Auteur/autrice : Notre Affaire à Tous

  • COP 30 : BNP Paribas rappelé à l’ordre sur son engagement d’exclure fin 2025 les entreprises impliquées dans la déforestation au Brésil

    Communiqué de presse – Paris 20 novembre 2025 – Alors que la COP 30 se déroule en ce moment au Brésil, 6 ONG (ActionAid France, Canopée, Envol Vert, Global Witness, Mighty Earth et Notre Affaire à Tous) publient aujourd’hui une lettre ouverte interpellant BNP Paribas sur le non-respect de son engagement à ne plus financer, d’ici fin 2025,  les entreprises de l’industrie bovine et du soja au Brésil impliquées dans la déforestation de l’Amazonie, un écosystème clé pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette lettre intervient alors que l’association Canopée publie aujourd’hui un rapport qui montre que les négociants de soja parmi les plus exposés au risque de déforestation continuent d’être financés par les principales banques françaises.

    En 2021, BNP Paribas s’est engagée à exclure de son portefeuille certains acteurs impliqués dans la déforestation d’ici fin 2025 (1). A quelques mois de cette échéance, aucune publication publique ne permet de vérifier l’état d’avancement de cet engagement. 

    Canopée et Reclaim ont donc mené leurs propres analyses, fondées sur les  transactions financières de la banque et les soutiens financiers identifiés aux entreprises les plus impliquées dans la déforestation de l’Amazonie. 

    Conclusion : BNP Paribas contrevient à ses propres engagements, pourtant contraignants et inscrits dans son plan de vigilance. 

    Cas emblématique : Bunge, symbole du double discours

    Depuis janvier 2024, BNP Paribas a participé à quatre transactions de financement avec Bunge, géant mondial du négoce d’oléagineux, considéré comme le négociant de soja le plus à risque de déforestation au Brésil (2). 

    Entre août 2022 et juillet 2023, l’entreprise était exposée au risque de déforestation de 8 018 hectares au cœur du Cerrado et de l’Amazonie (3). Entre 2015 et 2018, ses activités ont contribué à la destruction d’une surface équivalente à 4/5 de la taille de Chicago, selon Global Witness (4). Ces destructions ont aussi des conséquences sociales dramatiques sur les populations locales : pollution de l’eau, perte de l’accès aux ressources forestières, accaparements fonciers et parfois intimidation. 

    Les ONG demandent à BNP Paribas d’enquêter sur ses clients et de cesser immédiatement tout financement à Bunge, Marfrig ainsi qu’à tout autre acteur identifié comme non conforme à ses propres politiques, conformément à sa politique d’exclusion, à effet du 31 décembre 2025. 

    Des engagements parcellaires : l’exemple de Cargill en Amazonie

    Les organisations dénoncent également les zones d’ombre de la politique “zéro déforestation” de BNP Paribas, limitée à certaines zones géographiques. 

    BNP Paribas n’inclut par exemple pas la Bolivie dans sa politique zéro-déforestation et ne vise donc qu’une partie des entreprises impliquées dans la déforestation. Ainsi, la BNP continue à soutenir Cargill, multinationale étasunienne pointée du doigt dès 2023 par l’organisation Global Witness pour l’achat de soja issu de zones déforestées dans la forêt du Chiquitano en Bolivie, pays devenu le deuxième au monde derrière le Brésil en termes de perte de forêt primaire (5).

    Dans sa toute dernière investigation datant d’octobre 2025, Global Witness montre que BNP Paribas est la banque européenne qui a tiré le plus de revenus des 50 entreprises accusées de déforestation, avec 810 millions de dollars entre 2016 et 2024, dont près de 90% issus du financement du secteur de la pâte à papier et du papier (6). Ce chiffre illustre la dépendance persistante du modèle économique de la banque à des activités destructrices pour les forêts et le climat.

    Les 6 ONG appellent à une mise en conformité immédiate : 

    “Il est urgent d’adopter et d’appliquer une politique de de financement et d’investissement claire, contraignante et vérifiable. En finançant des activités causant une déforestation massive, BNP Paribas alimente un système économique non-soutenable qui contribue directement à la déstabilisation du climat, à la destruction de la biodiversité et à des violations des droits humains”, concluent les ONG dans leur lettre aux dirigeants de BNP Paribas. 

    Lien vers la lettre. 

    Lien vers le rapport de Canopée

    Notes

    (1) Document d’enregistrement universel de BNP Paribas, p.889, mars 2025.

    (2) Brazil soy – Supply chain – Explore the data – Trase

    (3) Somme des cas identifiés par Mighty Earth pour lesquels ils sont présents dans un rayon de 50km. RapidResponse4-Soy-Eng-Dec2024.pdf

    (4) Global commodity traders are fuelling land conflicts in Brazil’s Cerrado | Global Witness

    (5) Fires drove record loss of world’s forests last year, ‘frightening’ data shows, The Guardian, 21 mai 2025

    (6) https://globalwitness.org/fr/campaigns/forests/en-dix-ans-les-banques-ont-genere-26-milliards-de-dollars-grace-au-financement-dentreprises-responsables-de-la-deforestation/

    Contact presse

    Justine Ripoll, Responsable des campagnes – justine.ripoll@notreaffaireatous.org

  • The Climate Litigation Conference : Reflecting Upon Ten Years of Climate Litigation and Looking Beyond

    Please find below the programme of our upcoming event:
    The Climate Litigation Conference: Reflecting on 10 Years of Climate Litigation and Looking Beyond
    On 11 December 2025 from 14:00 to 20:00 at the European Parliament in Brussels

    This event will be an opportunity to bring together as many organisations and actors as possible from the broad climate justice network, working to hold states and corporations accountable for their climate duties and responsibilities, and to show we are a powerful movement to be reckoned with: despite the current attempts at deregulation, justice and history will be on our side. 

    PROGRAMME:

    14:00 – Introduction: Ten Years of Notre Affaire à Tous (NAAT), Urgenda, and the Paris Agreement

    Sarah Mead (Co-director, Climate Litigation Network)
    Jérémie Suissa (CEO of Notre Affaire à Tous)

    14:15 – Panel 1: 10 years of State Framework Litigation

    Starting point: Urgenda and climate mitigation litigation: the gradual recognition over the last 10 years that combatting climate change is a legal obligation rather than a political choice.

