Au lendemain de la publication du rapport “Total, la stratégie du chaos climatique”, des membres de l’association Notre Affaire à Tous ont souhaité alerter les actionnaires sur les activités dévastatrices du groupe. Ils en ont été empêché par la police et la direction du groupe.
A 8h30 mercredi matin une poignée de membres de l’association Notre Affaire à Tous ont souhaité distribuer aux actionnaires des résumés du rapport expliquant les risques juridiques et financiers pris par Total en matière climatique. La police leur a interdit de distribuer les documents et leur a sommé de quitter les lieux au mépris de leur droit d’expression.
Les cinq membres de l’association présents ont subi un contrôle d’identité pendant trois quart d’heure et ont été menacé de garde à vue. Chef d’accusation encouru : attroupement susceptible de troubler l’ordre public. Distribuer des documents dans la rue constitue pourtant droit fondamental. La censure des membres de Notre Affaire à Tous par l’Etat afin de protéger Total est particulièrement inquiétante. La distribution n’a pu se faire que longtemps après devant la sortie de métro Ternes, lorsque l’afflux vers l’AG était déjà presque déjà terminé.
Paul Mougeolle, rédacteur du rapport indique : “Le dispositif de sécurité était complètement disproportionné. Nous souhaitions simplement informer les actionnaires des risques économiques qu’ils encourent. Le double discours de Total ne permet pas aux actionnaires de comprendre les risques auxquels l’entreprise les expose, ainsi que toutes celles et ceux qui se mobilisent pour un futur possible. Il est important que les parties prenantes sachent que la stratégie climat de Total n’est qu’une façade incompatible avec l’Accord de Paris. Cela est donc évidemment regrettable que nous ne puissions pas exercer notre droit d’expression.”
Pendant que Total se targue d’être la “major de l’énergie responsable”, les méga-projets gazier que la multinationale développe sont associés à de nombreuses violations des droits humains des communautés locales. Le gaz n’est ni une énergie “propre” ni “de transition”. L’acquisition récente d’importants actifs au Mozambique, alors qu’il s’agit d’une véritable bombe climatique, dans un pays qui vient déjà de subir les conséquences les plus lourdes du dérèglement climatique est dramatique. C’est certainement ces vérités qu’ils cherchent à étouffer.
Clémence Dubois, porte-parole pour 350.org réagit : “Visiblement, l’Etat fait plus de zèle pour protéger les pollueurs que l’intérêt général. Si Total peut développer de nouveaux projets fossiles qui rendent impossible un futur souhaitable, c’est qu’il bénéficie du soutien formel de l’Etat et du gouvernement qui laissent la multinationale faire usage de son pouvoir outrancier dans les champs diplomatique, économique, universitaire, social et culturel. Nous appelons les institutions à rompre leurs liens et leur complicité avec l’un des principaux destructeurs du climat.”
Intitulé du poste : CDD Un-e chargé-e de communication et mobilisation digitale (7 mois à mi-temps) Domaine : Web Annonce publiée le : 28 mai 2019
Dépôt de la requête sommaire au tribunal administratif, Paris. L’affaire du siècle.
Vos missions :
En décembre 2018, Notre Affaire à tous, La Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France ont lancé un recours juridique contre l’État français pour inaction face au changement climatique “L’Affaire du Siècle” (ADS). Cette initiative a recueilli en quelques semaines plus de 2,1 millions de signatures de soutien. Les 4 organisations recherchent un-e chargé-e de communication digitale et mobilisation en ligne dans le cadre de cette campagne.
Sous la responsabilité du Comité de pilotage de la campagne composé de représentant-e-s des 4 organisations, vos principales missions seront les suivantes : – Conseil stratégique et mise en œuvre de la communication en ligne sur “l’Affaire du Siècle”, – Conseil stratégique pour le parcours d’engagement des signataires en cohérence avec la stratégie décidée par le collectif Rédaction et intégration des e-mailings, relations avec le-la prestataire pour les besoins graphiques, – Suivi des envois d’e-mails avec le prestataire d’envoi (délivrabilité, gestion et mise à jour de la bas de données), – Reporting statistiques sur le site, les envois d’e-mailings et les réseaux sociaux, – Conseil, animation et optimisation du site web (mise en ligne des actualités et et documents produits par l’Affaire du Siècle, propositions d’optimisation), – Coordination du traitement de la boîte mail (coordination des réponses entre les 4 ONG, mise à jour de la FAQ), – Animation du groupe de travail web/Réseaux Sociaux composé de représentant-e-s des 4 ONG pour faire vivre le campagne sur les réseaux sociaux (compte Twitter, Facebook et Instagram de l’ADS, en partenariat avec les chargé-es de RS des organisations).
Votre profil :
Vous êtes particulièrement sensible au problématiques liées au changement climatique et comprenez les enjeux environnementaux. Vous disposez d’une première expérience en tant que de chargé-e de communication en ligne et community management, idéalement dans le secteur associatif. Vous maîtrisez parfaitement les techniques éditoriales web (blog, emailing, RS…) et possédez de solides connaissances des outils analytics, du CMS WordPress et des systèmes d’envois d’e-mailing. De nature dynamique et autonome, vous saurez faire preuve de réactivité et d’une forte adaptabilité afin de mener à bien les missions qui vous seront confiées par le comité de pilotage de la campagne.
Conditions d’accueil : Poste basé à Paris à pourvoir dès Juin 2019 dans le cadre d’un CDD 7 mois à mi-temps.
