Catégorie : Inégalités climatiques

  • 28 juillet 2020 – Changement climatique et ressource en eau

    Ce 28 juillet 2020 marque les 10 ans de la reconnaissance du droit à l’eau par les Nations Unies. Ce droit “consiste en un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques de chacun”. Mais face au changement climatique et aux multiples dégradations de l’environnement, à quels défis fait face ce droit fondamental et qui sont les premiers touchés ?

    Augmentation ou diminution des précipitations, hausse du niveau de la mer, modification de la qualité de l’eau… En France, les impacts du changement climatique sur les ressources en eau ont déjà des conséquences : changement des milieux aquatiques et de leur biodiversité, baisse de disponibilité d’une eau de qualité, plus forte concurrence entre secteurs. En France métropolitaine, 2,1% de la population ne bénéficie pas d’un accès à une eau potable gérée en toute sécurité. Et les inégalités sont frappantes entre le territoire métropolitain et les outre-mer.

    A Mayotte par exemple, environ 41 000 personnes n’ont pas accès à des services d’eau potable gérés en toute sécurité. Cette revue de presse revient sur les problématiques liées à la ressource en eau face au changement climatique. Pour combattre les inégalités sociales climatiques et environnementales, il nous faut les connaître. C’est le sens de cette revue de presse élaborée par les bénévoles de Notre Affaire à Tous, qui revient chaque mois sur les #IMPACTS différenciés du changement climatique, sur nos vies, nos droits et ceux de la nature. Pour en savoir plus sur les 10 ans de la reconnaissance du droit à l’eau, nous vous invitons à visiter le site de la campagne “L’eau est un droit” portée par plus de 30 associations.

    Le droit à l’eau c’est quoi ?

    Selon le rapport des Nations Unies sur l’eau et les changements climatiques, au cours des 100 dernières années, l’utilisation de l’eau dans le monde a été multipliée par six et continue d’augmenter de 1% par an. Le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit de essentiel à la jouissance de la vie et à l’exercice des droits humains. Dans un rapport publié le 22 mars 2020, l’ONU signale que “les changements climatiques affecteront la disponibilité, la qualité et la quantité d’eau nécessaires aux besoins humains élémentaires, portant ainsi atteinte à la jouissance des droits fondamentaux à l’eau potable et à l’assainissement de milliards de personnes” et les auteurs du rapport appellent à un engagement plus concret des États pour relever ce défi. De nombreuses régions du monde connaissent déjà des situations de stress hydrique qui sont aggravées par les dérèglements climatiques. Les évènements climatiques extrêmes, les pollutions et la dégradation de écosystèmes ont des conséquences graves sur la disponibilité, la qualité et la quantité d’eau nécessaire pour répondre aux besoins de base des humains.

    Le changement climatique a un impact direct sur le cycle de l’eau et les conséquences du dérèglement climatique sur l’accès à l’eau, les services d’eau et d’assainissement seront importants y compris en France→ DECRYPTAGE : Les chiffres de l’accès à l’eau et à l’assainissement en FranceA l’été 2003, la vague de chaleur prolongée a forcé l’entreprise EDF à réduire sa production d’énergie nucléaire, équivalant à la perte de 4 à 5 réacteurs et coûtant près de 300 millions d’euros en importation d’électricité.

    Quantité d’eau disponible, sécheresse et difficultés d’approvisionnement

    La pénurie d’eau menace 1/4 des êtres humains dans le monde et la population française ne fait pas exception. 37 milliards de mètres cube d’eau sont prélevés chaque année en France, alors que cette année encore la sécheresse menace plus de la moitié de la France métropolitaine. En effet, les sécheresses, de plus en plus fréquentes, ont un impact direct sur la quantité d’eau disponible et donc sur l’accès à l’eau potable des habitant-es. Contrairement aux idées reçues, le fait d’être un pays riche ou d’avoir une pluviométrie relativement importante en hiver n’est pas suffisant pour assurer un accès à l’eau potable à toutes et tous. 

    En 2019, la France se classait ainsi 59ème parmi les Etats les plus touchés par les risques de pénurie hydraulique, ce qui ne prend pas en compte les diversités situationnelles locales. En 2016 déjà, un rapport sénatorial alertait sur les risques du manque d’eau en France. Les régions du Sud du pays risquent de voir leurs ressources en eaux, tant de surface que souterraines, diminuer, notamment avec la baisse de la recharge par les précipitations. Ces risques se sont concrétisés à plusieurs reprises au cours des dernières années et les problèmes d’accès à l’eau ont été particulièrement importants aux étés 2018 et 2019, marqués par de très fortes chaleurs. Des communes ont alors connu des pénuries d’eau potable, atteignant leur « Jour 0 », jour où l’eau ne sort plus des robinets, comme en Corrèze. Un reportage de France 3 s’intéressait d’ailleurs au ravitaillement par camion-citerne de certaines villes de Franche-Comté, comme Besançon. A l’image des deux derniers étés, ce 24 juillet 2020, la Meuse et les Vosges ont aussi instauré des restrictions d’eau “en raison d’un déficit pluviométrique”. 

    Les problèmes d’accès à des quantités d’eau deviennent plus fréquents dans de nombreux territoires français en métropole, comme dans les Deux-Sèvres, dans la Vienne ou encore à Valenciennes l’année dernière, mais aussi en Outre-Mer comme à Mayotte où les habitants manquent déjà d’eau, tandis qu’en Nouvelle-Calédonie, l’île d’Ouvéa a vu ses puits d’eau douce s’assécher ou être contaminés par l’eau salée, obligeant à redéfinir les modalités d’approvisionnement de l’île. 

    En Guadeloupe, la situation est particulièrement inquiétante. En 2018, un rapport de l’observatoire régional de l’énergie et du climat faisait état de la vulnérabilité de la Guadeloupe au changement climatique et s’attachait à étudier les particularités de la région en termes d’accès et de qualité de l’eau. La teneur en sodium et chlorure et la salinisation des nappes souterraines à cause de la hausse du niveau des mers sont deux phénomènes qui accentuent la vulnérabilité de ce territoire qui est déjà soumis à une forte irrégularité spatiale des précipitations. Un autre rapport de l’Office de l’eau de Guadeloupe, publié en septembre 2019 conclut que la Guadeloupe fait face à “une dégradation généralisée des masses d’eau”. En cause principalement, l’activité anthropique et notamment l’agriculture, l’assainissement et l’industrie.

    Qualité de l’eau et pollutions

    Le changement climatique a un impact important sur l’eau qui perd en qualité et est de plus en plus sujette à porter des maladies. Celles-ci vont d’ailleurs augmenter dans un futur proche alors même que l’eau insalubre est une des causes de mortalité infantile les plus importantes au monde, loin devant les conflits armés. Les événements “exceptionnels” rendus plus fréquents jouent négativement sur la qualité de l’eau. Les crues et les inondations charrient de nombreux déchets qui se retrouvent ensuite dans le réseau, rendant l’eau impropre à la consommation. Les fortes pluies entraînent des dysfonctionnements des stations d’épuration qui ne sont pas dimensionnées pour ces quantités. Elles peuvent alors déborder dans les égouts, comme à Biarritz en juillet 2019. A l’inverse, la sécheresse et son augmentation entraînent un épuisement des ressources en eaux profondes, ce qui amène les populations à consommer des eaux de surfaces souvent insalubres.

    La chaleur pourrait aussi provoquer, prédit le GIEC, la prolifération de bactéries dans les canalisations avant la distribution de l’eau au robinet. D’autres bactéries envahissent la mer, comme E.Coli, qui provoque des gastro-entérites et autres infections, en raison de l’augmentation de la température de l’eau. Par ailleurs, notre eau du robinet est-elle consommable sans risque ? Le Ministère des Solidarités et de la Santé affirmait en octobre 2019, que “l’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés. Elle fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire”. Les agences régionales de santé assurent les contrôles sanitaires commune par commune. Mais cela n’empêche pas les consommateurs de s’inquiéter pour leur santé, comme le montre la plateforme #AlertePollution de FranceInfo. Peur des micro-organismes, des pesticides, du plomb… les citoyen-nes français veulent être informé-es de l’eau qu’ils consomment. UFC Que Choisir a réalisé une carte interactive de la qualité de l’eau en France pour permettre à toute personne de vérifier la qualité de l’eau près de chez eux.

    Les pollutions liées aux activités humaines sont principalement dues à l’agriculture intensive et aux pesticides déversées dans les eaux de surface. Les rivières et les nappes phréatiques sont durement touchées par les pesticides issues de l’agriculture. Les pollutions par les activités humaines sont aussi issues de l’extractivisme. L’extractivisme désigne l’exploitation intensive des minéraux (minerais, hydrocarbures et gaz). Les mines à ciel ouvert où les forages de gaz de schiste sont des exemples d’industries extractives. L’extractivisme a des conséquences néfastes sur l’environnement, et plus particulièrement sur l’eau : pollutions de l’eau au cyanure, déversement de boues toxiques, acidification des eaux de surface et souterraines. La France a une longue histoire minière et son territoire en est marqué. Les anciens sites miniers sont durablement pollués, même plusieurs siècles après la fin de leur exploitation. Aujourd’hui, alors que le cours de l’or et des métaux rares augmente, de nouveaux projets miniers voient le jour. La Guyane en fait particulièrement les frais : les mines d’or comme le projet “Montagne d’or” et l’orpaillage illégal contribuent à la déforestation en Amazonie. “Comme toutes les industries minières, les mines d’or utilisent beaucoup d’eau. Dans le monde, une grande partie des mines d’or sont situées dans des zones de stress hydrique”. Les peuples autochtones sont les premiers touchés : le mercure, qui permet d’extraire l’or, pollue les eaux fluviales, qui contamine les écosystèmes et les poissons dans les fleuves. Le régime alimentaire des populations autochtones du Haut Maroni, basé sur la pêche, a pour conséquence un “taux d’imprégnation au mercure les plus élevés” chez cette population. Les enfants peuvent en souffrir car le mercure agit sur le système nerveux central, ce qui peut altérer le développement des plus jeunes et produire des malformations congénitales. Comme le décrit France Nature Environnement, “l’ouverture et la profondeur de la mine entraînent des risques de pollution, comme le perçage de nappes phréatiques et le drainage minier acide”. Malgré “l’abandon” de Montagne d’or en mai 2019, d’autres projets miniers voient le jour comme le projet “Espérance”, sur les rives du fleuve Maroni. Une aberration écologique mettant en danger la vie des populations.

    En France métropolitaine aussi, l’extractivisme ravage. Dans l’Aude, après 90 ans d’extractions sur la “Montagne noire”, la vallée de l’Orbiel est polluée par l’arsenic, le soufre et le plomb. Comme pour les mines d’or, les polluants issus de la mine se déversent avec l’eau de pluie dans les rivières. En 2004, “l’Ademe estimait qu’environ 2,5 tonnes d’arsenic se déversaient chaque année dans l’Orbiel. Aujourd’hui, ces eaux présentent à certains endroits une concentration moyenne en arsenic de 600 microgrammes, soit 60 fois plus que le seuil de potabilité”. En Bretagne, en Ariège, dans le Nord ou dans le Limousin, les mêmes problématiques se posent et le silence des autorités sur les conséquences néfastes de l’arsenic met en danger la population souvent ignorante de ces dangers.

    Ressource en eau et populations vulnérables

    Les migrants et déplacés climatiques : de nombreux migrants et déplacés climatiques quittent ou quitteront leur lieux de vie en raison des difficultés d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. C’est déjà le cas dans certains pays, comme en Inde où des milliers de villages ont été abandonnés par leurs habitants en raison du manque d’eau. Ailleurs, comme au Darfour et en Syrie, l’accès aux réserves d’eau potable a alimenté pendant des années le conflit armé. Si les trois régions les plus touchées selon les prévisions seront l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine, l’Europe et la France ne seront pas épargnées par ce phénomène de migrations, conséquence du changement climatique sur les ressources en eau. Or, les personnes déplacées ou en migration voient déjà aujourd’hui leur droit à l’eau et à l’assainissement fortement impacté par l’évolution du climat. Le changement climatique a un impact sur l’approvisionnement en eau des déplacés et réfugiés partout dans le monde, en réduisant les ressources d’eau potable mais aussi en contaminant les sources et nappes phréatiques, comme le souligne l’UNHCR. C’est le cas par exemple ces dernières années en Centrafrique et au Nigéria. L’augmentation du nombre de réfugiés dans les années à venir, certains fuyant des zones asséchées à la recherche d’eau potable, créera une pression supplémentaire sur les ressources existantes allouées à ces personnes. 

    Les sans-abris : alors que l’attention médiatique sur les personnes sans-abris se concentre sur la période hivernale, la chaleur est également dangereuse. Déjà touchés par les difficultés d’accès à l’eau lors des canicules, les personnes vivant dans la rue font partie de celles les plus à risque face à l’impact du changement climatique sur les ressources en eau puisque, sans domicile alors que les accès publics à l’eau diminuent, ils sont vulnérables à la déshydratation et à l’hyperthermie. De plus, en été, les services fournis aux personnes sans-abris le reste de l’année ont tendance à ralentir. Chantal Coquillon du Secours Catholique à Marseille explique d’ailleurs que dans la 2ème plus grande ville de France, “la plupart des petites associations stoppent leurs actions en juillet et août, faute de volontaires”. Ce qui renforce les situations de fragilité puisque peu de points d’eau et de sanitaires gratuits sont mis à disposition. Dans la capitale au contraire, les points d’eau gratuits sont beaucoup plus nombreux, 1200 au total. Pour Jean-Baptiste Butlen, directeur général adjoint d’Eau de Paris, “la ville est pionnière en la matière”. 

    Les plus pauvres : l’eau est déjà une ressource à l’accès difficile pour de nombreuses personnes dans le monde, que ce soit pour boire, aller aux toilettes ou se laver. Dans le monde, plus d’un milliard de personnes en zone rurale doivent déféquer en plein air, ce qui a d’importantes conséquences sur leur santé, leur intimité et même leur sécurité physique. L’impact du changement climatique sur les ressources en eau rendront cet accès encore plus difficile. Or, en économie marchande, la rareté va souvent de paire avec un prix élevé. Le gouvernement lui-même envisageait une tarification de l’eau plus élevée en été qu’en hiver, afin de mieux gérer cette ressource et éviter les gaspillages estivaux. Mais au-delà des gaspillages, c’est l’accès à cette ressource des personnes les plus pauvres qui pourraient être compromis.