    Dennis van Berkel (Strategic Legal Advisor, Urgenda/CLN)
    Harro van Asselt (Professor, Cambridge)
    Joana Setzer (Associate Professor, LSE Grantham)
    Michael Burger (Executive Director, Sabin Centre for Climate Change Law)
    Roda Verheyen (Attorney in Germany, Günther)

    15:30 – Panel 2: Corporate Climate Law and Wider Economic Considerations

    Topics include corporate climate law and litigation (CSDDD, greenwashing and other corporate climate obligations), the role of financial institutions (including central banks) and more.

    Nicky van Dijk (Lead Researcher, Milieudefensie)
    Pauline Abadie (Tenured Associate Professor, Université Paris-Saclay)
    Tim Bleeker (Associate Professor and Coordinator, Vrije Universiteit Amsterdam)
    Johnny White (Lead, Accountable
    Corporations, Client Earth)
    Daniel Segoin (Senior Legal Advisor, BCE)

    16:45 – Panel 3: Loss and Damage: The New Climate Litigation Trend?

    Climate loss and damage have already occurred as a result of insufficient mitigation. Compensation claims will inevitably increase. What is the role of the judiciary in this respect?

    Daniela Ikawa (Associate Professor, Columbia NYC)
    Joie Chowdhury
    (Senior Attorney, CIEL)
    Francesca Mascha Klein (Legal Officer, Germanwatch)
    Clara Gonzales (Co-Director Business and Human Rights,
    ECCHR)
    Rupert Stuart-Smith
    (Senior Research Associate in Climate Science and the Law, Oxford)

    18:00 – Conclusion by Marie Toussaint

    Marie Toussaint (MEP, The Greens/EFA in the European Parliament)

    18:15 Cocktail: some drinks and appetisers will follow the conference from 18:00 to 20:00, so we invite you to stay and enjoy informal discussions afterwards.

    More and more courts and international bodies are recognizing climate action as a legal obligation. However, setbacks and reversals in states’ public policies and corporate climate strategies are multiplying, almost as fast as the impacts of climate change are being felt.

    This study afternoon and discussion with key players in the climate justice movement will bring together experts and practitioners to review the various legal foundations and case law that now underpin the obligation of states and large companies to take urgent and effective action, as well as the new debates emerging around the just transition, fair share and loss and damage reparations obligations.

    The event also aims to take stock of a decade of climate litigation across the world seeking to secure recognition and compliance with these obligations. By bringing together the actors who have brought these cases before the courts, the aim will be to better understand the objectives, lessons learned and impacts of these lawsuits on judicial counter-power, public debate and political action. This will be an opportunity to highlight the interactions and complementarities with other levers for action, such as the production of scientific knowledge, advocacy and citizen mobilisation.

    Finally, through the exploration of a few concrete examples of climate cases from the last 10 years, the discussions will explore the differences in strategies, and the interactions and commonalities between different case law, and the new frontiers of the climate justice movement in Europe.

    Don’t hesitate to share this invitation with anyone who might be interested.

    Online registration is compulsory; otherwise, you may not be able to enter the European Parliament building. Please register here.

    Due to limited capacity, we advise prompt registration. Your registration will guarantee your place at the event. 

    We look forward to seeing you there!
    The team of Notre Affaire à Tous

  • The Climate Litigation Conference : Reflecting Upon Ten Years of Climate Litigation and Looking Beyond

    Retrouvez ci-dessous le programme complet de notre évènement :
    The Climate Litigation Conference: Reflecting on 10 Years of Climate Litigation and Looking Beyond
    Le 11 décembre 2025 de 14h à 18h au Parlement européen à Bruxelles

    Cet évènement sera l’occasion de rassembler un maximum d’organisations et d’acteurs de la grande famille de la justice climatique, qui œuvrent pour que les États et les entreprises assument leurs obligations et leurs responsabilités en matière de climat, et pour montrer que nous sommes un mouvement puissant avec lequel il faut compter : malgré la vague de tentatives de dérégulation, la justice et l’Histoire seront de notre côté.

    PROGRAMME (en anglais) :

    14:00 – Introduction: Ten Years of Notre Affaire à Tous (NAAT), Urgenda, and the Paris Agreement

    Marie Toussaint (MEP at the European Parliament)
    Jérémie Suissa (CEO of Notre Affaire à Tous)

    14:15 – Panel 1: 10 years of State Framework Litigation

    Starting point: Urgenda and climate mitigation litigation: the gradual recognition over the last 10 years that combatting climate change is a legal obligation rather than a political choice.

    Dennis van Berkel (Strategic Legal Advisor, Urgenda/CLN)
    Harro van Asselt (Professor, Cambridge)
    Joana Setzer (Associate Professor, LSE Grantham)
    Michael Burger (Executive Director of the Sabin Centre for Climate Change Law)
    Roda Verheyen (Attorney in Germany at Günther)

    15:30 – Panel 2: Corporate Climate Law and Wider Economic Considerations

    Topics include corporate climate law and litigation (CSDDD, greenwashing and other corporate climate obligations), the role of financial institutions (including central banks) and more.

    Nicky van Dijk (Lead Researcher, Milieudefensie)
    Pauline Abadie (Tenured Associate Professor, Université Paris-Saclay), TBC
    Tim Bleeker (Associate Professor and Coordinator, Vrije Universiteit Amsterdam)
    Johnny White (Lead, Accountable
    Corporations at Client Earth)
    Daniel Segoin (Senior Legal Advisor, BCE)

    16:45 – Panel 3: Loss and Damage: The New Climate Litigation Trend?

    Climate loss and damage have already occurred as a result of insufficient mitigation. Compensation claims will inevitably increase. What is the role of the judiciary in this respect?