Rémunération : Salaire mensuel brut de 1.560 euros par mois sur 13 mois (au prorata), pour un mi-temps. Titres-restaurant d’une valeur faciale de 9 euros (participation de 60% par l’employeur), prise en charge à 50% de l’abonnement transport Ile-de-France ou indemnité kilométrique vélo, complémentaire-santé.
Vous êtes intéressé-e et correspondez au profil que nous cherchons ? Transmettez-nous votre CV et lettre de motivation au plus tard le 05 juin 2019.
Quels sont les impacts sociaux du dérèglement climatique ? Dans un contexte de crise sociale, avec les mobilisations des Gilets Jaunes et la prégnance du slogan : « Fin du monde, fin du mois, même combat », nous mettons en lumière les inégalités environnementales que subissent d’ores et déjà les citoyen-nes français-es. Sachant que réussir une transition écologique, signifie réussir une transition sociale. Santé, logement, participation et accompagnement : tous nos droits sont touchés, affectant d’abord les plus précaires et renforçant les inégalités.
Ce numéro de la revue de presse a pour but de présenter à la fois les impacts liés au changement climatique et aux dégradations environnementales, puisque celles-ci se cumulent et se renforcent. En effet, un monde affecté par le changement climatique est aussi un monde plus pollué : l’exposition moyenne aux particules fines, par exemple, a augmenté de 11,2% depuis 1990, selon The Lancet.
Pour combattre les inégalités, sociales et climatiques, il nous faut les connaître. C’est le sens de cette revue de presse élaborée par les bénévoles de Notre Affaire à Tous, qui revient chaque mois sur les #IMPACTS différenciés du changement climatique, sur nos vies, nos droits et ceux de la nature.
Des maladies dont nous pensions être protégé-es vont aussi aussi refaire surface avec la fonte des calottes glaciaires, provoquée par la hausse du niveau des mers. Ce phénomène va également modifier la propagation des virus. La fonte du permafrost, le sol normalement gelé toute l’année, va menacer les populations en libérant des bactéries et virus oubliés, qu’ils emprisonnent depuis des millénaires. comme l’anthrax. Mais face aux multiples études, les chercheurs restent toutefois divisés quant au rôle du réchauffement planétaire sur la diffusion des épidémies.
Impacts psychologiques du changement climatique
Le terme d’éco-anxiété a fait parler de lui ces derniers mois, mais de quoi s’agit-il ? Militant-es, scientifiques, citoyen-nes, de plus en plus de personnes se sentent angoissées et bouleversées face à l’urgence climatique : un stress aux conséquences physiques comme mentales. Le chercheur Per Espen Stoknes revient sur ce concept dans Marianne : il s’agit pour lui d’anxiété plus que de peur, car le phénomène est plutôt “invisible”, à la fois “partout et nulle part”. Pour éviter d’affronter l’angoisse d’une catastrophe climatique, les mécanismes de protection du cerveau sont multiples : fuite, dissonance cognitive, dénigrement des études, humour…, le risque étant que les personnes touchées arrêtent tout effort pour lutter contre ce phénomène global.
A l’échelle individuelle, cette “éco-anxiété” peut redéfinir des choix de vie, comme pour Xavier, un témoin interrogé par Francetvinfo : l’angoisse du changement climatique l’a conduit vers un métier plus en accord avec ses principes. Et les citoyen-nes ne sont pas les seul-es ! Les climatologues aussi ont le blues : ces scientifiques qui alertent la population depuis plus de 30 ans, voient les conséquences de l’inaction s’accentuer. Sans pour autant désespérer, puisqu’ils et elles mobilisent de plus en plus l’intelligence collective et s’efforcent à plus de pédagogie pour une meilleure prise de conscience. Le collectif « Labos 1point5 » s’inscrit dans cette tendance, pour une recherche qui respecte l’environnement. D’un autre côté, cette prise de conscience et la culpabilité qui peut en découler ont parfois des effets bénéfiques. Comme en Suède, où le “flygskam”, la honte de prendre l’avion, plombe le transport aérien dans le pays depuis le début de l’année, avec une baisse de 4,4% de passagers aériens.
Mais les impacts sociaux du changement climatique ne concernent pas seulement la santé : en effet, le droit au logement est lui aussi touché, notamment à cause de la précarité énergétique, situation qui concerne 7 millions de français et 26 millions d’européens. Ce phénomène est dû à une facture élevée à cause d’une mauvaise isolation thermique. Ces 7 millions de français dépensent plus de 8% de leurs revenusdans l’énergie, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique. Les dangers ?Hausse du risque de dépression, d’asthme chez les enfants, de comportements à risques chez les adolescents.
Face à cela, des voix s’élèvent pour rendre obligatoire la rénovation des bâtiments. L’association Armec à Rennes, sensibilise aussi à la rénovation énergétique des logements, qui est une des mesures du plan climat de la métropole rennaise visant une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 (par rapport à 2010). Cela représenterait environ 2 000 logements à rénover par an. Le Réseau Eco Habitat aussi aide les familles les plus modestes à engager des travaux de rénovation de leur habitation, et les accompagne pour solliciter les différentes aides.
Du côté de l’Etat, le plan national de rénovation énergétique des bâtiments, présenté par Nicolas Hulot, est loin d’avoir tenu ses promesses, puisqu’au lieu des 500 000 rénovations prévues par an, l’estimation est retombée à 40 000.