    En France, “avoir un toit au-dessus de sa tête ne garantit pas un accès à l’eau suffisant”. En moyenne, les Français-es dépensent 1,1% de leur budget pour l’eau, “mais deux millions de ménages y consacrent plus de 3 % de leurs revenus”. La précarité hydrique est une réalité pour de nombreux ménages de Seine-Saint-Denis. Le département reste marqué par une fragilité sociale forte : un tiers des moins de 30 ans y vivent sous le seuil de pauvreté. Le département de Seine-Saint-Denis lutte contre la précarité hydrique avec un dispositif baptisé « EcEAUnome », qui vise à distribuer 80.000 kits d’économiseurs d’eau aux particuliers en cinq ans. Il s’agit d’une sorte de « grille » apposée sur le robinet, qui, en mélangeant l’air à l’eau, en réduit le débit. A la clef, une facture réduite d’environ 250 euros par an et par ménage, promet le département, qui engage 2 millions d’euros sur ce projet. Le dispositif, qui touchera 13 % de la population, s’adresse essentiellement aux logements du parc privé (pavillon, copropriété). Face à la précarité hydrique, la loi Brottes a été adoptée le 15 avril 2013 pour “préparer la transition vers un système énergétique sobre et portant diverses dispositions sur la tarification de l’eau et sur les éoliennes”. Elle instaure des avancées pour la fourniture en eau grâce au droit au logement, comme l’interdiction des coupures d’eau des ménages en cas d’impayés. Elle instaure aussi une tarification sociale de l’eau permettant aux collectivités de faire bénéficier d’un tarif d’eau plus faible pour les ménages précaires. En 2019, 50 collectivités étaient volontaires pour faire l’expérimentation, comme la métropole de Rennes, représentant 11 millions d’habitant-es. Avant cette loi, dès 2012, un système d’aide avait déjà été testé par la ville de Dunkerque.

    Accès effectif à l’eau et "guerres" de l’eau

    Une ressource en eau moins disponible, c’est une probabilité de conflit plus élevée. Des “batailles de l’eau” commencent déjà à voir le jour en métropole : Libération mentionne par exemple le barrage de Sivens (dont la lutte a causé la mort de Rémi Fraisse), les nappes souterraines de Vittel, les retenues de “substitution” en Sèvres niortaise, la digue du lac de Caussade etc. 

    La diminution des quantités d’eau disponibles crée des conflits autour de l’eau, les différents besoins entrant en confrontation. Ces conflits sont déjà des réalités dans certains départements comme les Deux-Sèvres en raison de la surexploitation des ressources en eau par les agriculteurs. Le collectif “Bassines non merci” se bat contre la construction de 16 réserves d’eau le long de la Sèvre niortaise qui serviront aux exploitations agricoles. Ces “bassines” seront alimentées par l’eau sera prélevée du sol en hiver pour une gestion plus durable de la ressource en hiver selon les agriculteurs. Le collectif “Bassines non merci”, présent sur la carte des luttes de Reporterre, dénonce le coût de ces installations, financées à 70% par l’argent public. Pour les militant-es, un tel projet risquerait d’encourager un agriculture intensive très gourmande en eau, dans une région, le Marais poitevin, qui fait déjà face à d’importants manques d’eau chaque été. En effet, pour Sami Bouarfa, directeur adjoint Aqua de l’Inrae, les projets de retenues d’eau, comme les bassines maintiennent “une agriculture orientée vers une dépendance à cette eau artificielle”. Pour lui, il faut miser sur les solutions qui reposent sur la nature et se baser sur le schéma “préserver, restaurer et multiplier”. 

    Dans les Vosges également, l’entreprise Nestlé pompe dans les eaux de Vittel malgré les niveaux bas de la nappe phréatique. L’installation de la multinationale dans la région dès les années 1980 a toujours été source de conflit. Entre contrôle du foncier et possibilité d’emplois pour les habitant-es de la région, l’entreprise noyaute le territoire. Pourtant, les ressources en eau diminuent à la fois en qualité et en quantité avec un déficit annuel d’un million de m3. Pour Jean-François Fleck, président de Vosges Nature Environnement, “la mainmise abusive de l’industriel sur cette richesse naturelle est en contradiction avec la loi sur l’eau de 1992”. L’association demande que chaque prélèvement dans la nappe phréatique, qui est mise en danger à l’horizon 2050, soit soumis à des autorisations et études d’impact.

    L’agriculture et la ressource en eau

    En France, dans l’agriculture, secteur qui occupe 45% du territoire, c’est essentiellement pour l’irrigation que l’eau douce est utilisée, ainsi que l’alimentation du bétail (en moins grande proportion). L’eau pour l’irrigation est principalement utilisée pour la culture de maïs (41% des surfaces irriguées) et de blé (17%). La surface agricole irriguée représente environ 6% de la surface agricole utile en 2010, les 94% restants étant essentiellement une agriculture pluviale, sans nécessité d’irrigation. Certaines pratiques agricoles ont des impacts sur la qualité de l’eau, comme l’utilisation d’engrais et produits phytosanitaires. 

    Dans un rapport, l’Agence européenne de l’environnement indique qu’un “tiers de l’eau utilisée en Europe est destiné au secteur agricole”. Dans les pays du sud de l’Europe (Grèce, Espagne, sud de la France, Italie), où l’utilisation de l’eau pour l’irrigation est d’environ 80%, il est nécessaire d’avoir une meilleure gestion de l’eau : au niveau politique, dans le passé, les subventions agricoles obtenues par la Politique agricole commune (PAC) de l’UE ont indirectement encouragé les fermiers à produire des cultures consommant beaucoup d’eau. Plus de formations et de partage de connaissances sont primordiales pour une meilleure gestion de l’eau. Enfin, le changement de pratiques agricoles pour utiliser moins d’engrais et de pesticides et ainsi avoir une eau moins polluée doit être soutenu. A l’image de la lutte des bassines dans les Deux-Sèvres, l’agriculture est à la fois coupable et victime de la diminution et de la quantité et qualité de la ressource en eau.

    En effet, selon le GIEC, “la productivité des systèmes agricoles et forestiers et des pêcheries dépend en grande partie de la distribution temporelle et spatiale des précipitations et de l’évaporation, ainsi que de la disponibilité des ressources en eau douce pour l’irrigation, en particulier pour les cultures”. Un agriculteur en conversion biologique en Basse-Normandie témoigne des pratiques plus respectueuses de la ressource en eau à travers le bio. “Les pratiques comme la couverture hivernale, les cultures associées, la plantation de haies favorables aux auxiliaires de culture améliorent la structure et la qualité des sols, préviennent les ruissellements, retiennent l’humidité dans les sols et servent d’habitats à la biodiversité. Elles sont donc toutes indiquées pour rendre les cultures plus résilientes face aux dérèglements climatiques”.

    Catastrophes naturelles et accès à l’eau

    1/6ème de la population mondiale dépend de l’eau douce apportée par les glaciers à la saison sèche”. Le dérèglement climatique provoque la fonte des glaces et une dilatation thermique des océans, entraînant la montée du niveau de la mer. Des scientifiques évaluent cette montée entre un à 3 mètres d’ici 2100. Le phénomène tend également à accentuer la fréquence et la puissance des catastrophes naturelles, avec une incidence directe sur la ressource en eau. Sécheresses et inondations accrues, diminution ou augmentation des précipitations, cyclones, causent pollution ou salinisation des cours d’eau et des eaux souterraines, ou encore une raréfaction de la ressource, avec des effets directs sur les écosystèmes et la vie humaine.

    D’ailleurs, dans le rapport de GREC Sud, le groupe régional d’experts sur climat de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les scientifiques s’interrogent sur les conséquences de l’accès à l’eau potable dans la région dans les décennies à venir et particulièrement sur les risques d’intrusion saline dans les nappes phréatiques côtières “pouvant altérer la qualité des eaux douces”. Les variantes des précipitations ont des conséquences directes sur la ressource en eau : en effet, dans certaines régions, les précipitations tendent à diminuer. A titre d’exemple, la recharge des eaux souterraines dans l’ouest de la région Occitanie serait affectée à plus de 50% à horizon 2050, d’après le rapport “Impacts du changement climatique dans le domaine de l’eau” de l’Agence de l’eau de Rhône Méditerranée Corse (2016). Si le niveau d’eau venait à baisser de manière drastique dans les eaux souterraines mais aussi les rivières, la quantité d’eau disponible pour les prélèvements, pour l’usage domestique, pourrait s’avérer insuffisante pour couvrir les besoins de la population. Dans d’autres régions, au contraire, l’augmentation des précipitations accroît l’érosion et la mobilité des polluants. Le ruissellement provoqué par les précipitations accrues, notamment dans les hautes latitudes, charrie les polluants (agents pathogènes et autres polluants dissous, comme les pesticides) jusqu’aux aquifères souterrains et eaux de surface. L’érosion accrue conduit aussi à la mobilisation des polluants absorbés tels que le phosphore et les métaux lourds. En outre, l’intensité des précipitations rend la gestion de l’eau plus complexe en saturant les systèmes de récupération et de traitement des eaux usées. Ajoutons que le volume d’eau dépollué rejeté dans les rivières correspond à leurs capacités de dilution actuelles. Ainsi, des variations importantes de débit pourraient rompre cet équilibre et rendre les cours d’eau plus vulnérables aux pollutions. 

    Effets des fortes inondations sur la ressource en eau : Là encore, l’impact principal des inondations sur la ressource en eau est lié à la pollution qui en découle et se répand. Les contaminations sont nombreuses dans les zones industrielles, agricoles ou urbaines, à cause des carburants de voitures, des hydrocarbures des cuves enterrées, des produits ménagers entreposés dans des zones inondées, etc. La santé des personnes est directement menacée. Le cas des submersions marines doit aussi être étudié car l’apport excédentaire d’eau de mer entraîne la salinisation d’écosystèmes qui ne sont pas adaptés au sel. Les conséquences sont nombreuses : destruction de la faune et de la flore, pollution des milieux qui peut perdurer longtemps après le retrait des eaux. Pour la production d’eau potable par exemple, la pollution implique des traitements supplémentaires, et génère des surcoûts. Les activités qui ont lieu directement dans le milieu – comme la pisciculture – sont les premières impactées. Le dérèglement climatique augmente la contamination de l’eau douce par la mer : sur le littoral, les réserves souterraines d’eau douce ne sont pas isolées de l’eau de mer du fait de la porosité des roches. L’élévation du niveau des mers renforce ce phénomène de contamination de l’eau douce.

    Selon le Réseau Action Climat, les personnes pauvres sont plus exposées aux inondations et ce déséquilibre s’agrandit dans les zones urbaines. Entre 1970 et 2010, alors que la population globale a cru de 87%, la population dans les zones inondables a augmenté de 114% et celle des zones exposées aux cyclones de 192%. Ces constats sont liés à des problématiques complexes. Bien que certaines régions soient plus exposées, elles restent attractives car elles offrent plus de services, de transports et aussi de travail, comme Bombay.

    Aller plus loin

  • 23 juin 2020 – L’Europe face au changement climatique


    Les impacts du changement climatique se font sentir sur l’ensemble de la planète. Après avoir passé un an à documenter principalement les impacts sur le territoire français, nous changeons d’échelle. Dans ce 11e numéro de IMPACTS – La revue de presse des inégalités climatiques, notre regard se tourne vers l’Europe.

    Comme sur le territoire français, les populations européennes sont et seront affectées par les conséquences du dérèglement planétaire et notamment les plus vulnérables : les plus pauvres, les plus vulnérables socio-économiquement, les femmes, les personnes âgées, les minorités ethniques…

    Pour combattre les inégalités sociales climatiques et environnementales, il nous faut les connaître. C’est le sens de cette revue de presse élaborée par les bénévoles de Notre Affaire à Tous, qui revient chaque mois sur les #IMPACTS différenciés du changement climatique, sur nos vies, nos droits et ceux de la nature

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    D’après un rapport du Copernicus Climate Change Service (C3S) sorti en 2020, le continent européen se réchauffe plus vite que d’autres régions du globe puisque l’Europe a gagné 2°C en 2019 par rapport à l’ère préindustrielle, alors que la hausse moyenne des températures s’élève à 1,1°C à l’échelle mondiale. Début 2020, l’Agence européenne de l’environnement dévoilait des cartes des conséquences du changement climatique sur les populations et territoires européens. Ces cartes font un état des lieux des phénomènes climatiques qui se manifestent ou vont se manifester dans les prochaines années et décennies, selon plusieurs scénarios : “si de gros efforts sont réalisés sur le plan environnemental ou, à l’inverse, si rien n’est fait”.

    Quels impacts apparaissent le plus en Europe ? Une récurrence des sécheresses et des vagues de chaleur est à noter, mais aussi des inondations et incendies plus fréquents et une vulnérabilité particulière de certaines zones face à la montée du niveau de la mer. Toutes les cartes de l’agence européenne de l’environnement sont à retrouver ici.

    Territorialement, les conséquences à l’heure actuelle sont déjà multiples : l’Europe du Nord devient de plus en plus humide et les inondations hivernales risquent de devenir monnaie courante, l’Europe centrale et méridionale est confrontée à une recrudescence des vagues de chaleur, le bassin méditerranéen devient de plus en plus sec, ce qui le rend encore plus vulnérable aux sécheresses et aux incendies et les zones urbaines, où vivent aujourd’hui 4 Européens sur 5, sont exposées aux vagues de chaleur, aux inondations et à la montée du niveau de la mer, alors qu’elles sont généralement peu préparées pour s’adapter au changement climatique. Pour en savoir plus, La Dépêche a plus particulièrement fait un focus sur les données récoltées en France. Aujourd’hui, selon le climatologue Jean Jouzel, 5% des Européens sont actuellement concernés par les évènements liés au changement climatique. Un chiffre qui va considérablement augmenter d’ici 2100 : “ce qui est exceptionnel aujourd’hui sera la norme en Europe avec des événements encore plus ravageurs et nombreux« . Par exemple, les incendies pourront plus facilement se déclencher dans des zones qui nous semblent aujourd’hui peu enclines à recevoir de telles catastrophes naturelles comme le Centre ou l’Ouest, en plus du Sud de la France qui restera une région particulièrement à risque. Si nous admettons que le planète se réchauffera à hauteur de 3°C, 2 Européen-nes sur 3 seront touché-es par des événements climatiques extrêmes, c’est-à-dire 350 millions de personnes, selon Giovanni Forzieri, expert scientifique à la Commission européenne.