    Daniela Ikawa (Associate Professor, Columbia NYC)
    Joie Chowdhury
    (Senior Attorney at CIEL)
    Francesca Mascha Klein (Legal Officer, Germanwatch)
    Clara Gonzales (Co-Director Business and Human Rights,
    ECCHR)
    Rupert Stuart-Smith
    (Senior Research Associate in Climate Science and the Law, Oxford)

    18:00 – Un cocktail aura lieu à l’issue de la conférence de 18h à 20h, nous vous invitons chaleureusement à rester à nos côtés pour ce temps d’échanges informels.

    De plus en plus de tribunaux et d’institutions internationales reconnaissent l’action climatique comme une obligation légale. Cependant, les retards et les revirements dans les politiques publiques des États et les politiques climatiques des entreprises se multiplient, presque aussi rapidement que les effets du changement climatique se font sentir.

    Cet après-midi d’étude et de discussion avec les principaux acteurs du mouvement pour la justice climatique réunira des experts et des praticiens afin d’examiner les différents fondements juridiques et la jurisprudence qui sous-tendent désormais l’obligation des États et des grandes entreprises de prendre des mesures urgentes et efficaces, ainsi que les nouveaux débats qui émergent autour des obligations de transition juste, de partage équitable de l’effort et de réparation des pertes et dommages.

    Cet événement vise également à faire le point sur une décennie de contentieux climatiques à travers le monde dans l’objectif de garantir la reconnaissance et le respect de ces obligations. En réunissant les acteurs qui ont porté ces affaires devant les tribunaux, l’objectif sera de mieux comprendre les objectifs, les enseignements tirés et les impacts de ces poursuites judiciaires sur le contre-pouvoir judiciaire, le débat public et l’action politique. Ce sera l’occasion de mettre en évidence les interactions et les complémentarités avec d’autres leviers d’action, tels que la production de connaissances scientifiques, le plaidoyer et la mobilisation citoyenne.

    Enfin, à travers l’étude de quelques exemples concrets d’affaires climatiques de ces dix dernières années, les discussions porteront sur les divergences de stratégies, les interactions et les points communs entre les différentes jurisprudences, ainsi que les nouvelles frontières du mouvement mondial pour la justice climatique.

    N’hésitez pas à partager le programme à toute personne qui pourrait être intéressée par l’évènement.

    L’inscription est obligatoire, nous vous invitons à réserver votre place sur ce lien, sans quoi l’accès au Parlement européen vous sera impossible.

    En raison du nombre de places limité, nous vous invitons à vous inscrire au plus vite. Votre inscription vous garantit une place à l’évènement.

    L’évènement sera entièrement en anglais, un dispositif d’interprétariat français/anglais sera mis en place.

    Nous avons hâte de vous y retrouver nombreux·ses !
    L’équipe de Notre Affaire à Tous

  • Parlement européen : en pleine COP 30, droite et extrême droite s’allient pour sacrifier le climat et les droits humains 

    Parlement européen : en pleine COP 30, droite et extrême droite s’allient pour sacrifier le climat et les droits humains 

    Communiqué de presse, Paris, le 13 novembre 2025 – Par une alliance inédite de la droite et de tous les groupes d’extrême droite, le Parlement européen a adopté ce jour sa position concernant l’« Omnibus I », un texte de dérégulation revenant de manière brutale sur des avancées pourtant cruciales pour la protection des droits humains, de l’environnement et du climat. Sous la pression intense des lobbies et de puissances étrangères (Etats-Unis, Qatar), ce vote porte un coup très dur au devoir de vigilance européen (CSDDD) qui oblige les entreprises à prévenir et réparer leurs atteintes aux droits humains et à l’environnement.

    Loin des caméras tournées vers la COP 30 à Belém, le Parlement européen a adopté aujourd’hui sa position sur la directive Omnibus I. Cette proposition de la Commission européenne, taillée sur mesure pour les lobbies industriels et jugée potentiellement illégale par une centaine de professionnels du droit européen, remet brutalement en cause certaines règles obligeant les entreprises à prévenir et réparer les atteintes qu’elles causent au climat, à l’environnement et aux droits humains.

    Dans une alliance inédite qui marque un tournant dans l’histoire du Parlement européen, la droite et l’extrême droite ont démantelé la CSDDD en affaiblissant les positions déjà inquiétantes de la Commission européenne et du Conseil de l’Union européenne. Les Républicains de François-Xavier Bellamy ont donc voté avec le Rassemblement National de Jordan Bardella, le parti Reconquête de Sarah Knafo et le parti Identité Libertés de Marion Maréchal Le Pen.

    Feignant de « simplifier » la vie des entreprises pour améliorer leur « compétitivité », la position du Parlement européen propose ainsi de revenir sur :

    • Les seuils d’application. Le Parlement propose de restreindre de manière significative le champ d’application du devoir de vigilance européen, en le limitant aux entreprises de plus de 5 000 salariés et de 1,5 milliards de chiffre d’affaires pour les entreprises européennes.
    • La responsabilité civile. Le Parlement européen accepte la proposition de la Commission européenne de renoncer à la création d’un régime européen de responsabilité civile.
    • Les plans de transition climatique. En pleine COP 30, les député.e.s ont voté pour intégralement supprimer l’obligation pour les multinationales d’adopter et de mettre en œuvre des mesures de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, pourtant indispensables pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris. 
    • Harmonisation maximale. Le Parlement propose de limiter la possibilité laissée aux Etats membres de proposer des dispositions plus protectrices dans leur législation nationale. 
    • Quant à la directive sur le reporting en matière de durabilité (CSRD), également concernée par l’Omnibus I, le Parlement propose d’augmenter le seuil d’application à 1750 salariés et 450M€ de chiffre d’affaires (contre 1000 salariés et 50M€ de chiffre d’affaires dans la proposition de la Commission).