Pour le deuxième numéro de sa revue de presse, Notre Affaire à Tous vous propose un état des lieux des impacts territoriaux du changement climatique en France ! Les prochaines revues de presse seront envoyées de manière mensuelle et sur des thèmes précis : aggravations des inégalités sociales, impacts sur les perspectives de la jeunesse, effets des hausses de chaleur sur nos territoires et la biodiversité… Pour continuer à recevoir cette revue de presse, abonnez-vous, et rendez-vous le 28 mai pour le prochain numéro !
Nous avons aussi lancé un appel à témoins du changement climatique pour mettre des visages sur ces impacts et montrer la nécessité d’agir pour le climat et l’environnement. Témoignez, pour faire entendre votre voix et celle de toutes celles et ceux qui subissent un préjudice.
Les chaînes de montagnes : sentinelles du climat en danger
Les chaînes montagneuses sont mises en danger par les activités destructrices du climat. Selon le bilan climatique dans les Alpes du Nord de l’Observatoire régional des effets du changement climatique (ORECC), en 2018, “l’année 2018 enregistre un écart de +2.35°C par rapport à la normale 1961-1990 et de +2°C par rapport à 1981-2010. C’est l’année la plus chaude jamais enregistrée sur les Alpes françaises”. Les conséquences de ce réchauffement rapide ? “Les glaciers des Alpes risquent de fondre à 90% d’ici 2100”, selon une équipe de chercheurs suisses qui insistent sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Les fontes des glaces vont aussi causer l’assèchement des cours d’eau et entraîner une potentielle émergence d’un conflit d’usage entre neige de culture et eau potable. Chaque année, 263 000 mètres cubes d’eau servent à la production de neige et permettent d’enneiger 35% du domaine. Pour l’heure, il n’y aurait pas de déficit en eau potable.
Le phénomène de la fonte des glaces se retrouve ailleurs dans le monde, de l’Alaska, à la Patagonie, en passant par les Alpes. Les glaciers “ont perdu plus de 9 000 milliards de tonnes de glace depuis 1961, contribuant à l’élévation du niveau des mers”. Et les glaciers continentaux seront les plus touchés par le réchauffement que les calottes glaciaires du Groenland ou de l’Antarctique.
L’Occitanie : entre sécheresses, inondations, et diminution de l’enneigement
Avec un réchauffement attendu entre 2 et 7°C d’ici 2100, outre les impacts sur le tourisme, l’agriculture, ou la production hydroélectrique, la population devra se préparer à affronter davantage de phénomènes climatiques extrêmes, des risques naturels accrus, des réserves d’eau réduites et de qualité moindre, sans oublier les impacts sur la biodiversité. Le Pic du Midi a enregistré un record de chaleur, en été 2018, le plus chaud depuis 130 ans selon l’Observatoire des Pyrénées qui a relevé un record de plus de 100 jours sans gel. Météo France et des météorologistes espagnols ont montré qu’entre 1959 et 2010, “les températures moyennes dans les Pyrénées ont augmenté de 1,2 °C, bien que le réchauffement n’ait été ni constant, ni régulier.”
Les territoires et les populations de l’Occitanie aussi sont particulièrement touchés par le changement climatique. Dans les Pyrénées par exemple, on note une diminution de l’enneigement, avec ses répercussions sur les rivières. Par ailleurs, il est estimé que la Garonne devrait perdre jusqu’à 30 ou 40% de son débit, avec des effets déjà visibles aujourd’hui. La fréquence augmentée des intempéries vient en revanche la faire déborder plus souvent, entraînant, outre des dégâts matériels, des risques sanitaires, comme suite aux inondations dans l’Aude en octobre 2018. Ces événements extrêmes touchent aussi les cultures, notamment celle du vin.
Bretagne : adaptation du territoire face à l’érosion du littoral, et la pollution
La Bretagne aussi fait face aux effets du changement climatique et des dégradations environnementales. C’est d’abord la hausse du niveau des mers qui inquiète, puisque une hausse de 1 mètre est prévue sur le littoral breton d’ici à 2100, ainsi qu’une hausse des coefficients de marées, provoquant l’érosion du littoral. Le rapport de l’Observatoire de l’environnement en Bretagne démontre que le climat est déjà impacté, notamment à cause des polluants venant de l’élevage de porcs ou du transport.
Ce sont aussi les dégradations environnementales comme la pollution qui entraînent une détérioration de la qualité de l’air breton et près de 3000 décès par an. 3 départements étaient d’ailleurs en alerte aux particules fines en ce début de mois d’avril.
Alerte sécheresse en avril, en Hauts-de-France : le symbole de l’urgence
Depuis le 9 avril 2019, la région des Hauts-de-France, à l’exception du delta de l’Aa, se trouve en alerte sécheresse, et ce, jusqu’au 30 juin 2019. De lourdes restrictions sont ainsi imposées pour faire face au déficit pluviométrique : de l’interdiction de laver les véhicules pour les particuliers, à la restriction de l’irrigation pour les agriculteurs en passant par un objectif de réduction de consommation d’eau de 10% pour les industriels.
La préfecture de l’Aisne avait déjà restreint la consommation d’eau dans le département à la fin du mois d’octobre 2018 pour la même raison. Cette situation a un impact très fort notamment dans les zones agricoles : certains départements français ont d’ailleurs été reconnus en état de « calamité agricole » en décembre 2018.