    Les canicules sont de plus en plus fréquentes sur le territoire européen. La canicule emblématique de 2003 a tué 70 000 Européen-nes, dont 20 000 en France. L’absence de préparation et d’anticipation des pouvoirs publics à cette vague de chaleur exceptionnelle qui a fait monter les températures jusqu’à 47,4°C au Portugal, ont aggravé les conséquences d’un tel épisode caniculaire. D’après le rapport sur l’Etat du Climat Européen 2019, 11 des 12 années les plus chaudes ont été enregistrées après 2000. “2019 a aussi battu des records de durée d’ensoleillement en Europe, avec son plus haut niveau depuis 1983”. Ces phénomènes poseront nécessairement des menaces pour les populations. Les personnes les plus vulnérables, comme les enfants et les personnes âgées, souffriront le plus. Certains secteurs d’activités seront aussi plus durement touchées comme l’agriculture, le tourisme et le secteur énergétique. Les populations urbaines feront aussi certainement face à des difficultés liées à la ressource en eau et d’autres ressources essentielles.

    Les agriculteurs souffrent des sécheresses à répétition. C’est le cas de Maurice Feschet, plaignant français de l’action en justice People’s Climate Case, contre le manque d’ambition climatique de l’Union Européenne. La famille Feschet vit dans la Drôme, dans un village où elle exploite une production de lavande depuis trois générations.

    A cause des impacts du changement climatique, la production est devenue ingérable, incertaine et non viable. Dans la région, les sécheresses ont considérablement augmenté depuis les années 1960, et selon les graphiques d’augmentation des températures, il y a une nette tendance au réchauffement d’environ + 0,5 ° C / décennie depuis 1950. Les changements de saison ont sévèrement affecté la culture de la lavande. Les températures élevées en janvier ou février, lorsque les plantes commencent à pousser, suivies d’une période de gel plus tard dans l’année, tuent les plantes. Les lavandes qui ont été en culture pendant 23 ans peuvent maintenant être déracinées à l’âge de 4 ans avec seulement 2,5 ans de culture. “44% en 6 ans : cela représente nos pertes réelles de récoltes en Provence à cause des impacts du changement climatique qui nous frappent de plus en plus durement”. La famille Feschet appelle l’UE à écouter ses citoyen-nes et appliquer les mesures nécessaires afin de les protéger. A l’instar de la famille Feschet, de nombreux agriculteurs et agricultrices souffrent déjà des effets du changement climatique. En septembre 2019, l’Agence européenne de l’environnement publiait un rapport alarmant sur le secteur agricole européen face au changement climatique, indiquant que les rendements des cultures et de l’élevage allaient très probablement chuter. Les producteurs de blé, maïs ou encore de betterave vont connaître des impacts directs sur leurs revenus, puisque 50% des rendements liés à ces cultures pourraient chuter. En 2019 en Slovénie, la production de pommes a chuté de 85% suite à un hiver très froid et une sécheresse prolongée pendant l’été. Les zones d’Europe centrale et d’Europe du Sud seront particulièrement touchés par ces pertes agricoles.

    A l’est de l’Europe, dans les Carpates roumaines, vit la famille Vlad. Cette famille d’éleveurs vivant à 700 mètres d’altitude risque de perdre la ferme familiale et le bétail en raison de la hausse des températures, des sécheresses et du manque d’eau dans leur région. À cause de la hausse des températures et des vagues de chaleur, l’herbe ne pousse plus et la famille doit élever son bétail à des altitudes plus élevées, où l’air est plus frais et où l’humidité maintient les pâturages. La Roumanie a d’ailleurs fait face à une sécheresse grave cet hiver

    Au contraire, dans le Nord de l’Europe, le réchauffement devrait être plutôt favorable pour l’agriculture où de nouvelles cultures vont se développer. La Belgique, les Pays-Bas et le Danemark peuvent par exemple produire du vin, chose inespérée il y a encore quelques années, “mais ces évolutions récentes dans les régions du nord ne permettront pas de compenser les effets négatifs du réchauffement climatique dans le sud, prévient l’Agence européenne de l’Environnement”.
    Favorable pour l’agriculture du Nord de l’Europe mais défavorable pour le dernier peuple autochtone du continent. Les Samis sont un peuple autochtone d’Europe du Nord. La culture Sami est centrée autour des rennes. Ce qui est en jeu avec le changement climatique, c’est non seulement la survie des rennes, mais l’ensemble de la culture Sami. Les données montrent que presque l’ensemble des hivers depuis 1989 ont été plus chauds que la moyenne des hivers du XXe siècle. Les projections montrent que le changement climatique va continuer dans les régions polaires dans des proportions bien plus élevées que dans le reste du monde. Les hivers de plus en plus chauds et les températures fluctuantes causent des dégâts matériels importants (à cause du gel), mais pas seulement : la fonte de la neige puis le regel forment des couches de glaces impénétrables piégeant la nourriture principale des rennes, le lichen, sous une épaisse couche de glace, en plus de causer nombre de maladies.

    Sanna Vannar, la présidente de l’association de jeunesse Sáminuorra affirme que si leur activité d’élevage de rennes se perd, alors la culture Sami sera aussi perdue. “Beaucoup de jeunes Sami veulent rester dans leurs familles et continuer l’élevage de rennes, mais ils ne peuvent plus y voir un avenir. C’est principalement dû au changement climatique“. En savoir plus sur le quotidien des jeunes Saamis.

    Si le réchauffement climatique provoquera des records de chaleur, il entraînera également des épisodes de froid polaire en France et en Europe. Les météorologues soulignent que le fameux gulf stream, qui sépare habituellement les masses d’air froid de l’Arctique et du Pôle Nord de l’air plus chaud de l’hémisphère nord, est perturbé par le changement climatique et est de moins en moins étanche. « Lors de l’hiver 2018, la température au Pôle Nord, sur lequel était entrée une masse d’air chaud, avait ainsi été plus élevée qu’en Europe. L’air chaud arrivé sur l’Arctique avait en effet repoussé l’air froid vers le Sud« .


    Les vagues de chaleur s’accompagnent aussi régulièrement de périodes de sécheresse menaçant de nombreux secteurs. Selon la Commission européenne, dans une grande partie de l’Europe, les précipitations moins fréquentes en été et les températures grimpantes amèneront de plus en plus de sécheresses. Dans la région méditerranéenne, la saison propice aux feux de forêt sera dès lors de plus en plus longue et les aires à risques plus larges. C’est en été 2018 que la Suède a connu ses records historiques de sécheresse, qui se sont accompagnés d’importants feux de forêts. Ces incendies ont mené à la mise en place de la plus grande opération de protection civile européenne en matière de lutte contre les incendies forestiers. D’après certaines études scientifiques, une augmentation du climat de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle multiplierait par au moins 2 les risques d’incendie à l’échelle européenne. Si les pays nordiques étaient encore relativement épargnés par l’augmentation de tels risques, les projections prévoient une augmentation générale de ces risques sur l’ensemble du continent pour le 21e siècle. Suède, Laponie, Grèce… A première vue, ces régions ne semblent pas faire face aux mêmes problématiques climatiques. Pourtant, les incendies de juillet 2018 ont ravagé des hectares de forêt aussi bien dans le Nord que dans le Sud de l’Europe. En Suède, ce sont 18 700 hectares qui ont été “emportés par des feux entre les mois de janvier et juillet 2018, contre une moyenne de 454 hectares entre 2008 et 2017, soit une hausse de… 4 000 %« . Le pays n’était pas préparé à de tels événements extrêmes. En 2017, le Portugal a été ravagé par les feux de forêts. La famille Carvalho fait partie de ces familles dont l’occupation de plantation et de gestion des forêts est et sera affectée par la hausse des températures, ainsi que la multiplication et l’intensification des feux de forêts. Au centre du Portugal, le père et le fils de la famille Carvalho possèdent des terres boisées. Leur mise en oeuvre de pratiques de gestion forestière durable remplaçant les pins et les eucalyptus par des espèces locales (comme les chênes et les châtaigniers), est menacée. Le centre du Portugal subit de plus en plus une hausse des vagues de chaleur et des sécheresses, du fait du changement climatique. Des taux de mortalité supérieurs à la moyenne ont été signalés par les médias et par le gouvernement en raison des vagues de chaleur dans le pays, tandis que la combinaison de conditions climatiques plus chaudes et plus sèches a considérablement augmenté le risque d’incendie et la demande en eau dans le secteur agricole.

    En 2017, la famille Carvalho a perdu ses trois plantations de chênes durant les feux de forêt, raconte Armando Carvalho : “Le 15 Octobre 2017, la sécheresse, la vague de chaleur ont provoqué un feu d’une violence exceptionnelle qui a affecté la propriété et les biens de ma famille”.


    En juin 2016, la France et l’Allemagne ont subi une période de fortes pluies battant tous les records statistiques établis dans plusieurs régions. Ce phénomène naturel a eu pour conséquence le déplacement de près de 182 000 personnes en France, pour un coût supérieur à 1,4 milliard d’euros. La Seine s’est par exemple élevé de plus de 6 mètres. En Allemagne, la frontière autrichienne a été particulièrement impactée par ces pluies diluviennes qui ont fait plusieurs morts, après que l’eau ait atteint les toitures des maisons. En 2017, une étude autrichienne menée dans 38 pays européens entre 1960 et 2010 montrait que “les crues interviennent désormais plusieurs semaines plus tôt que dans les années 1960-1970, à cause de la fonte plus précoce des neiges ou de la plus grande humidité des sols”. Les crues vont aussi devenir beaucoup plus fréquentes. Selon une étude publiée en 2014 dans Nature, dès 2050, des crues exceptionnelles se produiront tous les 10 ans en Europe. Aujourd’hui, la fréquence de telles crues est moindre puisqu’elles se produisent tous les 16 ans. Une augmentation qui aurait de grandes conséquences sur les coûts de prévention et de réparation de ces catastrophes qui s’élèveraient à 23 milliards d’euros, contre 5 milliards entre 2000 et 2012. Pourtant, les scientifiques considèrent que seul un tiers de l’augmentation de ces coûts viendrait du changement climatique. “Les deux tiers restants viendraient de la démographie galopante et des besoins de loger les habitants, y compris en construisant des bâtiments dans des zones inondables”. Dans la région de la Savonie du Nord en Finlande, l’augmentation de la quantité de précipitations se traduit par une baisse de la fertilité des sols. L’augmentation du taux d’humidité des sols engendre effectivement des problèmes de compaction des sols : la compression du sol entrave la circulation de l’eau et de l’air dans la terre. L’humidité accrue est aussi responsable de maladies qui viennent frapper les cultures, dont découle une baisse des rendements agricoles. D’ici à 2100, environ 3,5 millions d’Européen-nes subiront des inondations régulières.

    Selon l’Agence européenne de l’environnement, le volume des glaciers des Alpes a diminué de moitié depuis 1900. Certaines projections estiment qu’en 2100, 84 à 90% de leur volume actuel aura disparu. Cela s’explique surtout par l’augmentation de la température, mais aussi par la diminution des chutes de neige estivales. En Norvège, les projections envisagent une disparition complète de tous les petits glaciers d’ici 2100 et une réduction globale du volume des glaciers d’un tiers, même avec des scénarios de faible quantité d’émission de CO2. Des études estiment qu’entre 1980 et 2015, les chutes de neige en juin auraient diminué de 76% sur l’ensemble de continent européen. La masse de neige aurait quant à elle diminué de 30% sur la même période. Ces phénomènes impactent beaucoup le cycle de l’eau puisque la fonte des glaces contribue fortement au flux des rivières.

    En Italie, la famille Elter vit dans un petit village dans le Parc national de Grand Paradiso dans les Alpes italiennes. Ils vivent de la vente d’aliments biologiques locaux et de la gestion d’un petit hôtel Bed & Breakfast entièrement dépendant du tourisme et en particulier des opportunités d’escalade de glaciers dans la région. Les revenus de la famille ne sont pas seulement menacés par la fonte des glaciers, mais aussi par d’importants changements de température. Le père de la famille, Giorgio Elter, ingénieur forestier, a observé que les plantes traditionnelles à ces altitudes – supérieures à 1500m – ne fleurissent plus ou fleurissent beaucoup trop tôt, en raison de la hausse des températures.


    L’augmentation du niveau de la mer est aussi un phénomène qui touche de nombreux Européen-nes. Les Recktenwald font partie de ces personnes. Cette famille allemande vit sur une île de la mer du Nord, Langeoog, depuis quatre générations. Ils y ont construit un complexe hôtel-restaurant. Le restaurant étant situé sur une dune et l’hôtel derrière cette dernière, le complexe est gravement menacé par la montée des eaux.