    Ces reculs sont le résultat d’une soumission historique des eurodéputé·es à :

    • Un chantage politique délétère. Ce résultat fait suite à des mois de chantage politique qui ont vu la droite européenne (PPE) menacer de s’allier avec l’extrême droite européenne pour obtenir un texte aussi faible que possible. Aujourd’hui, pour la première fois, la droite européenne (PPE) et l’extrême droite ont ouvertement agi de concert pour vider la CSDDD de sa substance : l’intégralité des amendements déposés conjointement par la droite et l’extrême droite et soumis au vote ont été adoptés.
    • Une pression incessante des puissances étrangères. La position adoptée par le Parlement européen constitue un nouvel exemple du renoncement actuel de l’Union européenne face aux pressions extérieures. Alors qu’elle peut imposer ses règles à toutes les entreprises actives en Europe, les député.e.s ont fait le choix de la compromission, cédant à la pression diplomatique du Qatar et des Etats-Unis.
    • Des demandes de lobbies omniprésents. Les multinationales – pétro-gazières notamment – ont fortement poussé pour affaiblir la CSDDD, s’attaquant frontalement au volet climatique du texte. Le secteur privé, et notamment le patronat français et allemands avaient eux aussi fait pression sur les parlementaires en appelant à une abrogation pure et simple du texte.

    Pourtant, nombre d’acteurs (société civile, syndicats, professeurs de droits et avocats, économistes, Banque centrale européenne…) ont alerté sur le caractère délétère de cette initiative visant à démanteler les normes européennes en matière environnementale, sanitaire et sociale. La médiatrice de l’Union européenne a d’ailleurs ouvert une enquête suite à ces alertes, et une contestation de ce processus législatif devant les tribunaux se profile.

    Nos organisations dénoncent fermement cette capitulation du Parlement européen face à certains intérêts privés et étrangers. En remettant en cause les protections durement acquises pour les travailleurs et travailleuses, les droits humains et l’environnement, les parlementaires européens trahissent les valeurs de l’Union européenne et ajoutent à l’instabilité législative et à la crise démocratique en cours.

    Alors que le Conseil de l’Union européenne a déjà adopté sa position de négociation sur l’Omnibus I, ce vote du Parlement ouvre la voie à des négociations entre institutions européennes pour s’accorder sur une version définitive du texte et entériner ces reculs historiques.

    Face à ce rapprochement historique de la droite et de l’extrême droite pour affaiblir la protection du climat et des droits humains, les États Membres, dont la France, doivent défendre l’intérêt général et le devoir de vigilance dans le cadre du trilogue à venir.

    Contact

    Notre Affaire à Tous : justine.ripoll@notreaffaireatous.org

  • Premier décret d’application de la “loi PFAS” : Notre Affaire à Tous et Générations Futures demandent aux Ministères d’être à la hauteur des enjeux

    Communiqué de presse de Générations Futures et Notre Affaire à Tous, 12 novembre 2025 Le 07 novembre 2025, Notre Affaire à Tous et Générations Futures ont écrit via un recours gracieux au Ministère de la Transition écologique et au Premier Ministre afin de contester le décret d’application de la “loi PFAS”. Ce dernier doit impérativement être complété pour répondre à l’objectif qu’il se fixe et espérer une application de la loi PFAS telle que votée par le Parlement.

    Pour rappel, le décret n°2025-958 du 8 septembre 2025 relatif à la trajectoire de réduction des rejets aqueux de substances PFAS des installations industrielles a été publié dans la précipitation avant la démission du gouvernement Bayrou et sans respect du droit à la participation protégé par la Constitution. 

    Notre Affaire à Tous et Générations Futures récusent l’adéquation entre le contenu du décret et les dispositions prévues par la “loi PFAS” adoptée par le Parlement en février 2025. En l’occurrence, les modalités d’application de cette trajectoire -, pourtant incluses dans le titre du décret lui-même, – sont totalement absentes de ce décret, ce qui met fortement en danger l’objectif même de la loi visant à tendre vers la cessation des émissions de PFAS d’ici à 5 ans.

    Le Ministère doit prendre rapidement les actes administratifs nécessaires afin de remédier à cette situation et de se conformer aux exigences légales. Les modalités de mise en œuvre de cette trajectoire de réduction des émissions industrielles de PFAS doivent être précises, et fixées à l’échelle nationale afin d’éviter les disparités territoriales. Sans cela, il n’est pas possible d’espérer que la trajectoire prévue par le décret puisse être respectée. 

    Pour Jérémie Suissa, délégué général de Notre Affaire à Tous, “les PFAS représentent une des plus grandes crises sanitaires que la France ait connue. Cette contamination aurait déjà dû être traitée bien avant. S’il n’est plus possible de refaire l’histoire, le gouvernement ne peut désormais plus se défiler : fixer un cap ne suffit pas, il s’agit de se donner les moyens de le tenir”.

    “L’Agence de sécurité sanitaire vient entre-temps de rappeler que l’interdiction des PFAS pour réduire les émissions doit être une priorité. Il n’est ainsi pas concevable que la trajectoire de réduction des émissions aqueuses soit si déconnectée des enjeux sanitaires et environnementaux”, complète François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

    Nos organisations sont déterminées à obtenir une réduction effective des émissions de PFAS dans les rejets aqueux et à utiliser toutes les voies de recours à cette fin. 

    Contacts presse

    Emma Feyeux, emma.feyeux@notreaffaireatous.org

    Kildine Le Proux de la Rivière, kildine@generations-futures.fr 

  • CDD 12 mois – Juriste en droit de l’environnement et droit public

    CDD 12 mois – Juriste en droit de l’environnement et droit public

    Date limite de candidature : 26 novembre 2025

    Le ou la juriste assurera un rôle de juriste polyvalent·e en droit public et en droit de l’environnement, avec principalement pour mission d’aider à la définition et au pilotage des contentieux stratégiques en droit de l’environnement et droit administratif, mais également de constituer une ressource juridique de référence au sein de l’association.