L’hydrologue Emma Haziza alerte sur les risques d’accroissement des périodes de sécheresse, en alternance avec des épisodes d’inondations majeurs. Elle signale que « pour arrêter de subir, il faut revoir en profondeur la manière dont on pratique notre usage des sols en France ». Des solutions efficaces peuvent être mise en place, sur le modèle de la ville de Loos-en-Gohelle qui a profité de la révision du plan d’occupation des sols et est finalement devenu un modèle en matière de transition écologique et sociale.
La Nouvelle-Aquitaine face au danger de la mer
L’érosion du littoral est la principale conséquence du réchauffement climatique en Nouvelle-Aquitaine. La hausse du niveau de l’Océan Atlantique provoque une diminution inexorable du trait de côte.Le Groupement d’Intérêt Public du Littoral Aquitain estime à 160 les logements menacés à court terme par l’érosion côtière et porte le chiffre à 5.800 d’ici 2050. Un des symboles de la problématique de l’érosion côtière ? Le Signal, un immeuble de 4 étages, qui à sa construction entre 1965 et 1970 à Soulac-sur-Mer, se trouvait à 200 mètres de l’océan. Depuis, “la plage a avancé de 4,5 mètres par an”. Mais dans les terres aussi, la problématique de la montée des eaux se fait déjà ressentir, comme dans le Marais Poitevin,largement en dessous du niveau de la mer, où le risque de submersion du territoire va augmenter.
Outre-Mer : les injustices climatiques en première ligne
Les territoires et populations d’outre-mer sont aussi particulièrement touchés par le dérèglement du climat. La question des injustices climatiques y est encore plus prégnante. Alors que les territoires d’outre-mer français représentent quasiment 0% des émissions de gaz à effet de serre de la France, ils sont les plus vulnérables et les premiers impactés. Au delà de leur position géographique, le combat est non seulement celui de la justice climatique mais aussi de la justice sociale. Le prisme de l’histoire coloniale est à prendre en compte dans l’étude de ces inégalités climatiques.
Ces inégalités s’illustrent d’ailleurs par l’ouragan Irma de septembre 2017. A Saint-Martin, un appel à la grève générale a été lancé, jeudi 11 avril 2019, par des syndicats et des collectifs pour dénoncer les suites de l’ouragan, avec des revendications concernant les reconstructions, le maintien du service public, ou encore la résolution d’un conflit social à la collectivité. Symbole des inégalités, Saint-Martin cumule aléas climatiques et forte vulnérabilité, exposée à des cyclones de plus en plus intenses et fréquents, et l’insuffisance des mesures de prévention et réduction des risques. Les populations s’en relèvent difficilement à cause d’un accompagnement post-catastrophe trop faible et la lenteur de la reconstruction.
Les impacts sur la nature aussi sont très visibles : les coraux de la Polynésie Française sont particulièrement menacés. On remarque dès maintenant une accélération de leur blanchissement à cause des températures trop élevées de l’Océan Pacifique. Malgré ces effets, les décideurs politiques ne semblent pas comprendre l’ampleur de l’urgence, puisque le Parlement Européen a voté, le 4 avril dernier, une loi pour subventionner le secteur de la pêche pour la période 2021-2027, qui aura notamment des effets désastreux sur la biodiversité des “régions ultrapériphériques européennes” (dont la Guadeloupe, La Réunion, Mayotte, La Guyane, La Martinique, Saint Martin).
Ce 19 avril 2019, Notre Affaire à Tous sort sa première revue de presse sur les impacts du changement climatique ! Notre souhait ? Mettre en lumière les conséquences du dérèglement du climat sur les territoires, les populations, le vivant. En partant du constat, qu’en France aussi, dès aujourd’hui, les dégradations environnementales et le bouleversement des équilibres de notre planète accentuent les vulnérabilités et renforcent les inégalités existantes. Dans un premier temps, cette revue de presse s’attèlera à faire un état des lieux des enjeux de justice climatique. Sur deux numéros, chacun envoyés à deux semaines d’intervalle, nous balayerons les impacts sociaux, économiques et territoriaux des changements climatiques. La revue de presse sera ensuite envoyée à tou-tes celles et ceux qui souhaitent s’y abonner de manière mensuelle.
Fin 2018, des journalistes de Basta Mag, Mediapart, Politis, Reporterre et la Revue Projet se sont associés, sous l’impulsion de Notre Affaire à Tous, et ont formé le JIEC – Journalistes d’Investigation sur l’Écologie et le Climat. Ils ont publié le 18 avril une deuxième série de portraits de témoins du changement climatique :
Ils ont étudié l’impact du changement climatique sur la santé, à travers l’explosion du nombre d’allergies et de la réalité du stress post-traumatique causé par des catastrophes naturelles, de l’Aude à Saint-Martin. Ils sont allés à la rencontre de viciticulteur-rices et d’éleveurs laitiers, qui doivent sans cesse s’adapter à leurs milieux. Enfin, la jeunesse est mise en avant, car, inquiète de son avenir sur Terre, elle se mobilise, et ne laisse pas les destructeurs du climat lui voler son futur.