    La dune n’est pas protégée par une digue et est menacée par la montée des eaux et les tempêtes. A Langeoog, l’eau potable provient d’une nappe phréatique menacée par l’infiltration d’eau salée. Face à cela, la famille s’est engagée dans l’action juridique du People’s Climate Case en 2018 non seulement pour la préservation des droits de leur famille mais aussi pour l’avenir des citoyen-nes du monde entier. Car “ce qu’il se passe ici sur notre île et dans le Nord de l’Allemagne se passe partout dans le monde”. Découvrez le reportage de France 24 “Une île en danger à cause du réchauffement climatique en Allemagne”. Et les Recktenwald sont loin d’être les seuls affectés par la montée du niveau de la mer. D’ici 2050, 300 millions de personnes seront menacées par ce phénomène. En Europe, les régions les plus impactées sont le nord de la Belgique, les Pays-Bas et le Nord-Ouest de l’Allemagne. Une étude parue dans Nature Communications confirme la sensibilité de la région flamande. Une carte interactive de Climate Central indique quelles terres seront en dessous du niveau des inondations annuelles en 2050. L’évolution des données scientifiques sur l’altitude indique que les menaces mondiales liées à l’élévation du niveau de la mer et aux inondations côtières sont bien plus importantes qu’on ne le pensait. Les coûts d’un tel changement climatique sont bien réels : selon une étude parue dans la revue Nature Climate Change, “les dommages prévisibles des inondations côtières en Europe sont estimés à 1,25 milliard d’euros par an”.
     La montée du niveau de la mer en Europe implique de considérer la question des migrations climatiques. Les îles Halligen, dans la mer des Wadden, au large du Danemark et de l’Allemagne se situent à très basse altitude. Les habitant-es sont habitués aux inondations de leurs prés plusieurs fois par an, mais “les digues traditionnelles pourraient bien se révéler obsolètes face à l’intensité grandissante des tempêtes marines. Les quelques 350 Halliguiens pourraient devenir d’ici 50 ans, les premiers réfugiés climatiques d’Europe”. Selon la Commission européenne, environ un tiers des Européen-nes vit à moins de 50km d’un littoral. Les littoraux européens génèrent également plus de 30% du PIB de l’Union Européenne. La montée du niveau des océans serait donc dévastateur à la fois pour les populations particulièrement dépendantes de ceux-ci, les infrastructures, les entreprises et la biodiversité. Pour en savoir plus sur les familles du People’s Climate Case et les familles impactées par le changement climatique, vous pouvez visionner ce documentaire de ZDF (en anglais), sur le site internet de Notre Affaire à Tous ou sur le site dédié à cette action en justice (en anglais).

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  • Le projet inégalités climatiques dans la presse

    Nous nous intéressons aux multiples victimes françaises du dérèglement climatique pour mettre en avant les inégalités et la diversité des impacts et développer un accompagnement adapté aux individus face aux impacts de la crise climatique. Retrouvez ci-dessous les articles de presse qui parlent de notre projet !

    Décembre 2020

    Politis, 16 décembre 2020

    Inégaux face au réchauffement

    Un travail inédit en France, réalisé par Notre affaire à tous, décrypte l’injustice de la crise climatique, qui frappe d’abord les populations et territoires déjà précarisés.

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    Reporterre, 10 décembre 2020

    Changement climatique : nous ne sommes pas tous « dans le même bateau »

    L’association Notre Affaire à Tous a publié le 9 décembre un rapport mettant en lumière les inégalités climatiques sur le territoire français. L’étude rappelle tout d’abord que les plus pauvres ont la plus faible empreinte carbone, alors qu’ils sont les premiers à souffrir des conséquences du changement climatique et ont moins de moyens pour y faire face.

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    L’Humanité, 8 décembre 2020

    Le réchauffement climatique va accentuer les inégalités

    Pour la première fois en France, un rapport tente de documenter les impacts socio-économiques et les inégalités climatiques. Les quartiers populaires seront en première ligne.

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    L’Humanité, 13 décembre 2020

    Réchauffement climatique : en France, déjà, des vies bouleversées

    Il y a 5 ans, l’accord de Paris devait permettre d’éviter le pire. Un échec. Depuis, en France, pays classé parmi les plus vulnérables au monde, le réchauffement est devenu bien palpable, et les citoyens, très inquiets, agissent.

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    La Relève et la Peste, 9 décembre 2020

    La France est le pays d’Europe le plus menacé par la crise climatique

    Dans un rapport publié ce mercredi 9 décembre, l’association Notre Affaire à Tous sonne l’alerte : les bouleversements du climat créent d’ores et déjà de nouvelles inégalités, qui ne pourront que se renforcer dans les prochaines décennies.

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    Outremers 360°, 12 décembre 2020

    Climat : cinq ans après l’Accord de Paris, un rapport pointe les déficiences dans l’Hexagone et les Outre-mer

    Il y a exactement cinq ans, le 12 décembre 2015, l’Accord de Paris destiné à enrayer le réchauffement climatique était approuvé par 195 pays. Mais où en est-on aujourd’hui dans l’Hexagone et dans les Outre-mer ? Dans un rapport intitulé « Un Climat d’inégalités – Les impacts inégaux du dérèglement climatique en France », l’ONG Notre Affaire à Tous, qui milite pour une transition écologique équitable, fait le point sur les conséquences socio-environnementales des bouleversements du climat, notamment dans les territoires d’Outre-mer.

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    Deutschlandfunk, 9 décembre 2020

    Umwelt und Verbraucher

    Auch wenn alle selbst gesteckten Ziele derzeit eingehalten würden, verfehlt die Weltgemeinschaft ihre Klimaziele. Das belegt eine Studie des UN-Umweltprogramms. Subventionen in klimafreundliche Techniken und ein Ende der Unterstützung für fossile Brennstoffe könnten den Kurs noch beeinflussen.

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    Juillet 2020

    Reporterre, 4 juillet 2020

    Des villes qui suffoquent, des politiques impuissants : témoignages de citadins

    Dans une enquête réalisée en 2019, des citadins de cinq grandes villes du sud de la France ont exprimé leur désarroi devant cet «air qui se fait rare» et les orientations urbaines qui dégradent leurs vies. Les nouveaux conseils municipaux sauront-ils répondre aux envies de changement ?

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    Juin 2020

    Le Journal Toulousain, 15 juin 2020

    A Toulouse, deux personnes sur trois constatent les effets du changement climatique

    Selon une étude inédite sur les « fournaises urbaines », menée dans cinq grandes villes du Sud de la France dont Toulouse, la majorité des gens constatent la réalité du changement climatique et en ressentent concrètement les effets dans leur vie quotidienne.

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    Février 2020

    UP’Magazine, 18 février 2020

    Comment va-t-on vivre dans les fournaises urbaines ?

    Comment va-t-on vivre dans les villes du sud de la France si de nouvelles fournaises climatiques se développent, comme en 2019, mettant en péril la vie ? L’année 2019 a été celle du réveil climatique. Montpellier, Marseille, Toulouse, Narbonne, Nîmes… Autant de villes méridionales dans lesquelles les habitants s’activent, se rencontrent, ressentent et agissent pour construire une société dans laquelle de réelles actions protègent l’environnement.

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  • 14 mai 2020 – Pollutions et santé

    Les impacts sanitaires des dégradations environnementales et du changement climatique sont multiples. Dans ce 10e numéro de IMPACTS – La revue de presse des inégalités climatiques, nous nous concentrons sur les pollutions de l’air, des sols et de l’eau et leurs répercussions sur notre santé. Nous l’avons vu, le coronavirus a joué le rôle de révélateur et d’accélérateur des inégalités. Après avoir étudié les liens entre crise sanitaire et crise climatique le mois dernier, nous revenons sur un enjeu de santé publique majeur : les pollutions et leurs impacts inégaux sur la santé des citoyen-nes. Bien que la pollution ne soit pas un impact climatique, elle nécessite d’être étudiée lorsque l’on traite des liens entre santé et environnement.

    En France, la pollution de l’air engendre 48 000 décès prématurés par an. A l’heure de la crise sanitaire, les vulnérabilités dues à la pollution doivent être étudiées, surtout lorsqu’il semble que la pollution de l’air est un facteur aggravant dans la diffusion du virus du Covid-19. Pour l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE), la Lombardie et la Plaine du Pô, deux des régions les plus polluées d’Europe, ont été gravement touchées par le coronavirus. Face à ces chiffres et constats alarmants quelles conséquences sur les populations, leurs droits et les inégalités ?

    Pour combattre les inégalités sociales climatiques et environnementales, il nous faut les connaître. C’est le sens de cette revue de presse élaborée par les bénévoles de Notre Affaire à Tous, qui revient chaque mois sur les #IMPACTS différenciés du changement climatique, sur nos vies, nos droits et ceux de la nature.

    La pollution : une question sociale et environnementale

    Certaines populations sont plus fragiles que d’autres et ont une sensibilité accrue à la pollution atmosphérique. Il s’agit des enfants, dont le développement de l’appareil respiratoire se poursuit jusqu’à 8 ans, des personnes âgées dont les défenses immunitaires sont amoindries (dans le monde, 75 % des décès attribuables à la pollution atmosphérique surviennent chez des personnes de plus de 60 an), ainsi que les asthmatiques et les personnes souffrant d’insuffisances respiratoires. Le nombre d’enfants asthmatiques a d’ailleurs doublé en vingt ans. 

    Les plus pauvres sont également les premières victimes de la pollution. Ils vivent dans des territoires plus exposés aux pollutions au dioxyde d’azote et au bruit. Les pollutions industrielles en particulier affectent en premier lieu les plus pauvres, parce que l’implantation d’industries pollueuses fait baisser les prix du logement, mais également parce que c’est dans les quartiers déjà habités par des populations défavorisées que l’on implante des industries polluantes.

    Par exemple, selon Eloi Laurent “pour 1% de population d’origine étrangère en plus, une commune voit augmenter de près de 30% la probabilité de voir s’installer sur son territoire un incinérateur”. Les lieux de vie des plus pauvres étant plus souvent subis que choisis, ceux-ci sont plus exposés aux pollutions, se trouvant à proximité de routes, de décharges, de zones d’épandage etc. 

    Selon un rapport du CESE de 2015, les installations industrielles à risques sont réparties très inégalement sur le territoire français : quelques régions, qui concentrent souvent les plus hauts taux de pauvreté, en accueillent une majorité. C’est le cas du nord de la région parisienne, de la vallée de la Seine, des grandes agglomérations du Nord-Pas-de-Calais et des territoires modestes de la région marseillaise et des Outre-Mer.

    Selon l’association Respire et l’OMS, les ménages à faibles revenus qui vivent dans des zones plus exposées et ont un accès limité aux infrastructures de santé sont aussi plus sensibles aux effets des pollutions de l’air. Le concept de justice environnementale aux Etats-Unis est d’ailleurs né, dès les années 1970, du constat que les inégalités dans l’exposition aux risques environnementaux étaient couplées d’une mise à l’écart des minorités raciales dans la conception et la mise en oeuvre des politiques environnementales.

    De l’implantation de sites d’enfouissement de déchets dangereux à des déversements de déchets toxiques dans certains quartiers, ces phénomènes touchent d’abord et avant tout les minorités ethniques : Africain-Américains, Hispaniques, populations autochtones… Les personnes les plus impactées face aux diverses pollutions sont donc les plus vulnérables socialement : ouvriers par rapport aux cadres, femmes et enfants par rapport aux hommes… La lutte contre les dégradations environnementales doit s’allier avec la lutte contre les inégalités sociales. Car l’une ne peut aboutir sans l’autre.

    La pollution de l’air

    Les liens entre pollution de l’air et santé Selon Santé publique France, “Même à de faibles niveaux, l’exposition aux polluants peut provoquer, le jour même ou dans les jours qui suivent, des symptômes irritatifs au niveau des yeux, du nez et de la gorge mais peut également aggraver des pathologies respiratoires chroniques”. A plus long terme, et même avec des niveaux de concentration faible, les conséquences sur la santé peuvent être bien plus importantes : la pollution de l’air accroît les risques de maladies respiratoires comme la pneumonie, les maladies chroniques comme les cancers du poumon et les maladies cardio-vasculaires. Des normes et autorités de régulations existent à l’échelle nationale et européenne. En mars 2020, les Etats membres de l’Unions Européenne ont validé les mesures préconisées par la Commission notamment sur le durcissement des règles sur les limites de concentration des polluants (selon les recommandations de l’OMS). 

    AirParif a d’ailleurs réalisé un état des lieux des normes et régulations sur la pollution de l’air en Europe. Pourtant, ces directives sont peu souvent respectées. 

    Pollution de l’air subie au travail : les risques pour les travailleurs. Dans le métro, la pollution de l’air est encore trop peu prise en compte. A Paris par exemple, la RATP met en danger la santé des travailleurs et des usagers. En effet, sur les quais et dans les couloirs du métro, les taux d’exposition aux particules fines “oscillent entre 91 et 207 micro-grammes(µg)/m³ d’air pour les particules PM10”. Pourtant l’OMS a fixé le seuil critique à 50µg/m³ pas plus de trois jours par an, “car ces particules sont capables de pénétrer et de se loger profondément à l’intérieur du système respiratoire”. Alors qui est impacté par les particules fines PM10 et PM2,5 ? Les conducteurs bien sûr mais aussi les agents de manœuvre, les contrôleurs, les personnes au guichet, les agents de sécurité… Tous subissent une exposition démesurée à cette pollution dans leur environnement de travail quotidien

    Quelles conséquences sur la santé ? Selon les métiers, certaines personnes vont souffrir plus que la moyenne de cancers ou de maladies cardiovasculaires. Les inégalités d’exposition à la pollution au travail sont bien réelles. Par exemple, les “deux tiers des ouvriers déclarent respirer des fumées ou des poussières sur leur lieu de travail contre un cadre supérieur sur dix”. D’autres chiffres alarmants concernant l’exposition aux nuisances sonores ou aux risques infectieux ont été étudiés par l’Observatoire des Inégalités. Les inégalités sociales face aux risques environnementaux sont encore trop peu abordées. Pourtant, “Le travail c’est aussi le bruit, la chaleur, les poussières ou la manipulation de produits qui donnent le cancer. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’au cours des années récentes les écarts se sont accrus”. 

    Aujourd’hui, un salarié sur trois subit la pollution de l’air au travail. Ouvriers des usines, chauffeurs-livreurs, personnels des transports publics et privés, travailleurs confrontés à l’amiante, agriculteurs confrontés aux pesticides, éleveurs industriels, personnels des stations services. La liste est longue et les inégalités règnent. 