    Missions

    A titre principal :

    • Participer à la définition et la mise en œuvre de la stratégie juridique et contentieuse de l’association, principalement en matière de droit de l’environnement et de droit
      administratif général, mais également en matière de droits humains et discriminations
    • Identifier, développer et rédiger les contentieux en lien avec la stratégie de l’association
    • Assurer un appui juridique aux partenaires et coalitions d’acteurs dont l’association fait partie ou auprès de qui l’association souhaite s’engager

    A titre complémentaire :

    • Identifier des sujets de plaidoyer juridique pertinents pour l’association
    • Assurer une veille juridique et politique pour l’association, ainsi que la diffusion en interne (notes, webinaires, formations) et en externe (posts réseaux sociaux, articles) des points de vue de l’association sur l’actualité juridique
    • Contribuer au reporting d’activité auprès des financeurs
    • Représenter l’association dans des événements, colloques juridiques, mais aussi au sein des réseaux associatifs et universitaires
    • Contribuer à la vie de l’association

    Profil souhaité

    • Juriste droit public, droit de l’environnement
    • Diplôme : Master 2 droit public ou droit de l’environnement, l’obtention du CAPA est un plus
    • Expérience professionnelle : Nous accueillons avec enthousiasme les candidatures de profils variés, et les missions seront adaptées en fonction de l’expérience et des compétences de la personne retenue.
    • Polyvalence juridique (droit public général, droit de l’environnement, procédure
      administrative, …)

    Qualités recherchées :

    • Intérêt pour la justice climatique et sociale
    • Intérêt pour un poste “couteau-suisse”, demandant une grande polyvalence
    • Capacité d’initiative
    • Capacité d’organisation, notamment à mener de front plusieurs dossiers
    • Réactivité ́ (notamment à l’actualité)
    • Capacité de coordination, notamment pour animer des coalitions et encadrer des bénévoles
    • Flexibilité et ouverture d’esprit
    • Goût pour le conseil
    • Grammaire et orthographe irréprochables
    • Esprit d’analyse et de synthèse
    • Goût pour l’activité et la vie associative

    Conditions

    • Statut : CDD de 12 mois à temps plein
    • Salaire : à partir de 2500€ bruts mensuels, selon profil et expérience
    • Forfait mobilités durables ou remboursement à 50% du Pass Navigo + prise en charge à 50% de la mutuelle
    • Lieu de travail : Paris (17e)
    • Temps plein 35h – avec télétravail possible

    Date de prise de poste : au plus tôt à partir du mois de décembre 2025 (adaptable selon votre situation)

    Étapes prévisionnelles du processus de recrutement :

    • Clôture des candidatures : 26 novembre 2025
    • Test écrit pour les candidat·es retenu·es après examen du dossier : entre le 28 novembre et le 3 décembre
    • Entretien pour les candidat·es retenu·es à l’issue du test : semaine(s) du 8 et éventuellement du 15 décembre
    • Recrutement final et prise de poste : à partir de mi-décembre 2025

    Candidature à envoyer à adeline.paradeise@notreaffaireatous.org avec une copie obligatoire à recrutement@notreaffaireatous.org avec l’objet “Candidature juriste droit de l’environnement et droit public” avant le 26 novembre 2025.

  • Affaire Grande-Synthe : le Conseil d’État relâche la pression, en dépit des derniers chiffres alarmants sur le climat

    Le Conseil d’Etat arrête son suivi de la trajectoire française

    Ce vendredi 24 octobre, le Conseil d’État a rendu sa décision dans le dossier Grande-Synthe. Ce dernier oppose la commune de Grande-Synthe et les associations de l’Affaire du Siècle (Notre Affaire à Tous, Greenpeace France et Oxfam France) à l’État concernant les objectifs climatiques de la France. Le Conseil d’État a choisi de suivre les recommandations du rapporteur public énoncées à l’audience du 10 octobre dernier et de considérer que l’État avait bien exécuté les injonctions découlant de ses deux condamnations par le Conseil d’État en 2021 et 2023. Dans un contexte de recul sur les politiques climatiques et de décrochage de la trajectoire de baisse d’émissions de gaz à effet de serre, une telle décision est préoccupante.

    Pour Elsa Ingrand, chargée de campagne chez Notre Affaire à Tous :« Il serait dangereux que l’État voit dans cette décision un signe de victoire, alors même que les émissions stagnent et que les politiques climatiques reculent. Le Conseil d’État ne valide pas l’action climatique du gouvernement : il constate simplement le respect d’objectifs désormais dépassés. »

    Un jugement basé sur des objectifs caduques

    Le Conseil d’État, qui juge l’exécution de ce recours, a considéré que l’État avait respecté son 2e budget carbone et était en mesure de respecter le 3e. Il remplirait ainsi ses obligations de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

    Toutefois, il faut préciser que le Conseil d’État a limité son analyse aux anciens objectifs climatiques, en vigueur au moment de la première décision en 2021, pourtant obsolètes aujourd’hui. Le jugement se fonde donc sur l’objectif de réduction de -40% des émissions d’ici à 2030, alors qu’il a été rehaussé à -55% des émissions nettes dans le cadre du Fitfor55 de l’Union européenne(1). 

    Le jugement ne porte par ailleurs que sur les émissions brutes et non les émissions nettes, alors que les puits de carbone français sont en situation de grande fragilité(2).

    Une décision à contre-courant des dernières analyses

    Le rapporteur a pourtant souligné dans ses conclusions que la décision du Conseil d’État de ce jour ne “vaudra pas satisfaction des objectifs actuellement assignés à l’État français”. Lors de l’audience, il a noté les “incertitudes croissantes” concernant l’atteinte de l’objectif de -40%, et a fortiori, celle du nouvel objectif de -55%.

    Une telle décision est inquiétante, alors que nous assistons à un véritable décrochage de la trajectoire de réduction des émissions et à un manque de planification. Ainsi, les réductions d’émissions dont se prévaut l’État sur la période 2019-2023 résultent en grande partie de circonstances exceptionnelles (crise sanitaire, inflation, hiver doux) et non de politiques climatiques structurelles, ainsi que l’a relevé le Conseil d’État. 

    Les derniers chiffres du CITEPA témoignent aussi de ce décrochage : la baisse des émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2025 devrait se situer à seulement -0,8%, bien loin des -5% nécessaires chaque année. Cela confirme le ralentissement déjà observé en 2024 (-1,8%) et s’inscrit dans un contexte de recul sur les mesures climatiques (coupes budgétaires, suspension de MaPrimeRénov, suppression de certaines lignes internationales de train, favorisation de l’élevage intensif via la LOA et la Loi Duplomb). C’est d’autant plus alarmant que la première mouture du projet de loi de finances pour 2026 n’augure pas des politiques climatiques ambitieuses, loin de là.

