesse alors que le réseau intermédiaire et les petites lignes se réduisent; ou l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves d’ici à 2035, sauf pour les voitures de luxe. Dans le même temps, la réduction à la pompe ne fait que renforcer la dépendance aux énergies fossiles. Au lieu de proposer des modes de déplacement coûteux et polluants, les politiques publiques pourraient repenser le rapport à la mobilité.

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