    Pollution de l’air liée à l’agriculture : les risques pour les travailleurs agricoles. Dans les métiers agricoles particulièrement, les risques d’exposition aux pollutions sont élevées. Face à la crise du coronavirus, le Ministère de l’agriculture a lancé un appel à volontaires pour rejoindre les exploitations agricoles en manque de main-d’oeuvre étrangère. En plus de contrats précaires, il s’agit là de métiers difficiles voire dangereux exercés par des personnes sans aucune expérience dans le secteur. En guise de protection, des combinaisons, lunettes et gants de protection sans aucune formation ni sur leur utilisation ni sur le degré de toxicité des produits auxquels les travailleurs sont exposés. Face à ces risques de pollutions liées aux pesticides, l’association Phyto victimes a été créée en 2011 pour “rendre justice aux professionnels victimes des pesticides, et lutter contre la sous-évaluation des conséquences sanitaires des pesticides”. 

    Pollution de l’air dans les ménages : les risques pour les femmes et les enfants. Les femmes et les enfants sont également en première ligne face aux diverses pollutions. En effet, selon l’OMS, la pollution de l’air à l’intérieur des habitations concerne plus particulièrement les femmes. “Plus de la moitié des décès dus à la pneumonie chez les enfants de moins de cinq ans peuvent être attribués à la pollution de l’air intérieur”.  

    La pollution de l’air dans les écoles doit aussi être étudiéeL’association Respire sortait en mai 2019 un rapport sur la pollution dans les établissements scolaires de région parisienne ainsi qu’une carte interactive à partir de données fournies par Airparif (qui a d’ailleurs sorti une carte sur l’impact des mesures de confinement sur la pollution). En septembre 2019, une étude de l’Alliance pour la santé et l’environnement rapportaient des expositions continues à la pollution atmosphérique dans six établissements scolaires parisiens. Des résultats inquiétants pour près de 1000 écoliers de la capitale.

    Pollution de l’eau douce en France

    L’impact de la pollution de l’eau est sous-estimé, selon la Banque mondiale. Dans son dernier rapport, l’institution se penche sur l’impact environnemental, sanitaire et économique de deux polluants universels, les nitrates et le sel. L’eau minérale est quant à elle plus épargnée par la pollution. Des tests ont détecté des résidus de pesticides, de phtalates et de médicaments dans ces sources pourtant réputées pures. Pollutions dues à l’agriculture L’agriculture est à l’origine des deux tiers de la pollution de l’eau potable en France. « Selon l’UFC-Que choisir, 1,7 million de Français reçoit encore une eau non conforme à la législation”. 69% des cas de pollution des eaux vient de l’agriculture. En cause ? Les pesticides qui représentent 60% de cette pollution agricole. En France, cette pollution touche environ 700 000 personnes, notamment dans le bassin parisien, le Nord, la vallée du Rhône et le Sud-Ouest.

    Les pesticides se répandent notamment avec l’agriculture intensive. Bon nombre de rivières, de nappes phréatiques et de nappes souterraines sont déjà touchées en France. Le confinement n’a d’ailleurs pas empêché la pollution des rivières en Bretagne. Certains agriculteurs en ont profité pour faire de l’épandage à outrance. Pollutions dues à l’industrie La France est accusée par ses voisins belges de « négligence » pour avoir omis d’alerter sur une grave pollution fluviale qui a eu lieu le 9 avril. Qualifiée de « catastrophe environnementale », cette pollution émane de l’usine Tereos à Cambrai à partir de laquelle 100 000 mètres cubes d’eau de lavage des betteraves sucrières se sont déversés dans l’Escaut, asphyxiant tout sur leur passage. D’autre part, en Normandie, une usine du groupe Servier a aussi été à l’origine d’une pollution de l’eau. Plus de 20 000 personnes ont été privées d’eau potable après la découverte de N-Nitrosomorpholine dans un captage d’eau à Bolbec (Seine-Maritime). Enfin, nos médicaments polluent aussi les rivières. De plus en plus de résidus chimiques issus de traitements utilisés en médecine humaine et animale se retrouvent dans la nature et dans l’eau.

    Pollution et confinement : quel bilan ?

    La qualité de l’air est l’un des enjeux majeurs à reconquérir dans nos villes. Si le confinement a permis, en un peu plus d’une semaine, de réduire la pollution de l’air dans l’agglomération parisienne de 20 à 30 % par rapport à un mois de mars « normal », selon un bilan provisoire publié par Airparif, cela ne doit pas cacher la réalité de la situation. Bien que la pollution due au trafic routier ait baissée durant le confinement, de nombreuses autres sources d’émissions polluantes sont, elles, restées actives. Cela explique des épisodes de pollution qui se sont déclarés dans diverses régions, comme dans le Norden Normandie, ou en Bretagne.

    Les principales sources de pollution semblent être le chauffage au bois et l’activité agricole. Une procédure d’alerte pour pollution aux particules fines a d’ailleurs été enclenchée le 25 avril dans la Manche et en Seine-Maritime. Ce sont principalement les activités liées à l’agriculture, notamment les épandages, ou encore la combustion de la biomasse (brûlage de déchets verts) qui ont été responsables de ces dégradations de la qualité de l’air. Pendant le confinement, les agriculteurs ont bénéficié d’un changement de la réglementation sur les zones d’épandage qui leur a été très favorable : sous certaines conditions, les zones de non-traitement ont pu être réduites de 10 mètres à 5 mètres pour la ZNT en arboriculture, viticulture, petits fruits et de 5 mètres à 3 mètres pour les autres cultures… “Non seulement les gens, déjà inquiets pour leur santé, ne peuvent s’éloigner lorsqu’ils sont incommodés, mais le télétravail et le chômage leur laissent tout loisir d’assister, par la fenêtre, aux ballets des tracteurs”. 

    Toutefois, en réduisant la pollution de l’air, le confinement aurait tout de même évité 11 000 décès en Europe en un mois. En France, ce chiffre s’élève à 1230 sur la période du confinement, grâce à une réduction des concentrations en particules fines (moins 10% du niveau moyen) et de dioxyde d’azote (moins 40% du niveau moyen). Cela montre l’importance de considérer la pollution de l’air comme un réel problème de santé publique et de mettre en place des politiques ambitieuses pour réduire ses effets. Pour rappel, c’est chaque année en Europe plus de 400 000 morts prématurées à cause des particules fines et du dioxyde d’azote selon l’Agence européenne de l’environnement.

    Dans Libération, on peut lire que la baisse de la circulation automobile a eu un effet sur la qualité de l’air notamment dans les zones denses où se concentrent les véhicules. Place de l’Opéra à Paris ou au tunnel de la Croix-Rousse à Lyon, “la concentration d’oxydes d’azote (NOx) a diminué drastiquement depuis le début du confinement”. Une diminution de 30% de la concentration de NOx a été enregistrée à Lille. A Nantes, le chiffre s’élève à 75% entre la 1ere quinzaine de mars et 2nde.

    Autre type de polluants particulièrement nocifs, les particules fines n’ont quant à elles perdu en concentration que plus tardivement. En cause ? Chauffage au feu de bois et épandage d’engrais. “A Paris, c’est l’agriculture non-biologique qui était responsable du taux élevé”. La météo clémente des premières semaines de confinement a aussi favorisé cette concentration de particules PM10 et PM2,5.

    Face à ces risques environnementaux : que peut la justice ?

    Dans les tribunaux, ces dernières années, la faute de l’Etat a été reconnue à plusieurs reprises face à la pollution de l’air. Dès 2017, le Conseil d’Etat enjoignait le gouvernement de “prendre toute les mesures nécessaires” contre la pollution de l’air. En 2019, deux tribunaux franciliens ont également reconnu la faute de l’Etat. 

    Le tribunal administratif de Montreuil a jugé que celui-ci avait commis “une faute du fait de l’insuffisance des mesures prises en matière de qualité de l’air pour remédier au dépassement, entre 2012 et 2016, dans la région Ile-de-France, des valeurs limites de concentration de certains gaz polluants”. Puis, le tribunal administratif de Paris a donné raison à trois requérants, vivant à Paris depuis 20 ans et souffrant de pathologies respiratoires. Au niveau européen également, en 2018, la Commission européenne a renvoyé la France et 5 autres Etats membres devant la Cour de Justice de l’Union Européenne pour non-respect de la directive 2008/50/CE du 21 mai 2008 sur la qualité de l’air. 

    Récemment, le 9 mars 2020, des parents d’élèves de l’école Michel-Servet à Lyon, accompagnés par Greenpeace (située à la sortie du tunnel de la Croix-Rousse, zone particulièrement polluée de la métropole) ont lancé une action en justice contre la ville, la métropole et l’Etat contre l’insuffisance de l’action pour lutter contre la pollution de l’air. Une autre action qui avait pour but de protéger les enfants d’une école, a elle connu une victoire récente. Il s’agit d’un recours déposé en janvier à la Cour Administrative d’Appel de Paris. La FCPE de Seine-Saint-Denis et l’association Vivre à Pleyel, accompagnées par GéoAvocats, demandaient qu’un projet d’échangeur autoroutier sur l’A86 à Pleyel soit revu afin que la concentration du trafic routier aux abords du groupe scolaire Pleyel/Anatole France soit réduite. Le 5 mai, le juge des référés a rendu son verdict suspendant l’arrêté du préfet d’Ile-de-France. 

    Enfin, en plein coeur de l’épidémie, l’association Respire avait déposé un référé-liberté au Conseil d’Etat sur les liens entre pollution de l’air et coronavirus en demandant “l’application immédiate des dispositions prévues (arrêté du 7 avril 2016) en cas de pic de pollution en particulier dans le cadre des activités agricoles, qui restent, en ces temps de confinement, cause de pollution”. L’association Respire demandait que soit reconnue la carence de l’État à réglementer les épandages générateurs d’ammoniac créant une pollution atmosphérique susceptible d’aggraver l’épidémie de coronavirus. Pour l’association, le rejet de la requête le 20 avril par le Conseil d’Etat va à l’encontre de la santé publique.

    Quels liens entre pollutions et changement climatique ?

    Si le dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre, n’atteint pas la santé humaine (dans les quantités usuelles), les liens entre polluants atmosphériques et changements climatiques existent bien. D’un côté, la pollution de l’air contribue au changement climatique. Certains polluants font actuellement l’objet de recherche sur leur rôle dans le réchauffement climatique : c’est le cas par exemple du carbone suie, émis par les moteurs à combustion, qui serait le deuxième facteur de réchauffement climatique dans le monde, après le CO2 (Voir le rapport complet de Airparif). 

    En retour, le changement climatique aggrave aussi la pollution atmosphérique. L’augmentation des températures favorisent la production d’ozone et les feux de forêts et augmentent la désertification (ce qui amplifie la présence de particules de sable dans l’air). “De plus, sous l’effet de la chaleur, certains gaz comme les composants organiques volatils et les oxydes d’azote (NO et NO2) se transforment en ozone (O3), un gaz irritant très puissant qui déclenche certaines maladies respiratoires et cardiovasculaires”. Enfin, le changement climatique est également la cause d’un allongement de la saison des pollens dans les pays du Nord et du déplacement de végétation dans de nouvelles zones ce qui favorise le développement des allergies.

    D’ailleurs, en 20 ans, le nombre d’allergies liées au pollen a triplé dans l’Hexagone. Ce sont 20% des adolescents et plus de 30% des adultes qui sont touchés, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. 

    L’association AirParif affirme donc que les actions pour lutter contre le changement climatique et les pollutions atmosphériques doivent être synchronisées, en particulier les politiques visant à réduire la consommation énergétique permettant de progresser sur les deux plans. “A l’inverse, certaines stratégies menées de manière indépendante pour réduire l’un peut voir un impact négatif pour l’autre : le chauffage individuel au bois, l’évaluation des véhicules uniquement sur le CO2…”.

    En plein coeur de la crise sanitaire, les soignant-es ont voulu rappeler que la plus grande menace sur notre santé est le changement climatique, dans une tribune publiée le 9 mai par Reporterre. Notre droit à la santé est déjà gravement menacé par les dégradations environnementales. Il y a urgence vitale à agir.

    Pollutions, santé et liberté d’informer

    Informer sur les différentes pollutions, c’est bien évidemment s’attacher aussi à démontrer les responsabilités, en se basant sur des faits scientifiques et des enquêtes de terrain. Or, dans certains cas, cette liberté d’informer portée par des journalistes est mise à mal par certains secteurs industriels puissants. La bande-dessinée Algues vertes, l’histoire interdite retrace l’enquête menée par Inès Léraud en collaboration avec Pierre Van Hove sur les causes et conséquences des algues vertes en Bretagne, pollution due au secteur agroalimentaire. Malgré de nombreuses enquêtes sur plusieurs décennies et des preuves scientifiques à foison, peu de mesures sont prises contre la propagation de cette pollution. Ses conséquences néfastes pour la santé (pouvant entraîner jusqu’à la mort) ne sont aujourd’hui pas encore adressées par les pouvoirs publics.


    78% des Européens pensent que les problèmes environnementaux ont un effet direct sur leurs vies quotidiennes et leur santé. Les impacts sanitaires des dégradations environnementales et du changement climatique sont multiples. Ces prochains mois, la revue de presse IMPACTS cette diversité de phénomènes.

  • 2 avril 2020 – Numéro spécial crise sanitaire de IMPACTS


    Dans le contexte de la crise du Covid-19, Notre Affaire à Tous sort aujourd’hui un numéro spécial de la revue de presse des inégalités climatiques #IMPACTS. Les risques sanitaires du réchauffement de la planète, de la perte de la biodiversité et des dégradations environnementales sont multiples : canicules, pollutions, maladies infectieuses… Nombreuses seront les victimes. 

    Dès 2015, en amont de la COP21, des professionnels de la santé, réunis dans l’Alliance mondiale pour le climat et la santé, appelaient à l’adoption d’un accord international ambitieux sur le changement climatique, afin de protéger la santé des populations. Dans la mesure où il aggraverait la survenance de crises sanitaires, le changement climatique devient une question primordiale de santé publique. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rappelle d’ailleurs que les changements climatiques seront la cause de 250 000 décès par an. Depuis le début du confinement, une multitude d’articles ont été publiés sur les similarités entre crise sanitaire et crise climatique et la nécessité d’une relance post-crise socialement et écologiquement juste. 

    Aujourd’hui, plus que jamais, au travers de cette revue de presse, notre souhait est d’identifier les liens étroits entre santé et environnement, les droits menacés par le dérèglement climatique du point de vue sanitaire et les liens entre la crise que nous vivons et celle à venir. Pour combattre les inégalités, sociales et climatiquesil nous faut les connaître. C’est le sens de cette revue de presse élaborée par les bénévoles de Notre Affaire à Tous, qui revient chaque mois sur les #IMPACTS différenciés du changement climatique, sur nos vies, nos droits et ceux de la nature.