    Cette décision ne met pas fin au combat de l’Affaire du Siècle : nous continuerons à exiger des politiques climatiques à la hauteur de l’urgence. Le débat sur les objectifs renforcés de la France est loin d’être clos et de nouvelles pistes juridiques pourraient être envisagées. En attendant, les conséquences du changement climatique sont déjà là et impactent les plus vulnérables. Il faut donc agir en parallèle sur l’adaptation, et la justice pourra se prononcer à ce sujet prochainement dans le cadre du Recours des sinistré·es climatiques.

    Notes

    (1) Rapporté à la France, cela représente un objectif d’environ -50% d’émissions brutes et -54% d’émissions nettes par rapport à 1990 selon le gouvernement.

    (2) Voir le dernier rapport du HCC, p. 79, p.89, p.95 notamment.

    Notes aux rédactions

    Les étapes du recours : 

    Novembre 2018 : La commune de Grande-Synthe, qui fait face au risque de montée des eaux, attaque l’État devant le Conseil d’État

    Février 2020 : Les organisation de l’Affaire du Siècle (Notre Affaire à Tous, Greenpeace France, Oxfam France) rejoignent le recours via une intervention volontaire

    19 novembre 2020 : Le Conseil d’État rend une décision actant que les objectifs climatiques de la France et sa trajectoire pour les atteindre contraignants

    1er juillet 2021 : Le Conseil d’État condamne l’État une première fois, et l’enjoint de prendre des mesures supplémentaires avant avril 2022.

    30 juillet 2021 : Entrée en vigueur de la Loi européenne pour le climat et du Fitfor55 au niveau européen, qui fixe des nouveaux objectifs de baisse d’émissions de gaz à effet de serre (à -55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990). Ce nouvel objectif ne peut être intégré à l’affaire Grande-Synthe, cette dernière ayant été lancée avant l’adoption dudit objectif.

    10 mai 2023 : Le Conseil d’État condamne l’État une deuxième fois, dont le bilan est insuffisant pour respecter son objectif climatique de – 40% et l’enjoint de prendre des mesures supplémentaires avant juin 2024. Il annonce qu’il surveillera le respect de cette décision.

    2025 : Le Conseil d’État évalue de nouveau la trajectoire de la France dans le cadre de l’exécution de ses dernières décisions.

    Contact presse

    Elsa Ingrand, chargée de campagne pour Notre Affaire à Tous : elsa.ingrand@notreaffaireatous.org

  • Total condamnée pour greenwashing : un précédent juridique majeur contre la désinformation climatique des majors pétrolières

    Paris, le 23 octobre 2025 –  Le tribunal judiciaire de Paris a rendu aujourd’hui une décision historique, première mondiale : il condamne TotalEnergies pour pratiques commerciales trompeuses en raison de ses allégations mensongères portant sur son “ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″ et « d’être un acteur majeur de la transition énergétique”. 

    Cette décision historique fait suite à l’action en justice initiée en 2022 par Les Amis de la Terre France, Greenpeace France et Notre Affaire à Tous, avec le soutien de ClientEarth. Elle dénonce la campagne de communication de la major autour de son changement de nom de Total à TotalEnergies en 2021.


    Cette victoire marque un tournant pour la protection des consommateurs, la préservation du climat et la lutte contre les pratiques de greenwashing. C’est la première fois à travers le monde qu’une major pétro-gazière est condamnée par la justice pour avoir trompé le public en verdissant son image au sujet de sa contribution à la lutte contre le changement climatique.


    Le tribunal juge que Total a “commis des pratiques commerciales trompeuses en diffusant, à partir du site www.totalenergies.fr, des messages reposant sur les allégations portant sur leur “ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050  » et « d’être un acteur majeur de la transition énergétique  » de nature à induire en erreur le consommateur, sur la portée des engagements environnementaux du Groupe”.


    Par conséquent le tribunal ordonne à TotalEnergies et TotalEnergies Electricité et Gaz France :

    • de cesser leur allégations mensongères(1) dans le délai d’un mois, sous peine d’astreinte provisoire de 10.000 euros par jour de retard,
    • de publier la décision de justice sur la page d’accueil de leur site internet www.totalenergies.fr de façon visible pendant 180 jours.


    Les associations saluent cette décision, à la hauteur de la gravité des dommages climatiques causés par ce géant pétro-gazier. Cette victoire consacre trois ans de combat judiciaire et la détermination des associations à faire reconnaître la responsabilité de TotalEnergies dans la désinformation climatique.


    Les associations regrettent néanmoins que le tribunal ait rejeté leurs demandes concernant le gaz et les agrocarburants, car il a considéré que les communications visées n’étaient pas “en relation directe avec la promotion, la vente ou la fourniture des énergies de la société TotalEnergies aux consommateurs”. Le tribunal ne s’est cependant pas prononcé sur le contenu de ces communications.


    Pour Justine Ripoll, responsable des campagnes chez Notre Affaire à Tous : “En reconnaissant que la communication de Total trompe les consommateurs, la justice française s’attaque enfin à l’impunité du greenwashing fossile dont Total bénéficiait jusque-là. Elle envoie un message clair : la désinformation climatique n’est pas une stratégie commerciale acceptable. Les citoyens ont droit à une information honnête et les entreprises fossiles doivent rendre des comptes sur la réalité de leurs activités.”


    Pour Edina Ifticene, responsable de campagne chez Greenpeace France : ”Avec plus de 97 % de sa production d’énergie issue des hydrocarbures et près de 80 % de ses investissements toujours orientés vers les énergies fossiles, Total continue d’aggraver la crise climatique, tout en prétendant contribuer à sa résolution. La décision historique du tribunal interdit enfin à la multinationale de dissimuler les dégâts qu’elle cause derrière des artifices de communication verte.(2)”


    Pour Juliette Renaud, coordinatrice des Amis de la Terre France : “Nous espérons que la décision du tribunal aidera à faire la lumière sur la réalité des activités de Total, qui continue son expansion pétrogazière sur tous les continents, et en particulier en Afrique, au prix de graves violations des droits humains, et de dommages environnementaux et climatiques irréversibles. La multinationale s’entête notamment à vouloir relancer son méga projet gazier Mozambique LNG, malgré un contexte sécuritaire et humanitaire alarmant. A lui seul, ce projet contribuerait à produire entre 3,3 et 4,5 milliards de tonnes d’équivalent CO₂. Il est temps de contraindre Total et les autres majors à se conformer aux recommandations des scientifiques pour en finir avec le développement de nouveaux projets fossiles.”


