En Alaska, en Californie ou dans l’Etat de New York, les villes multiplient les recours contre des compagnies pétrolières pour obtenir des dommages-intérêts leurs permettant de s’adapter aux changements climatiques. L’activité polluante de nombreuses multinationales ne laisse plus le choix aux collectivités, elles doivent agir efficacement afin d’anticiper les coûts d’adaptation.
Le coût croissant du changement climatique
En dépit des engagements internationaux dont l’Accord de Paris, les trajectoires dessinées par les États nous mènent vers un réchauffement d’au moins 3,5°C. À ce rythme, les villes les plus peuplées pourraient voir leurs températures augmenter de 7 ou 8°C d’ici 21003. Cette évolution a un prix : la ville médiane perdrait l’équivalent de 1,4 à 1,7% de PIB par an d’ici 2050, et jusqu’à 10,9% du PIB d’ici 2100 pour les plus affectées. Or, « Un monde plus chaud de 4 degrés sera impossible à assurer.»
Henri de Castries, PDG d’Axa assurance, met en évidence les répercussions économiques du réchauffement climatique. En 2016, les catastrophes naturelles en France et en Allemagne ont coûté 6 milliards d’euros. À en croire les assureurs, ces coûts sont amenés à être intégralement couverts par les victimes ou les pouvoirs publics. Pour y faire face, les collectivités territoriales doivent donc se tourner vers de nouvelles sources de financement.
La justice sociale, la cohésion et l’ordre public face aux pollueurs majeurs
Le changement climatique accroît les inégalités sociales comme en témoignent les chiffres suivants : un tiers des résidents de Caroline du Nord touchés par les inondations dues à l’ouragan Matthew en 2016 vivaient sous le seuil de pauvreté, et les afro américain-es avaient 68% plus de probabilité d’être impactés par l’ouragan Katrina que les populations blanches. Enfin, une corrélation est établie entre les changements climatiques et la violence, notamment contre les femmes. Là où la diplomatie internationale tarde à se mettre en mouvement, les collectivités engagées dans l’action climatique peuvent créer des dispositifs innovants ayant un effet levier pour l’ensemble de l’humanité.Face à cette multitude de victimes, plusieurs rapports établissent qu’une petite centaine de multinationales seulement sont responsable de près de 70% des émissions de carbone.
Les chances de succès
Se lancer dans une action en justice climatique comporte une part d’incertitude juridique. Des Etats-Unis à l’Union européenne en passant par la France, les juges ouvrent toutefois de manière croissante la voie à l’émergence, par l’action devant les tribunaux, d’une véritable justice climatique et environnementale.
Aux côtés de 350.org, et dans le cadre de la campagne nationale lancée par le Réseau Action Climat et Alternatiba, Notre Affaire à Tous défend l’idée que les citoyen-nes peuvent agir au niveau local pour pousser leurs élu-es à demander des comptes aux multinationales pollueuses. Sur le principe du pollueur-payeur, nous pensons que les collectivités ne peuvent assumer l’ensemble des coûts de l’adaptation, d’autant plus lorsqu’elles n’en sont pas responsables : c’est bien à celles et ceux qui produisent ces effets d’être tenu-es pour responsables et de payer leur part.
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