    L’épidémie du Covid-19 souligne l’impact des activités humaines sur la nature et les répercussions que celles-ci engendrent : la déforestation, dégradation majeure de l’environnement au profit d’intérêts économiques, a des conséquences directes sur la santé humaine. Elle est liée à 31% des épidémies comme Ebola ou encore les virus Zika et Nipah.

    En effet, parce que “la majorité des nouvelles maladies infectieuses vient des animaux sauvages”, la déforestation favorise la propagation des virus chez les humains. Selon l’OMS, 60% des maladies infectieuses humaines sont zoonotiques, c’est-à-dire qu’elles se transmettent des animaux vertébrés vers les humains, et inversement. Source : Organisation mondiale de la santé animale.

    L’impact des dégradations humaines sur l’environnement entraîne des déséquilibres environnementaux qui ont des conséquences directes sur la santé animale et humaine, profondément interdépendantes. Un rapport des Nations Unies de 2016 pointait déjà du doigt le risque sanitaire des maladies zoonoses en raison de la destruction des écosystèmes.

    En perturbant les écosystèmes, en coupant des arbres, en forçant les animaux à migrer plus près des villes ou encore en les tuant, nous libérons des virus de leurs hôtes naturels qui doivent alors trouver de nouveaux hôtes : souvent, les humains. Le Covid-19 en est la preuve. Bien que la mondialisation et la mobilité humaine favorisent le déplacement des virus aux quatre coins du globe, le changement climatique renforce toujours plus la propagation de ces maladies infectieusesLe dernier rapport de la revue médicale The Lancet, sorti en novembre 2018 affirme que le dérèglement climatique produit des changements dans la transmission de maladies vectorielles ou hydriques. Par exemple, en 2016, “la capacité vectorielle mondiale pour la transmission du virus de la dengue a atteint son plus haut niveau jamais enregistré”. Le rapport Lancet Countdown met en lumière de multiples risques que pose le changement climatique sur la santé humaine : chocs cardiovasculaires, propagation de virus, pénuries alimentaires. Il insiste enfin particulièrement sur les vulnérabilités dues à la pollution de l’air, un phénomène d’autant plus capital qu’il semble être un facteur aggravant du virus du Covid-19. L’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) observe que la France et l’Italie, deux des pays les plus touchés par l’épidémie sont d’ailleurs les plus pollués en particules fines d’Europe. Nos modes de vie urbains sont au coeur de ces dégradations : on peut lire dans Le Temps que la pandémie de coronavirus est partie de Wuhan, “une ville qui a subi fin 2019 près de deux mois d’un niveau exceptionnel aux particules fines PM2.5”.



    De nouvelles maladies risquent aussi d’émerger avec le dégel du pergélisol. En plus de rejeter massivement du protoxyde d’azote au moment de sa fonte, troisième gaz à effet de serre le plus préoccupant, ce sol, normalement gelé en permanence, pourrait perdre jusqu’à 70% de sa surface d’ici 2100, selon le GIEC. 

    Dans Actu Environnement, on peut lire que “la fonte de la cryosphère et la hausse des températures augmentent le risque d’exposition à des pathogènes humains, laissant craindre que la pandémie de Covid-19 ne soit que la première des épidémies à venir si le dérèglement du climat n’est pas enrayé”. Après des centaines voire des milliers d’années, des maladies dont nous pensions être protégé-es vont refaire surface avec la fonte des calottes glaciaires et du pergélisol. Ce phénomène va également modifier la propagation des virus. C’est notamment le cas de la maladie du charbon, l’anthrax, qui a causé la mort d’un enfant en Sibérie en 2016, alors que la maladie avait disparu de la région depuis 75 ans. Les volontés des industries minières et pétrolières en Arctique, outre la catastrophe que leurs activités engendreraient sur l’environnement, pourraient réveiller des virus enfouis dans les sous-sols. De nombreuses maladies infectieuses existantes se propagent aussi plus facilement avec le réchauffement climatique. En tête des maladies liées au climat ? Le choléra, dont la bactérie est liée à 9 composantes climatiques, et la maladie de Lyme, liée à 7 facteurs climatiques. Cette dernière risque de se propager plus facilement : une étude de 2014 montre que les taux de reproduction et les aires de répartition des tiques, vecteurs de la maladie de Lyme, vont augmenter à mesure que les températures se réchauffent. Températures, humidité, niveau de précipitations, tous ces aléas peuvent être responsables de telles propagations, qui concernent surtout les maladies vectorielles.

    La dengue, le chikungunya, le zika, la fièvre jaune, maladies provenant du moustique-tigre, gagnent de nouveaux territoires chaque année, dont le Lot-et-Garonne, département désormais “classé en niveau 1 du plan national anti-dissémination de ces virus”. En 2019, la dengue a particulièrement touché l’Ile de la Réunion. Enfin, c’est en 2014 qu’une première étude établissait le lien direct entre changement climatique et émergence d’une maladie avec l’ulcère de Buruli en Guyane, infection qui connaît des pics épidémiques lors des épisodes El Niño. 

    Même si les liens entre réchauffement planétaire et diffusion des épidémies divisent encore les chercheurs, il est nécessaire que les politiques de lutte contre le changement climatique prennent mieux en compte la question sanitaire. Sinon, c’est prendre le risque de connaître des pandémies telles que celle du Covid-19, sources majeures d’inégalités à toute échelle. Au niveau mondial, des réseaux de chercheurs et de professionnels de santé se forment pour une réelle protection des populations face à ces risques. Une “conférence mondiale relative à l’impact des changements climatiques sur la santé” a notamment été organisée en 2019 par la Croix-Rouge.


    Cette crise est-elle l’occasion de redonner un coup d’accélérateur à la lutte contre le dérèglement climatique ? A court-terme, il semblerait que la crise ait des effets positifs sur l’environnement : des images de la NASA ont montré une diminution flagrante de la pollution en Chine dès les premières semaines de confinement. Les émissions de dioxyde d’azote (NO2) ont diminué entre 10 et 30% entre le 2 février et le 1er mars 2020 comparé à la même période en 2019. A Venise, l’eau des canaux est redevenue limpide, grâce à une activité touristique au point mort. Des dauphins ont fait leur retour dans un port de SardaigneCes images, bien que réjouissantes de prime abord, cachent une réalité beaucoup moins glorieuse.

    Pour François Gemenne, la crise du coronavirus est “une bombe à retardement pour le climat” : relance économique qui suscitera un boom des émissions de gaz à effet de serre, climat au second plan de toute décision politique au profit de reprises d’activités climaticides… il semble aujourd’hui essentiel d’apprendre des crises, qui, malgré leurs différences, ont des origines et des conséquences parfois similaires. Le think tank I4CE vient d’ailleurs de publier une note pour permettre l’investissement post-crise en faveur du climat.

    Le manque d’anticipation de la crise sanitaire rappelle aussi avec tristesse le manque de moyens alloués à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique. Si nous continuons sur cette voie, le manque d’anticipation aura certainement des effets bien plus dévastateurs que la pandémie du Covid-19. Aujourd’hui, encore trop peu d’études sont réalisées au sujet de l’adaptation des territoires et des êtres vivants aux changements climatiques. En France par exemple, la région Nouvelle-Aquitaine est une des seules à avoir étudié les impacts socio-économiques et naturels de la dégradation de l’environnement, grâce au travail du Comité Scientifique Régional AcclimaTerra.


    Si la maladie touche tout le monde, nous n’y sommes pas confrontés de la même manière. Partout dans le monde, la pandémie est un grand révélateur des inégalités”. Au début du confinement l’économiste Lucas Chancel discutait de ces enjeux dans une interview pour France Culture. En effet, les inégalités sociales sont exacerbées par la crise sanitaire. Les plus démuni-es sont les plus touché-es et souvent délaissé-es : migrant-espersonnes âgées et isoléesdétenustravailleurs précairesfemmes occupant des métiers à risques et sous-rémunérés (hôtesses de caisse, infirmières, aides-soignantes), personnes sans domicile fixe, etc. Face au manque de ressources et à la précarité, de nombreuses personnes s’adaptent difficilement au confinement : le mal-logement est d’ailleurs un fléau qui se révèle encore plus en cette période exceptionnelle. 

    Les rapports annuels de la Fondation Abbé Pierre sont révélateurs du manque de prise en compte des mal-logés, alors que le phénomène de surpeuplement des logements touche 9 millions de personnes en France, un chiffre qui augmente depuis 10 ans. La période de confinement pose évidemment la question du droit à un logement digne. Si nous faisons le lien entre mal logement et lutte contre le changement climatique, c’est la question de la précarité énergétique qui nous vient à l’esprit. Il y a actuellement près de 7 millions de personnes en situation de précarité énergétique selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, subissant à la fois le froid et le chaud et se ruinant en facture énergétique. Ce phénomène est aussi source de maladies plus fréquentes, comme l’asthme, les bronchites ou autres maladies respiratoires. 

    Les enfants issus de familles plus précaires pâtiront également plus de cette période de confinement : les inégalités entre élèves vont se creuser car les cours à la maison dépendent à la fois de la capacité des parents à prendre le relais des enseignant-es mais aussi de l’accès à internet, à partir duquel les outils pédagogiques sont mis à disposition. 

    Le droit à l’eau aussi est impacté : l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est nécessaire pour effectuer les “gestes barrières” et lutter contre la propagation du coronavirus. Or, 1% de la population française n’a pas accès à l’eau, notamment les populations précaires et marginalisées en métropole, et les Outre-Mer qui subissent de plein fouet cette inégalité. 

    Par ailleurs, le projet de loi de l’Etat français instituant un “état d’urgence sanitaire” engendrera des mesures exceptionnelles restreignant les libertés fondamentales comme la liberté d’aller et venir, la liberté de réunion ou encore la liberté d’entreprendre. Si les effets des mesures de confinement permettent à la fois de ralentir la propagation du virus et de diminuer la présence de polluants qualifiés de nocifs pour les êtres vivants, il est difficile de considérer que de telles mesures exceptionnelles et restrictives des libertés pourraient faire partie de la solution pour garantir le droit à un environnement sain. 

    Aux Etats-Unis, les populations afro-américaine, latino-américaine et autochtones sont les trois catégories de populations les plus affectées par les crises sanitaires. Ces communautés vivent à la fois dans des zones peu prises en compte dans les politiques publiques, souvent situées dans les endroits les plus pollués et leurs emplois ne garantissent souvent aucun jour d’arrêt maladie. Pour le Dr. Melissa Clark, le racisme et la pauvreté sont des facteurs aggravants en période de crise sanitaire, qui les rend plus vulnérables que la moyenne et plus touchées par des maladies chroniques. Le développement des maladies est directement lié à l’environnement socio-économique des populations. Ces communautés vulnérables sont aussi celles qui sont le plus impactées par le changement climatique. C’est d’ailleurs suite au constat que leurs situations sociale, économique, politique rendaient difficile la contestation de projets polluants que le terme de justice environnementale est né aux Etats-Unis. Ainsi, la phrase de Lucas Chancel pourrait en tout point de vue être appliquée au changement climatique. Car celui-ci touchera tout le monde, mais plus durement et en premier lieu les personnes les plus vulnérables, les conséquences du réchauffement climatique étant étroitement liées à des variables sociales, culturelles et institutionnelles, aggravant les inégalités.


    En tant qu’association qui travaille avec détermination contre la crise climatique, nous sommes solidaires des personnes affectées par cette pandémie et celles qui sont en première ligne pour la combattre. Quand il s’agit de protéger les modes de vie et les droits fondamentaux, toutes les crises doivent être traitées de manière égale. Nous devons y répondre aujourd’hui, aplatir la courbe du coronavirus tout en retenant les leçons de la crise sanitaire.

    78% des Européens pensent que les problèmes environnementaux ont un effet direct sur leurs vies quotidiennes et leur santé. Les impacts sanitaires des dégradations environnementales et du changement climatique sont évidemment multiples et ne se cantonnent pas à l’apparition de maladies infectieuses. Ces phénomènes seront explorés dans les numéros de IMPACTS ces prochains mois.

  • La justice climatique, partout sur les territoires !

    7 et 8 mars 2020 : Notre Affaire à Tous en région Rhône-Alpes !

    Rencontres avec citoyennes et citoyens qui s’engagent pour la justice climatique, rendez-vous avec des professionnels du droit, retrouvailles avec un allié de longue date et visite des membres de notre groupe local à Lyon : un weekend intense !

    L’Affaire du Siècle des régions ?

    Ce weekend nous a permis de rencontrer des personnes inspirantes, déterminées à chercher la justice pour la protection de leur futur et celui de leurs enfants. Réuni-es dans un collectif de 25 personnes appelé “Parents pour la planète”, ces parents se sont rassemblés en octobre 2019 à l’initiative de Hélène Fléchet, soucieuse de l’avenir de ses enfants dans la Drôme, département particulièrement vulnérable à la sécheresse et au stress hydrique.

    Après l’envoi d’une lettre à des parents d’élèves de son département, elle est parvenue à former ce collectif unique ! 

    Visage et témoin direct des impacts du changement climatique sur leur territoire, le collectif a lancé une pétition rassemblant à ce jour 55 000 signatures. Le futur de leurs enfants est au centre de leur action. Ces citoyennes et citoyens espèrent que leur action juridique sera suivie par d’autres et aura un effet “boule de neige” sur tous les territoires ! Leur action a d’ailleurs déjà des répercussions : A Lyon et dans le Lot, des parents d’élèves sont en en train d’initier des actions similaires. 

    L’Affaire du Siècle, l’action en justice contre l’inaction climatique de l’Etat français a été facteur de sensibilisation sur les obligations climatiques des pouvoirs publics, et de celles de protection des droits fondamentaux des citoyennes et citoyens. Au travers de recours face aux grands projets inutiles et imposés partout sur les territoires, d’appels pour une constitution écologique, d’actions en justice face aux pollueurs majeurs, françaises et français se saisissent des outils juridiques pour protéger leurs droits et ceux de la planète.