L’émergence de maladies est rendue favorable par la chaleur. La Réunion est particulièrement vulnérable à la dengue par exemple, même si cette maladie “s’étend à d’autres terres”, jusqu’en métropole. Causée par les piqûres du moustique tigre, elle fait partie des pathologies qui migrent avec le réchauffement climatique. Les maladies vectorielles comme la dengue ou le chikungunya comptent d’ailleurs parmi les principaux impacts sanitaires du réchauffement. Elles sont sont surveillés en France depuis le début des années 2000.
Les dégradations environnementales dûes notamment à la pollution ont aussi de graves effets sur la santé : un rapport de mars 2019 de l’association Respire fait un état des lieux de la pollution de l’air à proximité des établissements scolaires en Ile-de-France, accompagnée d’une carte interactive du niveau de pollution par école. Un quart des écoles sont particulièrement exposées. UNICEF France a d’ailleurs lancé une campagne “Pour chaque enfant, un air pur !” début avril, pour exposer les effets de l’air en ville sur les enfants.
Les logements, signes des inégalités environnementales
II – Des activités économiques mises en danger par le réchauffement planétaire
Dans son rapport d’évaluation de 2014, le GIEC estime, avec un degré de confiance élevé, que le changement climatique va “remettre en cause certaines activités anthropiques courantes, notamment le fait de cultiver la terre ou de travailler en extérieur”. Mais les professionnels de ces secteurs ne se laissent pas abattre et tentent d’adapter leurs pratiques.
Les métiers de la terre en ligne de mire du changement climatique
La viticulture en est un exemple. Certains cépages comme le Merlot risquent de disparaître à l’horizon 2050. Face à cela, des chercheurs tentent dès aujourd’hui d’adapter les vignobles au changement. Les rendements des terres agricoles aussi sont particulièrement affectés, comme en Haute-Savoie où “les agriculteurs cherchent les solutions face au changement climatique” : de l’agroforesterie aux semences paysannes, ils tentent de s’adapter, tout en étant inquiets pour leur avenir. Ou encore dans la Drôme, où la famille Feschet qui a perdu 44% de ses revenus liés à la production de lavande ces 6 dernières années. Des stratégies d’adaptation se mettent en place, comme en Ardèche, où des agriculteurs réfléchissent à l’autonomie agricole “non pas à l’échelle de la ferme mais par zone de territoire, en construisant des partenariats avec d’autres paysans”, pour devenir résilients face au changement climatique.
Les activités liées au tourisme seront aussi affectées
A la fois critiqué à l’international comme un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, puisque contribuant à 8% des émissions mondiales, selon une étude de la revue Nature climate change, les professionnels du secteur subiront pourtant des pertes de revenus.
Le groupe pétrolier Total a une ambition : « devenir la major de l’énergie responsable » ! Notre Affaire à tous, 350.org et les Amis de la Terre ont confronté cette ambition affichée à la réelle stratégie environnementale du groupe par la publication le 29 mai 2019 du rapport « Total, la stratégie du chaos climatique » afin de dénoncer ses incohérences en matière climatique.
Total communique sur un scénario à 2°C
Dans sa communication, Total assure suivre l’objectif de limitation du changement climatique à 2 °C défini par l’Accord de Paris. Pourtant la lecture des annexes aux comptes consolidés du groupe révèle clairement une incompatibilité avec cet objectif. L’entreprise se réfère en réalité au New Policies Scenario (NPS) de l’Agence Internationale de l’Énergie pour le développement de ses activités d’énergies fossiles. Le réchauffement de la planète à la fin du siècle ne serait plus de 2 °C, mais de 2,7 °C selon les concepteurs de ce scénario, voir de 3,3 °C selon certains experts.
Incompatibilité totale entre la stratégie du groupe et son ambition d’être leader de « l’énergie responsable »
Total affiche son ambition de croître dans le gaz que le groupe qualifie d’énergie “bas carbone”. C’est pourtant une énergie au potentiel de réchauffement global 84 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur 20 ans ! Pour compenser cela, le groupe compte sur les technologies de capture et de séquestration de carbone (CCUS). Celles-ci ne sont pourtant même pas disponibles Les bioraffineries, à base d’huile de palme ne peuvent représenter non plus une mesure concrète de lutte contre le changement climatique.
Et les énergies renouvelables ? Seulement 0,5 milliards ont été investi par Total en 2018 dans les énergies “bas carbone” dont le gaz contre 9,2 milliards dans l’exploration – production d’hydrocarbures . Un objectif à 2 °C ne permet pas de nouveaux projets d’extraction d’hydrocarbures, laissons les énergies fossiles dans le sol !
Il semble sensé de se questionner sur l’ambition affichée par Total d’être le leader de l’énergie responsable, surtout lorsque le rapport 2014 du Carbon Majors place Total à la 14ème place des industriels ayant le plus contribué au changement climatique !
Total joue un scénario risqué
Le dernier rapport du GIEC est sans appel. Un réchauffement de plus de 1,5 °C à la fin du siècle aura des conséquences non négligeables sur les populations et les écosystèmes. Au delà de 2°C, les impacts seront dramatiques. Beaucoup de conséquences du changement climatique sont aujourd’hui visibles. La montée des eaux menace les populations insulaires, les agriculteurs manquent d’eau pour leurs cultures, les vagues de chaleurs répétées tuent les personnes les plus vulnérables… Le rapport 2019 de l’IPBES sur la biodiversité est tout autant alarmant et nous questionne sur notre rapport au vivant. Poursuivre une trajectoire à 2,7 °C, c’est accepter de mettre en danger les générations futures et l’écosystème terrestre.
