En octobre 2021, trois historiens révélaient que les dirigeants et salariés du groupe TotalEnergies (à l’époque Total et Elf) avaient connaissance de la probabilité d’un dérèglement climatique sans précédent dû à la production de combustibles fossiles dès 1971.
Notre Affaire à Tous et 350.org ont alors lancé la campagne TotalMent pour interpeller les décideurs politiques français et exiger une commission d’enquête parlementaire sur le sujet.
L’occasion de revenir sur 50 ans de fabrique du doute, de lobbying et de greenwashing de la part de Total, devenue depuis TotalEnergies : à partir de recherches basées sur des sources primaires inédites d’archives de l’entreprise et d’entretiens avec d’anciens dirigeants et salariés, il a ainsi été démontré que malgré la connaissance des risques sur le climat, les dirigeants de l’entreprise ont tout fait pour maintenir les activités climaticides de Total.
C’est ainsi qu’à partir de 1972, Total commence à nier l’existence d’un quelconque dérèglement climatique. Pourtant, un an plus tôt, le magazine de l’entreprise “Total Information” exposait le lien entre les activités pétrolières du groupe et les “conséquences catastrophiques” du dérèglement climatique que cela induirait.
Cette stratégie va se transformer en fabrique du doute, dès la fin des années 80, face aux consensus scientifiques qui commencent à émerger. Cette stratégie consiste d’une part à remettre en question la qualité de ces recherches et d’autre part à saboter les politiques environnementales qui nuiraient à leurs intérêt : c’est ainsi qu’en 1992, Elf [qui fusionnera avec Total en 1999] se félicite d’avoir mis en en échec par les industries fossiles de l’initiative d’écotaxe européenne.
Au début des années 2000, alors qu’il devenait difficile de remettre publiquement en doute l’existence d’un dérèglement climatique, Total a pris le virage du greenwashing.
Pourtant, Total est aujourd’hui l’une des 20 entreprises fossiles ayant le plus contribué au dérèglement climatique depuis 1965. Et malgré sa volonté de se renommer Total Energies, la multinationale pétrolière et gazière continue aujourd’hui à produire 447 unités d’énergies fossiles pour une seule d’énergies renouvelables.
Pour en savoir plus sur la stratégie de Total et découvrir les preuves, rendez-vous sur le site de la campagne :
En 2024 : La commission d’enquête
Le 17 janvier 2024, le Sénat lance officiellement une commission d’enquête dédiée à TotalEnergies, portant sur les obligations climatiques de la multinationale pétro-gazière.
Cette commission a pour objectif, jusqu’à juin 2024, d’enquêter sur la responsabilité du groupe français, ses activités et investissements financiers sur le (non-)respect des engagements climatiques de la France et l’alimentation de situations de corruption, de conflits armés, de violations des droits humains et des libertés fondamentales.
Dans la continuité des auditions de membres du GIEC, du Haut Conseil pour le Climat ou encore de l’ADEME, Notre Affaire à Tous a également été auditionnée par les sénateur.ices sur la question des “différentes pistes juridiques disponibles pour établir la responsabilité des multinationales en matière climatique”.
Paul Mougeolle, doctorant en droit climatique, juriste, et Brice Laniyan, docteur en droit public, juriste en charge de la réglementation des multinationales, ont ainsi pu exposer l’approche de Notre Affaire à Tous en terme de contentieux contre les multinationales, mais aussi développer les différentes propositions de réglementations visant à responsabiliser ces dernières.
Paul Mougeolle (à gauche) et Brice Lanyian (à droite)
lors de l’audition au Sénat de Notre Affaire à Tous le 26 février 2024.
Pour suivre les autres auditions de la commission d’enquête, retrouvez nos récapitulatifs sur le site totalment.fr :
A la suite de cette audition, des questions écrites ont été envoyées, destinées à aider à la rédaction d’un rapport final censé être publié à l’issue de la commission en juin 2024. Retrouvez ce document, qui correspond aux réponses envoyées au Sénat, dans lesquelles figurent les propositions portées par Notre Affaire à Tous en matière de responsabilisation des acteurs économiques sont exposées :
La commission d’enquête a rendu public son rapport final, qui a été voté avec 33 recommandations pour encadrer les activités de TotalEnergies :
Nos demandes
Nous demandons à TotalEnergies de :
- Reconnaître son rôle ainsi que sa responsabilité passée et présente dans le changement climatique
- Mettre immédiatement toutes ses ressources à disposition dans la transition énergétique, en réorientant leurs investissements vers les énergies renouvelables.
- Abandonner tout nouveau projet d’exploration et d’exploitation d’énergies fossiles dans le monde et anticiper la fermeture de certains de ses sites.
Nous demandons aux acteurs financiers :
- De s’engager à ne pas financer ni à assurer de nouveaux projets d’exploration et d’exploitation aux combustibles fossiles
- De rejoindre le mouvement mondial de désinvestissement des combustibles fossiles.
- A la BCE d’exclure Total et l’industrie fossile et les autres secteurs très polluants de ses programmes d’achat d’actifs.
Nous demandons aux pouvoirs publics français de :
- Faire toute la lumière sur la responsabilité climatique passée et présente de TotalEnergies en convoquant une commission d’enquête parlementaire
- Garantir l’application effective de la loi française sur le devoir de vigilance et la renforcer
- Soutenir l’internationalisation du devoir de vigilance des multinationales
Soutenez l’initiative avec le hashtag #TotalMent. Combattez avec nous l’impunité de l’industrie fossile !
(Re)découvrez en vidéo sur les révélations #TotalMent, avec Laure Barbé de Notre Affaire à Tous et Clémence Dubois de 350.org !