    Les témoins du changement climatique sont nombreux

    Et pour cause : les personnes impactées par le changement climatique sont de plus en plus nombreuses, en France et dans le monde. Ce sont les femmes, les personnes les plus précaires, les personnes âgées, les jeunes et futures générations qui sont en première ligne du changement climatique et qui subiront d’abord des atteintes à leurs conditions de vie et leurs droits fondamentaux. 

    Notre séjour drômois nous a d’ailleurs permis de rendre visite à Maurice Feschet, un visage révélateur des impacts du changement climatique en France. Lavandiculteur à la retraite, Maurice, 73 ans, est engagé depuis mai 2018 dans une action en justice contre le manque d’ambition climatique de l’Union Européenne à l’horizon 2030. Avec 10 autres plaignant-es (des familles d’Europe et du monde et une association de jeunesse autochtone en Suède), il agit pour la protection de ses droits fondamentaux à la vie, à la santé, au logement, au travail et à la propriété. Cette action, c’est le People’s Climate Case

    Nous accompagnons Maurice depuis deux ans dans sa quête de justice, pour lui et sa famille, qui subissent les conséquences économiques du réchauffement climatique. Car en 6 ans, la famille a perdu 44% de ses revenus liés à la récolte de lavande. 

    Malgré une décision défavorable en première instance, la famille ne perd pas espoir et continue à demander justice tout en sensibilisant les communautés alentours à la nécessité d’agir pour notre futur. Lors de notre visite, Maurice Feschet nous a expliqué les étapes de la production de lavande, les outils nécessaires et les problèmes que lui et sa famille rencontrent depuis une décennie à cause des sécheresses à répétition dans la Drôme provençale. 

    Visite du groupe local de Notre Affaire à Tous à Lyon

    Sur le chemin de la Drôme, nous avons aussi rendu visite le groupe local Lyonnais aux 34ème salon-rencontres de l’alter-écologie Primevère à Eurexpo Lyon. C’était l’occasion, par la tenue d’un stand et notre participation à une conférence, de promouvoir le droit comme moyen d’action dans notre combat pour instaurer une justice climatique et sociale. De nombreux citoyen-nes, souvent signataires de l’Affaire du Siècle, sont venus nous solliciter pour des actions locales ou témoigner de l’impact du changement climatique sur leur vie. 

    Ce fut également l’occasion de solidifier nos relations avec les autres associations de protection de l’environnement locales présentes au salon pour unir nos forces et protéger ensemble nos droits et ceux de la nature. Vous pouvez contacter le groupe local à cette adresse : lyon@notreaffaireatous.org

  • 25 février 2020 – Les villes françaises face au changement climatique ?

    Les villes françaises face au changement climatique ? Les impacts du dérèglement du climat sont visibles partout. Et les milieux urbains n’y échappent pas. Quelles sont les conséquences du changement climatique sur les modes de vie des citadin-es français-es ? Canicules et îlots de chaleur, pics de pollutions, surdensification, atteintes à la santé publique et aux conditions de travail, précarité énergétique… Autant de signaux révélateurs de fortes inégalités au sein des villes françaises. 

    Ce 8e numéro de #IMPACTS, la revue de presse des inégalités climatiques s’inspire de l’enquête “Vivre les fournaises urbaines” sur les vécus climatiques dans 5 villes du sud de la France réalisée par Guillaume Faburel de l’Université Lyon 2, durant l’été 2019. Cette enquête montre notamment un sentiment d’injustice face aux impacts du changement climatique. A l’heure où les prévisions estiment à 70% la part de la population urbaine mondiale en 2050 et où l’Agence Européenne de l’Environnement vient de publier une série de cartographies sur les impacts auxquels devront faire face les européen-nes d’ici 2100, il est indispensable de préparer les villes à des changements d’ampleur inégalée. 

    Pour combattre les inégalités, sociales et climatiquesil nous faut les connaître. C’est le sens de cette revue de presse élaborée par les bénévoles de Notre Affaire à Tous, qui revient chaque mois sur les #IMPACTS différenciés du changement climatique, sur nos vies, nos droits et ceux de la nature.

    L’été 2019 en France a été le théâtre de deux fortes vagues de chaleur. Elles ont touché les milieux urbains de plein fouet. Les personnes touchées par la précarité énergétique et le mal logement étaient malheureusement aux premières loges de ces phénomènes. Selon la loi Grenelle II, un ménage est en état de précarité énergétique s’il consacre plus de 8% de ses revenus à ses dépenses d’énergie. En France, près de 7 millions de personnes souffrent de ce phénomène et les moins aisées sont les plus touchées. L’ADEME estime que 70% des personnes en situation de précarité énergétique appartiennent aux 25% de ménages les plus modestes et 65% vivent en ville. Les urbains seraient donc fortement touchés par cette précarité. Pour la Fondation Abbé Pierre, ce phénomène est une illustration des inégalités et un facteur aggravant de la pauvreté. 

    La précarité énergétique est souvent associée à la difficulté de se chauffer l’hiver. L’article de Mediapart “Voyage au coeur de la précarité énergétique dans le 93” montre que dépenser “tout son argent en factures d’électricité, grelotter dans son lit, avoir des températures plus basses à l’intérieur que dehors” sont autant de problèmes auxquels font face ces “victimes invisibles” des logements inadaptés au changement climatique. 

    Cependant les fortes chaleurs d’été touchent tout autant les habitant-es des “passoires thermiques”. Et dans le contexte du réchauffement climatique, les périodes des canicules sont amenées à se multiplier. Les impacts sanitaires liés au changement climatique sont notamment flagrants en milieu urbain. En effet, parmi les décès attribués à la canicule de 2003, à Paris “41% vivaient dans une pièce unique et 36% dans des chambres de bonnes”. Et, le milieu urbain engendre souvent plus d’isolement, notamment chez les retraités. Par opposition aux villages où le lien social est très marqué, les urbains habitant seuls sont plus en proie à l’isolement et risquent plus d’être oubliés en cas de problème de santé, notamment en période de canicule. 

    Et le constat est encore pire pour les personnes sans domicile fixe pour qui l’accès à l’eau devient un véritable casse tête en période de chaleurs extrêmes. Des associations, comme le Samu social organisent d’ailleurs des distributions de bouteilles d’eau dans de nombreuses villes. L’été serait plus meurtrier que l’hiver pour les sans-abris, d’après France Info

    Face à ces constats alarmants, l’isolation des passoires thermiques est une solution. En plus d’améliorer le bien-être et la santé des habitants, cela permettrait de faire baisser leur facture énergétique. Des bienfaits pour le portefeuille et le climat ! En effet, accélérer la rénovation des passoires énergétiques est un enjeu crucial pour le climat. Pour l’architecte Philippe Rahm “pour lutter contre le réchauffement climatique, changez vos fenêtres” : il explique que cela permettrait de réduire les émissions de CO2 de 15%. Si l’on va plus loin, isoler thermiquement les murs et le toit d’une épaisseur de laine de 25cm permettrait de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 32,4 %.

    Les villes sont en première ligne des effets du changement climatique : elles sont les plus touchées par les fortes chaleurs, notamment liées à la pollution de l’air, à la densité de l’habitat, au manque d’espaces verts et à la minéralisation des sols, le tout dans un contexte de grignotage urbain. On parle d’îlot de chaleur urbain, parce qu’il existe de forts écarts de températures entre la ville et son environnement périphérique moins urbanisé. Pour lutter contre ce phénomène les espaces verts sont vitaux ! 

    Pour une majorité d’habitant-es ayant répondu à l’enquête “Vivre les fournaises urbaines” de l’Université Lyon 2, il existe deux causes principales aux ressentis de fournaises et d’injustices : les dynamiques métropolitaines d’urbanisation, qui passent par une densification à outrance, ainsi que l’hyper concentration des bâtiments et des populations. Et ces dynamiques s’accompagnent souvent d’une disparition remarquée d’espaces de respiration et de décompression : les friches, les espaces verts, les franges non-construites des villes. Pour un étudiant habitant dans les quartiers Nord de Marseille par exemple, “une ville par définition c’est très minéral. Alors ça ne donne pas beaucoup d’espaces de repos, à part des parcs, un peu chez soi. Je pense que c’est bien pour un moment de sa vie mais on n’est pas fait pour vivre en ville entouré de béton”. La deuxième cause réside plutôt dans l’inaction des institutions et des politiques publiques sur les enjeux climatiques urbains. 

    Une chronique publiée sur le site des Nations Unies fait état des bienfaits apportés par les espaces verts aux villes mais aussi des inégalités qui découlent de leur répartition. Les espaces verts sont des “îlots de fraîcheur” et des refuges en cas de forte chaleur. Ils contribuent aussi à l’amélioration de la qualité de l’air et sont donc nécessaires à la bonne santé des citadins. Cependant, les études montrent que les populations les plus défavorisées en milieu urbain vivent dans des quartiers où les espaces verts sont rares ou peu accueillants et insécurisés. Un article publié dans Sciences et Avenir fait le même constat : les personnes les plus touchées par le réchauffement climatique sont souvent des personnes âgées, habitant dans des quartiers populaires disposant de peu d’espaces verts.

    Le changement climatique a déjà des impacts importants sur notre santé et en particulier dans les villes. Les deux épisodes de canicule de l’été 2019 ont fait 1435 victimes en France, touchant particulièrement les enfants de moins de 4 ans et les personnes de plus de 65 ans. Les principales causes de décès sont la déshydratation, et l’aggravation des maladies existantes. L’isolement, l’ébriété, la grossesse, le mal logement et le travail en extérieur sont des facteurs aggravants. Mais les impacts du changement climatique sur notre santé ne se limitent pas aux canicules. La multiplication des épisodes de précipitations extrêmes gagnent aussi en intensité. L’urbanisation et l’imperméabilisation des sols jouent un rôle majeur dans l’exposition aux risques d’inondations et de crues qui peuvent entraîner des montées des eaux très rapides notamment en milieu urbain. Les inondations ont fait 13 morts dans le sud-est à l’automne 2019 et ont emporté 11 personnes dans l’Aude un an plus tôt. Conséquence ? De nombreuses victimes ont développé un « stress post-traumatique ». 

    L’augmentation moyenne des températures a aussi des conséquences sur les allergies. C’est le cas pour les pollens qui touchent près de deux fois plus d’adultes qu’il y a vingt ans (près de 20% des adultes sont allergiques). Cela s’explique par le fait que la saison pollinique des graminées est de plus en plus longue à cause de l’augmentation des températures (par exemple 4,5% par an à Nice depuis 1989). Les allergies aux acariens devraient elles aussi augmenter. En effet, les moisissures prolifèrent avec la chaleur. La densité des acariens est d’ailleurs plus forte en ville, là où la température moyenne est la plus élevée. La chaleur a aussi permis l’arrivée et le développement du moustique tigre, porteur du virus tropical Zika qui a su s’adapter au milieu urbain en colonisant une multitude de récipients et d’éléments d’origine anthropique retenant ou stockant l’eau (fût, bidon etc.). 

    Enfin, les températures élevées favorisent la production de polluants atmosphériques tels que l’ozone. La pollution de l’air dont souffrent les habitant-es des métropoles comme Lille, Paris ou Lyon a des effets de nature respiratoire : symptômes irritatifs, asthme, mais aussi de nature cardio-vasculaire comme les infarctus. Les plus menacé-es par la pollution de l’air sont les personnes âgées, les nourrissons et les jeunes enfants.

    Peut-on continuer à travailler lorsque des vagues de chaleur s’installent ? Les salarié-es du bâtiment et travaux publics sont parmi les plus menacé-es. Durant l’été 2019, dans la Drôme et l’Ardèche, les ouvriers ont dû adapter leurs journées de travail. Avec “les pieds dans le goudron et la tête au soleil” dans des températures extérieures oscillant entre 37°C et 41°C, les conditions de travail devenaient rapidement insoutenables. 

    Mais que dit notre droit ? Le Code du travail prévoit que l’employeur doit “assurer la sécurité” et “protéger la santé” de ses salarié-es. L’employeur est ainsi tenu de prendre des mesures “pour tenir compte du changement des circonstances”, notamment en cas de forte chaleur. En revanche, le Code du travail ne précise pas de température au-dessus de laquelle les salarié-es peuvent cesser le travail. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) donne obligation à l’employeur d’adapter le travail lorsque les températures dépassent 33°C. Cette mesure se traduit souvent, pour les ouvriers du BTP, par le début des journées de travail aux heures les moins chaudes de la journée, comme le matin très tôt. De plus, l’employeur peut aussi changer la nature des activités à réaliser si celles-ci sont trop physiques. Un local de repos adapté aux fortes chaleurs doit être mis à disposition des employé-es, ainsi que 3 litres d’eau par jour. De plus, la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) prévoit l’évacuation des locaux de travail lorsque la température dépasse 34°C

    Pour anticiper les effets des périodes de fortes chaleur sur les conditions de travail, l’ANSES préconise notamment de sensibiliser les travailleurs aux effets du changement climatique sur la santé, mais aussi d’intégrer le changement climatique dans les démarches d’évaluation et de prévention des risques professionnels. Enfin, les élèves peuvent aussi être victimes des fortes chaleurs dans leurs écoles. L’épisode de canicule de la fin juin 2019 s’est déclaré au moment des épreuves du bac et du brevet. Le Brevet a d’ailleurs été reporté de quelques jours. Une meilleure isolation thermique des bâtiments scolaires serait une solution pour faire face aux conséquences du dérèglement climatique. 

    Outre les chaleurs, certaines villes françaises sont également menacées de disparaître dans quelques décennies à cause de l’élévation du niveau de la mer. Les prévisions actuelles du GIEC montre d’ailleurs que la côte rochelaise, dont la ville de La Rochelle, est gravement menacée par ce phénomène.

  • CP / Enquête inédite sur les vécus et engagements climatiques dans 5 villes du Sud de la France

    Communiqué de presse – 14 février 2020

    Après des partenariats avec associations et journalistes, Notre Affaire à Tous s’associe au monde universitaire pour souligner l’urgence à agir face au dérèglement climatique. L’enquête “Vivre les fournaises urbaines”, réalisée avec le géographe Guillaume Faburel (Université Lyon 2), trois doctorant.e.s et des étudiantes en sciences sociales, est le fruit de notre alliance unique et essentielle pour penser de nouveaux milieux et territoires de vie plus écologiques.