Qui paiera cette prise de risque ?
Dans le monde ou en France, les premiers touchés sont les pays ou les personnes qui contribuent le moins au changement climatique. Le dérèglement climatique renforce les inégalités sociales et économiques.
Qui supportera le coût des pertes et des dommages ? Les multinationales, principales émettrices de CO2 ne peuvent plus se soustraire à leur responsabilité dans cette crise climatique. Elles ont le devoir de prévenir une aggravation supplémentaire du changement climatique et réparer les coûts engendrés par le réchauffement climatique.
C’est pourquoi, le 23 octobre 2018, accompagnées de Notre Affaire à tous, Sherpa, les éco-maires et ZEA Océans ont décidé d’interpeller Total pour exiger la mise en conformité de sa stratégie d’entreprise avec les objectifs de l’Accord de Paris et le respect des 1,5°C.
Le 29 mai, lors de l’Assemblée Générale du groupe Total, Notre Affaire à Tous et les associations partenaires ont informé les actionnaires et investisseurs de la firme du double discours tenu par Total en leur distribuant un résumé du rapport.
Nos demandes
Nous appelons Total et les décideurs à interrompre les recherches & les exploitations d’hydrocarbures, non seulement en France mais également dans le monde entier.
Nous appelons les investisseurs à cesser d’investir dans les entreprises pétrolières et gazières comme Total, fortement émettrices de CO2 et principales responsables de changement climatique.
La mise en œuvre d’une transition énergétique demeure techniquement et économiquement possible, y compris pour Total
A la veille de l’Assemblée générale de Total, Notre Affaire à Tous, 350.org et les Amis de la Terre France publient, avec le soutien de Sherpa, des Ecomaires, d’Attac et de l’Observatoire des multinationales, un rapport décryptant la stratégie climat du groupe pétrolier : une stratégie de façade, absolument incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. En continuant à miser massivement sur les hydrocarbures, Total menace les vies de millions de personnes en France et dans le monde, et s’expose à des risques juridiques et financiers importants. (1)
Alors que dans sa communication, la multinationale assure vouloir limiter le réchauffement climatique à 2°C, les annexes aux comptes consolidés de Total révèlent que le Groupe construit en réalité une stratégie complètement déconnectée du respect des objectifs de l’Accord de Paris, nous menant vers 2,7°C à 3°C de réchauffement (2). En effet, Total continue d’investir massivement et quasiment exclusivement dans le pétrole et le gaz, y compris dans l’exploration de nouveaux gisements et a multiplié les nouveaux projets depuis la COP21.
Grâce à un travail de recherche approfondi, le rapport publié par les associations démontre que la stratégie climat de la multinationale pétrolière ainsi que ses leviers d’atténuation d’impact climatique ne sont qu’une façade et qu’ils nous conduisent au contraire irrémédiablement vers une aggravation de la crise actuelle.
En effet, la stratégie climat de Total est criblée de fausses solutions : d’une part des investissements massifs dans le gaz et les agrocarburants, qui provoquent à la fois de lourds impacts climatiques, sociaux et environnementaux, et d’autre part, un espoir aveugle dans les technologies de capture et stockage du CO2, dont le déploiement est risqué et dont l’effectivité repose grandement sur de la spéculation.
Selon Juliette Renaud, des Amis de la Terre France : “Le gaz n’est pas une énergie “propre” ou “de transition”, c’est une énergie fossile au bilan climatique catastrophique en raison des inévitables fuites de méthane liées à son extraction, sa transformation et son transport. Total s’enorgueillit de croître dans ce secteur, avec notamment l’acquisition récente d’importants actifs au Mozambique, alors qu’il s’agit d’une véritable bombe climatique. De plus, avant même qu’il ne commence, ce méga-projet gazier est déjà associé à de nombreuses violations des droits humains des communautés locales” (3).
Pour Clémence Dubois, de 350.org : “Tandis que des millions de jeunes sont en grève à travers le monde pour exiger la fin de l’ère des combustibles fossiles, Total redouble d’efforts de communication et de lobbying pour continuer à développer de nouveaux projets de pétrole et de gaz qui ne leur laissent aucune chance d’avoir un avenir. Total cherche à échapper à sa responsabilité historique face à la crise climatique, mais notre mouvement force les institutions à prendre la mesure des responsabilités qui leur incombent, et à tenir Total responsable pour les dommages qu’elle cause.”
Pour Yann Robiou du Pont, climatologue : « Total, à la source d’émissions presque égales à celles de la France poursuit une trajectoire décrite comme ‘responsable’ sur la voie de l’accord de Paris, malgré un objectif d’intensité carbone insuffisant pour rester même sous 2 °C. Ce manque d’ambition et cette ambiguïté sapent les efforts de tous pour atténuer des impacts de plus en plus graves !«
Paul Mougeolle, de Notre Affaire à Tous, et auteur du rapport, conclut : “La stratégie climat de Total apparaît d’autant plus grave qu’une limitation du réchauffement climatique à +1.5 °C demeure encore possible, si une réelle transition énergétique vers les renouvelables était entamée. Il y a urgence à agir : Total n’a d’autre choix que de changer radicalement de modèle économique. Faute de quoi l’entreprise s’expose à des risques financiers et juridiques imminents”. (3)
Nos organisations appellent Total et les décideurs à faire cesser les recherches et les exploitations d’hydrocarbures en France et dans le monde et se conformer aux recommandations scientifiques pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. De même nous appelons les acteurs publics et privés à désinvestir des entreprises pétrolières et gazières comme Total.