    Cette décision s’inscrit dans un contexte international où de plus en plus d’entreprises, notamment pétrolières, sont mises en cause pour des pratiques similaires.


    Enfin, à l’approche de la COP30, cette décision envoie un signal fort à l’ensemble de l’industrie fossile. La justice française vient aujourd’hui d’ouvrir la voie à d’autres actions similaires en Europe et dans le monde. Avec ce précédent majeur, c’est la stratégie globale de dissimulation des responsabilités climatiques des puissants groupes pétro-gaziers qui est en question. Faire reculer la désinformation climatique qu’ils orchestrent, c’est faire un grand pas en faveur de la transition énergétique.

    Notes

    (1) Liste des allégations visées :
    – « Notre ambition est d’être un acteur majeur de la transition énergétique tout en continuant à répondre aux besoins en énergie des populations”.
    – « Nous plaçons le développement durable au cœur de notre stratégie, de nos projets et de nos opérations pour contribuer au bien-être des populations, en ligne avec les Objectifs de Développement Durable définis par les Nations-Unies. »
    – « Nous plaçons le développement durable au cœur de notre stratégie, de nos projets et de nos opérations pour contribuer au bien-être des populations, en ligne avec les Objectifs de Développement Durable définis par les Nations-Unies. »

    « Plus d’énergies, moins d’émissions: c’est le double défi que nous devons relever aux côtés de nos parties prenantes afin de contribuer au développement durable de la planète et faire face au défi climatique.Nous avons pour ambition de contribuer à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ensemble avec la société […] En proposant à nos clients des produits énergétiques de moins en moins carbonés ».

    (2) Voir les paragraphes 130 à 132 du jugement.

    Contacts presse

    Notre Affaire à Tous : Justine Ripoll – justine.ripoll@notreaffaireatous.org

    Les Amis de la Terre France : Juliette Renaud – juliette.renaud@amisdelaterre.org

    Greenpeace France : Franck Mithieux – franck.mithieux@greenpeace.org

  • Grande-Synthe : le rapporteur public veut tourner la page de l’affaire, en dépit des chiffres alarmants sur le climat publiés ce jour

    Ce vendredi 10 octobre s’est tenue une audience au Conseil d’État dans le dossier qui oppose la commune de Grande-Synthe et les associations de l’Affaire du Siècle (Notre Affaire à Tous, Greenpeace France et Oxfam France) à l’État concernant les objectifs climatiques de la France. Après avoir condamné l’État à deux reprises en 2021 et 2023, le Conseil d’État se prononcera une nouvelle fois d’ici la fin de l’année sur l’exécution de ses décisions. Il statuera alors sur la capacité de l’État à respecter son ancien objectif de baisse d’émissions de gaz à effet de serre de -40% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990. L’audience a été l’occasion pour le rapporteur public de présenter ses conclusions.

    Le rapporteur public a estimé que l’État serait en mesure de respecter cet objectif, qui est pourtant entre-temps devenu obsolète au regard des dernières obligations européennes. Les organisations de l’Affaire du Siècle déplorent cette analyse sur l’ancien objectif, qui va à l’encontre des expertises sur le sujet, y compris celle du Haut Conseil pour le Climat.

    Un périmètre d’analyse obsolète et incomplet

    Se basant sur des obligations désormais caduques, le rapporteur public recommande au Conseil d’État de ne contrôler le respect que d’une partie des engagements de la France. Il fonde ainsi son appréciation sur l’objectif désormais obsolète de réduction de -40% des émissions d’ici à 2030, alors même que le seuil a été rehaussé au niveau européen dans le cadre du Fitfor55, et s’établit désormais à -55 % en émissions nettes au niveau européen (1). Concernant ce nouvel objectif, il admet qu’il risque de ne pas être respecté, sans pour autant le prendre en compte dans ses conclusions.

    De même, l’analyse concerne seulement les émissions brutes de la France et non pas ses émissions nettes, alors que nous assistons à un affaiblissement conséquent des niveaux de puits de carbone (2), ce qui met en péril notre capacité à atteindre les objectifs climatiques français et européens.

    Des conclusions qui nient la réalité des chiffres et le manque de mesures efficaces

    Aussi, les organisations de l’Affaire du Siècle émettent de sérieux doutes concernant la capacité de la France à respecter cette cible de -40%, bien qu’elle soit caduque. Les derniers chiffres en témoignent : le CITEPA publie ce jour une prévision de baisses d’émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2025 à -0,8%, bien loin des -5% nécessaires chaque année. Cela confirme le ralentissement et le potentiel décrochage de trajectoire, déjà observé en 2024 (-1,8%). De même, les réductions dont l’État se targue pour le budget carbone 2019-2023 reposent en partie sur des effets conjoncturels (crise du Covid-19, inflation, hivers doux), de l’aveu du Conseil d’État lui-même. Pourtant, la lutte contre le changement climatique nécessite des politiques programmées et de long terme. En tout état de cause, rien n’assure que l’objectif de -40% pourra être respecté.

    Dans un contexte de recul sur les mesures climatiques (coupes budgétaires, suspension de MaPrimeRénov, suppression de certaines lignes internationales de train, favorisation de l’élevage intensif via la LOA et la Loi Duplomb), L’Affaire du Siècle appelle le Conseil d’État à continuer son évaluation de la trajectoire de l’État sur les prochaines années et à enjoindre à l’État de mettre en place une politique climatique véritablement cohérente, notamment via la publication de la SNBC-3 et la PPE-3, attendues depuis près de deux ans déjà. Sans évolution radicale dans les politiques climatiques et si le Conseil d’État arrête son contrôle, le risque reste élevé qu’en 2028, nous réalisions que le 3ème budget carbone de la France a été largement dépassé.