    Pour étudier la question essentielle des vécus climatiques et des engagements écologiques dans cinq métropoles et villes moyennes du sud de la France, un géographe, des doctorants et des étudiantes ont réalisé 130 entretiens qualitatifs durant l’été 2019. Cette enquête souligne la volonté des habitant.e.s de se mobiliser aujourd’hui pour réclamer la justice et pour que chacun paie la juste part face aux causes et effets inégaux du changement climatique.

    Des chiffres forts soulignent cette demande de justice : 70% des enquêté.e.s expliquent observer des évolutions du climat au quotidien dans les villes concernées et 56% des personnes interrogées affirment que le changement climatique a des effets concrets sur les modes de vie quotidiens.

    Pour Clothilde Baudouin de Notre Affaire à Tous : “En 2019, nous avons été témoin d’une mobilisation sans précédent pour la protection du vivant. Nous avons voulu montrer que la lutte contre le changement climatique est aussi et surtout une lutte pour la justice sociale : 88% des habitant-es sont conscients que l’inaction est injuste et que les inégalités climatiques sont réelles. Nous sommes convaincu-es que la réalité des ces inégalités a un potentiel de mobilisation fort : l’enquête permet de mettre en lumière l’urgence climatique, qui porte dès maintenant atteinte aux conditions de vie”. 

    Pour Guillaume Faburel, professeur de géographie à l’Université Lyon 2 et coordinateur de l’enquête : “Ce travail confirme plusieurs grandes tendances : le rôle croissant des ressentis climatiques dans la prise de conscience écologique, l’impact jugé négatif des politiques urbaines de densification des grandes villes et le besoin de transformation radicale des sociétés actuelles, la défiance non moins croissante à l’endroit des acteurs économiques (et politiques) et dès lors les souhaits et engagements individuels, par l’autolimitation voire la déconsommation. N’aurions-nous pas là une décroissance en germe, motivée par des enjeux de justice sociale et écologique ?”

    Pour les doctorant-e-s Loriane Ferreira (Université Lyon 2, UMR Triangle), Karl Berthelot (EHESS) et Fabian Lévêque (Université Lyon 2, UMR Triangle) : “Ce qui nous a le plus frappé dans cette enquête, c’est que la plupart des habitant-e-s ne sont pas dupes du discours ambiant que l’adaptation généralisée aux gestes écologiques individuels du quotidien, comme trier ses déchets ou changer sa manière de se déplacer, aura un quelconque impact significatif pour lutter contre le changement climatique. Elles et ils ont été nombreux-euses à demander un changement urgent de trajectoire civilisationnelle, nécessaire pour repenser l’organisation sociale, politique et économique de nos sociétés.”

    Pour Mathilde Girault (Post-doctorante, UMR Triangle) :Les résultats de cette enquête m’ont étonnée car ils donnent à voir le couplage qu’opèrent les habitant·e·s entre une réflexivité écologique sur leurs pratiques quotidiennes et une lecture structurelle des responsabilités du changement climatique – qui relèveraient de la soumission des orientations politiques à un modèle économique (capitalisme, touristification…). Loin de se dégager des enjeux écologiques ou de privilégier une stratégie des “petits gestes”, les habitant·e·s construisent une critique sociale existentielle. 

    Contacts presse

    • Clothilde Baudouin : Notre Affaire à Tous, clothilde.baudouin@notreaffaireatous.org ; 06 09 73 39 39 Guillaume Faburel : Université Lyon 2, UMR Triangle, guillaume.faburel@univ-lyon2.fr ; 06 87 21 29 04
  • Une enquête inédite sur les vécus climatiques

    Une enquête inédite sur les vécus climatiques

    L’année 2019 a été celle du réveil climatique. Pour venir appuyer les nombreuses mobilisations qui se sont développées pour la justice sociale et écologique, et ainsi protéger le vivant, Notre Affaire à Tous a voulu créer un consortium entre sphères universitaire et associative. Car c’est en rassemblant nos expertises que nous sommes plus forts et entendus par celles et ceux que nous voulons voir agir. L’enquête « Vivre les fournaises urbaines » est le fruit d’une alliance unique et essentielle entre Notre Affaire à Tous et l’Université Lyon 2 et l’UMR Triangle pour penser de nouveaux milieux et territoires de vie plus écologiques.

    En juin et juillet 2019, le géographe Guillaume Faburel, trois doctorant.e.s (Fabian Lévêque, Karl Berthelot, Loriane Ferreira), une post-doctorante (Mathilde Girault) et huit étudiantes ont mis à profit leurs expertises pour étudier la question primordiale des vécus climatiques et des engagements écologiques de 130 habitant.e.s de cinq métropoles et villes moyennes du sud de la France. Les habitant.e.s se mobilisent aujourd’hui pour réclamer la justice et pour que chacun paie la juste part face aux causes et effets inégaux du changement climatique.

    Montpellier, Marseille, Toulouse, Narbonne, Nîmes… Autant de villes méridionales dans lesquelles les habitant.e.s s’activent, se rencontrent, ressentent et agissent pour construire une société dans laquelle de réelles actions protègent l’environnement. L’enquête souligne une fois de plus l’urgence à agir et vient soutenir les mobilisations citoyennes qui ont eu lieu en France et dans le monde en 2019. Des chiffres forts soulignent d’ailleurs cette urgence : 70% des enquêté.e.s expliquent observer des évolutions du climat au quotidien dans les villes concernées, 56% des personnes interrogées affirment que le changement climatique a des effets concrets sur les modes de vie quotidiens. La sensation de vivre dans une fournaise urbaine est omniprésente et suscite divers sentiments : suffocation, asphyxie, impuissance, face à des villes grossissantes dans lesquelles se côtoient hyperconcentration du bâti, imperméabilisation des sols, pratiques de surconsommation, accélération des flux et affluences touristiques. 

    A l’impuissance s’ajoute le sentiment d’injustice. Parce que les premières victimes sont celles qui ont déjà peu de voix dans la décision publique : ce sont les plus précaires, les plus fragiles, qui subissent en premier les impacts du changement climatique, souvent sans faire la une des journaux. Et le constat est flagrant : pour 88% des habitant.e.s interrogé.e.s, les inégalités climatiques et environnementales sont réelles : ce sont les personnes âgées, les milieux populaires, les jeunes et futures générations qui vont voir ou voient déjà leurs milieux et qualité de vie se dégrader (précarité énergétique, santé de personnes vulnérables…). Ces inégalités concernent aussi l’accès à l’information et aux possibilités d’interpellation des élu.e.s.

    Ces sentiments d’impuissance et d’injustice donnent lieu à de la colère et à de nouvelles formes d’engagement, plus personnels et ordinaires, souvent en constellations. Face à la densification urbaine, face à des projets qui ne prennent en compte ni les attentes ni les besoins des citoyen.ne.s, le manque de confiance, les craintes voire la défiance face aux institutions nationales et locales ne cessent de grandir. En plus des “petits gestes” écologiques de plus en plus enjoints par les autorités (tri des déchets, consommation raisonnée de l’eau…), une partie des habitant.e.s interrogé.e.s construisent en fait progressivement une critique sociale et existentielle et redéfinissent sur cette base leur engagement politique. 

    Ces nouveaux engagements moins affiliés repolitisent les personnes via l’autonomie relative : c’est-à-dire une autolimitation des besoins et une déconsommation des pratiques afin de repenser des modes de vie polluants. L’engagement tel que conçu par un tiers des répondant-es montre la « volonté d’une transformation profonde et radicale des sociétés actuelles » et de leur développement productiviste.

    Les élections municipales approchent. A l’heure où 6 français.e.s sur 10 sont déjà directement concerné.e.s par les risques climatiques, nous n’avons plus le temps d’attendre. Les citoyen.ne.s français.e.s n’ont plus confiance en les capacités d’action de leurs dirigeant.e.s, voire ne se font plus guère d’illusions sur de telles volontés. En cause, la défaillance des politiques publiques face au changement climatique, à ses impacts inégalitaires et plus largement aux crises écologiques

    Les revendications des citoyen.ne.s et des habitant.e.s de ces cinq villes du sud de la France doivent être prises en compte. Cette enquête essentielle participe à mettre en lumière la nécessité de protéger les droits fondamentaux, ceux de l’habiter digne de la terre, et le droit des humains et des non-humains à un futur viable sur la planète Terre.

    Deux événements de restitution de l’enquête

    A Marseille, le 19 février 2020

    A Montpellier, le 24 février 2020

    Pour toute question, vous pouvez envoyer un mail à contact@notreaffaireatous.org

  • Une enquête inédite sur les vécus climatiques dans cinq grandes villes françaises

    L’année 2019 a été celle du réveil climatique. Pour venir appuyer les nombreuses mobilisations qui se sont développées pour la justice sociale et écologique, et ainsi protéger le vivant, Notre Affaire à Tous a voulu créer un consortium entre sphères universitaire et associative. Car c’est en rassemblant nos expertises que nous sommes plus forts et entendus par celles et ceux que nous voulons voir agir. L’enquête « Vivre les fournaises urbaines » est le fruit d’une alliance unique et essentielle entre Notre Affaire à Tous et l’Université Lyon 2 et l’UMR Triangle pour penser de nouveaux milieux et territoires de vie plus écologiques.

    En juin et juillet 2019, le géographe Guillaume Faburel, trois doctorant.e.s (Fabian Lévêque, Karl Berthelot, Loriane Ferreira), une post-doctorante (Mathilde Girault) et huit étudiantes ont mis à profit leurs expertises pour étudier la question primordiale des vécus climatiques et des engagements écologiques de 130 habitant.e.s de cinq métropoles et villes moyennes du sud de la France. Les habitant.e.s se mobilisent aujourd’hui pour réclamer la justice et pour que chacun paie la juste part face aux causes et effets inégaux du changement climatique.

    Montpellier, Marseille, Toulouse, Narbonne, Nîmes… Autant de villes méridionales dans lesquelles les habitant.e.s s’activent, se rencontrent, ressentent et agissent pour construire une société dans laquelle de réelles actions protègent l’environnement. L’enquête souligne une fois de plus l’urgence à agir et vient soutenir les mobilisations citoyennes qui ont eu lieu en France et dans le monde en 2019. Des chiffres forts soulignent d’ailleurs cette urgence : 70% des enquêté.e.s expliquent observer des évolutions du climat au quotidien dans les villes concernées, 56% des personnes interrogées affirment que le changement climatique a des effets concrets sur les modes de vie quotidiens. La sensation de vivre dans une fournaise urbaine est omniprésente et suscite divers sentiments : suffocation, asphyxie, impuissance, face à des villes grossissantes dans lesquelles se côtoient hyperconcentration du bâti, imperméabilisation des sols, pratiques de surconsommation, accélération des flux et affluences touristiques. 

    A l’impuissance s’ajoute le sentiment d’injustice. Parce que les premières victimes sont celles qui ont déjà peu de voix dans la décision publique : ce sont les plus précaires, les plus fragiles, qui subissent en premier les impacts du changement climatique, souvent sans faire la une des journaux. Et le constat est flagrant : pour 88% des habitant.e.s interrogé.e.s, les inégalités climatiques et environnementales sont réelles : ce sont les personnes âgées, les milieux populaires, les jeunes et futures générations qui vont voir ou voient déjà leurs milieux et qualité de vie se dégrader (précarité énergétique, santé de personnes vulnérables…). Ces inégalités concernent aussi l’accès à l’information et aux possibilités d’interpellation des élu.e.s.

    Ces sentiments d’impuissance et d’injustice donnent lieu à de la colère et à de nouvelles formes d’engagement, plus personnels et ordinaires, souvent en constellations. Face à la densification urbaine, face à des projets qui ne prennent en compte ni les attentes ni les besoins des citoyen.ne.s, le manque de confiance, les craintes voire la défiance face aux institutions nationales et locales ne cessent de grandir. En plus des “petits gestes” écologiques de plus en plus enjoints par les autorités (tri des déchets, consommation raisonnée de l’eau…), une partie des habitant.e.s interrogé.e.s construisent en fait progressivement une critique sociale et existentielle et redéfinissent sur cette base leur engagement politique. 

    Ces nouveaux engagements moins affiliés repolitisent les personnes via l’autonomie relative : c’est-à-dire une autolimitation des besoins et une déconsommation des pratiques afin de repenser des modes de vie polluants. L’engagement tel que conçu par un tiers des répondant-es montre la « volonté d’une transformation profonde et radicale des sociétés actuelles » et de leur développement productiviste.

    Les élections municipales approchent. A l’heure où 6 français.e.s sur 10 sont déjà directement concerné.e.s par les risques climatiques, nous n’avons plus le temps d’attendre. Les citoyen.ne.s français.e.s n’ont plus confiance en les capacités d’action de leurs dirigeant.e.s, voire ne se font plus guère d’illusions sur de telles volontés. En cause, la défaillance des politiques publiques face au changement climatique, à ses impacts inégalitaires et plus largement aux crises écologiques

    Les revendications des citoyen.ne.s et des habitant.e.s de ces cinq villes du sud de la France doivent être prises en compte. Cette enquête essentielle participe à mettre en lumière la nécessité de protéger les droits fondamentaux, ceux de l’habiter digne de la terre, et le droit des humains et des non-humains à un futur viable sur la planète Terre.


    Lire le rapport final


    Lire la synthèse


    Lire le communiqué de presse

    Deux événements de restitution de l’enquête

    A Marseille, le 19 février 2020

    📌  RDV au Coco Velten, 16 Rue Bernard du Bois, 13001 Marseille

    ⏱ 19 février, à 18h30

    Plus d’informations sur l’événement Facebook

    A Montpellier, le 24 février 2020

    📌  RDV à La Carmagnole, 10 rue Haguenote, 34070 Montpellier

    ⏱ 24 février, à 20h00

    Plus d’informations sur l’événement Facebook

    Pour toute question, vous pouvez envoyer un mail à contact@notreaffaireatous.org