(1) Notons que Total fait d’ores et déjà face à plusieurs procédures juridiques lancées par des collectivités territoriales états-uniennes en raison de sa responsabilité dans les impacts provoqués par les changements climatiques. Le Carbon Tracker Initiative en partenariat avec le Principles for Responsible Investment estiment que 30 à 40 % des actifs actuels de Total devraient être abandonnés si une trajectoire conforme aux objectifs de l’Accord de Paris était choisie.
(2) L’entreprise prend comme modèle le New Policies Scenario de l’Agence Internationale de l’Énergie pour le développement de ses activités d’énergies fossiles. Ce scénario nous mène à 2,7°C de réchauffement selon ses concepteurs, voir à 3,3°C selon certains experts. Il n’est pas certain de surcroît que les mesures annoncées par Total permettent de rejoindre ce scénario.
(3) Les Amis de la Terre France accueillent en ce moment à Paris Ilham Rawoot et Florence Sitwamynia, deux partenaires du Mozambique et de RDC, qui se rendront à l’Assemblée Générale de Total mercredi 29 mai pour interpeller le PDG et les actionnaires. Voir également : Amis de la Terre France, “La France amorce une bombe climatique au large du Mozambique” (mai 2019): https://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/note-mozambique-lng-at.pdf
En tant que citoyen-ne, vous aussi, vous pouvez agir !
Accompagnez vos élu-es, en les incitant à rejoindre le mouvement des collectivités qui se défendent !
Pour ce faire, vous trouverez ici le Kit de mobilisationqui vous servira de guide pour diffuser notre campagne et interpeller vos élu-es.
De plus, en remplissant ce formulaire, vous pouvez demander à recevoir directement des outils de mobilisation facilement utilisables, notamment pour écrire à vos élu-es.
Notre Affaire à Tous est là pour vous accompagner dans votre mobilisation.
Diffusez l’information !
Les mots-clés pour soutenir l’action :
#TerritoiresQuiSeDéfendent
#MairesPourLeClimat
Exemple de post Facebook :
“Le changement climatique, nous sommes toutes et tous impacté-es, mais personne n’est responsable. Il est temps que cela change ! Grenoble, Bayonne, Nanterre… : les collectivités se mobilisent pour réclamer la fin de l’impunité et de l’inaction ! Alors [Nom de votre collectivité], on se lance ensemble ?”
Exemple de tweet :
“Le #Climat ne semble pas être l’affaire de @Total : les collectivités se mobilisent ! Il est temps d’appliquer le principe #PollueurPayeur ! #TerritoiresQuiSeDéfendent !”
« Face à l’impunité des multinationales fossiles, nous sommes les territoires qui se défendent ! #TerritoiresQuiSeDéfendent”
“Total est l’entreprise la plus émettrice de GES en France. Réclamons une réelle vigilance des multinationales ! #TerritoiresQuiSeDéfendent”
Offre de mission : enquête et documentation autour des impacts des changements climatiques
Participez à notre projets de documentation des impacts des changements climatiques !
Nous avons lancé ce projet en mai 2018 pour documenter les impacts concrets des changements climatiques et de renforcer la sensibilisation du grand public. La France est déjà touchée par les changements climatiques et de nombreuses personnes en font déjà les frais, nous souhaitons leur donner la parole, rejoignez-nous pour cela !
Notre partenariat avec l’Université de Lyon 2 permettra la réalisation d’une enquête qualitative cet été dans le sud de la France sur le ressenti des habitant-es par rapport aux effets des changements climatiques. Ces travaux pourront ensuite faire l’objet d’une publication et d’une restitution lors d’un événement public commun à l’automne. Par la suite nous pourrons peut-être former une coalition des personnes impactées en France et peser pour une réelle justice climatique !
Le Tribunal de l’UE a le 15 mai 2019 acté l’irrecevabilité de l’affaire du People’s Climate Case pour des raisons de procédure. Si le tribunal reconnaît dans sa décision les impacts du changement climatique comme menaçant les droits humains des plaignant-es, celui-ci a déclaré de fait, que les familles et les jeunes affecté-es par le changement climatique n’avaient pas le droit de recourir aux tribunaux pour contester les objectifs climatiques européens – objectifs qui mettent leurs droits fondamentaux en danger. Les familles à l’initiative du recours ont prévu de faire appel devant la Cour Européenne de justice (CJUE).
En mai 2018, 10 familles du Portugal, d’Allemagne, de France, d’Italie, de Roumanie, du Kenya, des Fidji ainsi que l’Association suédoise de la jeunesse saami, Sáminuorra, se rassemblaient dans un recours unique face au Parlement européen et au Conseil Européen, pointant l’insuffisance de l’objectif climatique de l’UE à l’horizon 2030, et les impacts de cette politique inadéquate sur leurs droits humains fondamentaux. Les plaignant-es, au travers de ce recours inédit, affirmaient que l’objectif de l’UE en matière de lutte contre le changement climatique visant à réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, était trop faible et ainsi menaçait leurs droits fondamentaux à la vie, à la santé, au travail et à la propriété.
Dans le cadre de leur défense, le Parlement européen et le Conseil européen, en octobre 2018, avaient demandé au Tribunal de statuer sur la recevabilité de l’affaire – une procédure préliminaire permettant de déterminer si les 10 familles et les jeunes Saamis pouvaient être autorisés à contester la politique climatique de l’union devant le Tribunal européen.