    Notes

    (1) Rapporté à la France, cela représente un objectif d’environ -50% d’émissions brutes et -54% d’émissions nettes par rapport à 1990 selon le gouvernement.

    (2) Voir le dernier rapport du HCC, p. 79, p.89, p.95 notamment

    Notes aux rédactions

    Les étapes du recours : 

    Novembre 2018 : La commune de Grande-Synthe, qui fait face au risque de montée des eaux, attaque l’État devant le Conseil d’État

    Février 2020 : Les organisation de l’Affaire du Siècle (Notre Affaire à Tous, Greenpeace France, Oxfam France) rejoignent le recours via une intervention volontaire

    19 novembre 2020 : Le Conseil d’État rend une décision actant que les objectifs climatiques de la France et sa trajectoire pour les atteindre contraignants

    1er juillet 2021 : Le Conseil d’État condamne l’État une première fois, et l’enjoint de prendre des mesures supplémentaires avant avril 2022.

    30 juillet 2021 : Entrée en vigueur de la Loi européenne pour le climat et du Fitfor55 au niveau européen, qui fixe des nouveaux objectifs de baisse d’émissions de gaz à effet de serre (à -55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990). Ce nouvel objectif ne peut être intégré à l’affaire Grande-Synthe, cette dernière ayant été lancée avant l’adoption dudit objectif.

    10 mai 2023 : Le Conseil d’État condamne l’État une deuxième fois, dont le bilan est insuffisant pour respecter son objectif climatique de – 40% et l’enjoint de prendre des mesures supplémentaires avant juin 2024. Il annonce qu’il surveillera le respect de cette décision.

    2025 : Le Conseil d’État évalue de nouveau la trajectoire de la France dans le cadre de l’exécution de ses dernières décisions.

    Contacts presse

    Elsa Ingrand, Chargée de campagne pour Notre Affaire à Tous, elsa.ingrand@notreaffaireatous.org
    Marika Bekier, Oxfam France, mbekier@oxfamfrance.org

  • Numéro 23 de la newsletter des affaires climatiques et environnementales – Les espoirs d’une réglementation européenne des PFAS face aux volontés de dérégulation de l’industrie chimique

    Chères lectrices, chers lecteurs,

    Pour cette vingt-troisième newsletter des affaires climatiques et environnementales, vous trouverez en focus un article sur les espoirs d’une réglementation européenne des PFAS face aux volontés de dérégulation de l’industrie chimique.

    Ensuite, vous retrouverez les chroniques de deux décisions récentes. La première concerne la décision de la cour constitutionnelle colombienne ordonnant aux autorités d’agir face aux catastrophes naturelles, jugeant que leur inaction violait les droits humains d’un propriétaire dont la maison est régulièrement inondée. La seconde porte sur la décision de la Cour constitutionnelle belge de censurer le report d’une ZFE sur le fondement du droit à un environnement sain. 

    Très bonne lecture et merci d’être toujours aussi nombreux et nombreuses à lire ce courrier ! Et si vous souhaitez, vous aussi, vous investir dans la rédaction des prochains numéros, c’est par ici.

    Clarisse Macé, co-référente du groupe de travail veille-international

    Focus : Les espoirs d’une réglementation européenne des PFAS face aux volontés de dérégulation de l’industrie chimique

    Le 27 février 2025 est à marquer d’une pierre blanche pour la lutte contre « l’une des plus graves contaminations auxquelles le monde est aujourd’hui confronté » : la première loi française visant à protéger la population des risques liés aux substances PFAS a été publiée au Journal Officiel, un an après le début des discussions législatives et moins de trois ans après la révélation du scandale en France. Inédite dans son ambition, elle vient surtout combler un vide réglementaire historique, qui a permis à des industriels producteurs et utilisateurs de ces molécules ultra résistantes et persistantes, dont les impacts sur la santé sont documentés de façon croissante, de contaminer nos écosystèmes et nos corps.

    Comment les processus de réglementation de l’industrie chimique, en grande partie européen, ont-ils amené à cette production d’ignorance ? Est-il envisageable aujourd’hui qu’ils permettent une meilleure application du principe de précaution, et ce à l’échelle de l’Union ?

    Affaire climatique

    La cour constitutionnelle colombienne a ordonné aux autorités d’agir face aux catastrophes naturelles, jugeant que leur inaction viole des droits humains d’un propriétaire dont la maison est régulièrement inondée.

    Un homme de 80 ans a vu sa maison inondée régulièrement pendant plus de douze ans. Les autorités locales colombiennes ont, à chaque fois, agi pour protéger ce citoyen, mais, par manque de moyens, n’ont jamais fait que réparer les dégâts causés sans créer de solution à long terme ou de moyen de prévention pour aider l’administré. Les inondations se sont donc répétées, causant à chaque fois des dommages et créant une inquiétude chez l’octogénaire.

    Les juges de la Cour constitutionnelle colombienne ont dû déterminer si les actions mises en place par les autorités locales suffisent à protéger les droits des administrés à un logement digne, à un procès équitable et à la dignité humaine.

    Affaire environnementale

    La Cour constitutionnelle belge a censuré le report d’une ZFE (zone à faibles émissions) sur le fondement du droit à un environnement sain

    Le 21 mars 2025, la Région de Bruxelles-Capitale a, par ordonnance, décalé de deux ans l’application d’une nouvelle phase de la zone à faibles émissions (ZFE). En effet, de nouvelles restrictions de circulation pour certains types de véhicules initialement prévues pour le 1er janvier 2025 étaient décalées au 1er janvier 2027. Plusieurs associations, notamment des droits humains et de protection de la santé, ainsi que plusieurs habitants touchés par des problèmes respiratoires aggravés par la pollution de l’air, ont saisi la Cour constitutionnelle belge pour suspendre l’exécution de ladite ordonnance.

    La décision de décaler l’application de mesures restrictives de la circulation pour limiter la pollution de l’air constitue-t-elle une violation du droit à un environnement sain et du droit à la protection de la santé ?