Les familles et l’association de jeunesse Saami prévoient de faire appel devant la Cour de justice européenne avant le 15 juillet 2019. Le tribunal de grande instance et de dernière instance (i.e. la CJUE) a toute latitude pour interpréter la loi différemment et ainsi initier de nouveaux développements juridiques, ce que les plaignant-es appellent de leurs voeux. Celle-ci devra décider si les familles des demandeurs et les jeunes Saamis sont autorisés à faire valoir leurs droits devant la justice européenne.
Roda Verheyen, avocate coordinatrice de l’affaire, a déclaré : « L’affaire n’est pas classée sur le fond. Au contraire, la Cour admet que le changement climatique a un impact sur tout le monde, mais s’abstient de traiter des faits relatifs au changement climatique et aux impacts sur les droits humains. Au cours de la procédure d’appel, nous demanderons à la Cour de justice de la Communauté européenne d’examiner la décision à la lumière des faits climatologiques et des conséquences pour les droits humains que nous avons démontrées au travers de notre requête. Cet ordre ne peut subsister si l’UE souhaite réellement porter le projet d’une « Europe pour tous »« .
Sanna Vannar, 23 ans, représentante de l’association de jeunesse Saami, a déclaré : « Depuis que nous avons déposé ce recours l’an dernier, les effets du changement climatique se sont encore aggravés. Pour les jeunes Saamis, le changement climatique ne concerne plus seulement la politique. Cela affecte notre vie quotidienne: feux de forêt frappant les pâturages Saamis, morts de rennes dûs au manque de nourriture, et stress émotionnel créé par l’incertitude des conditions climatiques devenant le principal problème de santé de ma génération. Nous avons besoin que les tribunaux examinent les faits sur le changement climatique et rappellent aux dirigeants de l’UE qu’ils ont le devoir de protéger les citoyens. Ce n’est pas juste un recours comme les autres. Il s’agit de protéger nos droits et notre avenir.“
Maurice Feschet, lavandiculteur français âgé de 73 ans, a déclaré : « À mon âge, en plus de soutenir les marches pour le climat avec les nouvelles générations qui se lèvent, cette affaire est la seule chose que je puisse faire pour protéger mes enfants et mes petits-enfants. En tant que citoyen, je me dois de faire appel devant les tribunaux de cette décision, car les politiciens ne parviennent malheureusement pas à prendre les mesures qui s’imposent en faveur du climat.“
Pour Marie Pochon, Coordinatrice Générale de Notre Affaire à Tous : « Partout dans le monde et en Europe, les impacts du changement climatique affectent de plus en plus nos droits fondamentaux, et aggravent les inégalités déjà existantes. Or, en refusant d’ouvrir la possibilité pour ces personnes de faire entendre leurs voix et leurs préjudices en matière environnementale ou climatique, ce sont bien les plus fragiles que nous privons de justice. Il est temps que les institutions tout autant que le droit s’adapte à la nouvelle donne climatique, et permette à chacun-e de faire valoir ses droits, non seulement fondamentaux, mais aussi, à un avenir juste et vivable. Nous irons jusqu’au bout de cet appel, et continuerons d’exhorter les élu-es, à tous les niveaux, d’agir à la hauteur de la crise climatique et des solidarités que nous vivons.”
Depuis le lancement du People’s Climate Case en mai 2018, le Parlement européen a adopté deux résolutions appelant à augmenter de 40 % à 55 % les objectifs climatiques de l’UE à l’horizon 2030. La semaine dernière, plusieurs États membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, l’Espagne, le Portugal, le Luxembourg, la Lettonie et la Belgique, ont publié une déclaration commune invitant tous les dirigeants de l’UE à se mettre d’accord sur la neutralité carbone à l’horizon 2050 et sur le rehaussement de l’Objectif 2030 au Conseil européen de juin.
Contacts presse
Marie Pochon, Coordinatrice Générale, Notre Affaire à Tous : marie@notreaffaireatous.org ; 06 52 26 19 41
Goksen Sahin, Coordinatrice du projet, CAN Europe : goksen@caneurope.org ; +32 04 68 45 39 20
NOTES
1)L’analyse de ClientEarth sur la procédure d’admissibilité du People’s Climate Case met en évidence le manque d’accès aux tribunaux de l’UE
2) Chronologie du People’s Climate Case :
24 mai 2018 : 10 familles et l’association de jeunes saami déposent le People’s Climate Case devant le Tribunal de l’UE
13 août 2018 : le Tribunal européen publie l’affaire au Journal officiel de l’Union européenne et la procédure commence officiellement.
24 septembre 2018 : Le CAN Europe, Wemove.eu et l’Association allemande des petits agriculteurs (Arbeitsgemeinschaft bäuerlicher Landwirtschaft e.V.) deviennent intervenants dans le People’s Climate Case
15 octobre 2018 : la défense écrite du Parlement européen et du Conseil sont soumises à la Cour
10 décembre 2018 : les plaignants répondent à la défense de l’UE et la procédure écrite est close.
15 mai 2019 : le Tribunal européen partage son ordonnance du 8 mai 2019 sur l’irrecevabilité de l’affaire.
3) Les plaidoiries relatives au People’s Climate Case et à l’ordonnance de la Cour sont disponibles ici
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