Ce 19 avril 2019, Notre Affaire à Tous sort sa première revue de presse sur les impacts du changement climatique ! Notre souhait ? Mettre en lumière les conséquences du dérèglement du climat sur les territoires, les populations, le vivant. En partant du constat, qu’en France aussi, dès aujourd’hui, les dégradations environnementales et le bouleversement des équilibres de notre planète accentuent les vulnérabilités et renforcent les inégalités existantes. Dans un premier temps, cette revue de presse s’attèlera à faire un état des lieux des enjeux de justice climatique. Sur deux numéros, chacun envoyés à deux semaines d’intervalle, nous balayerons les impacts sociaux, économiques et territoriaux des changements climatiques. La revue de presse sera ensuite envoyée à tou-tes celles et ceux qui souhaitent s’y abonner de manière mensuelle. 

Fin 2018, des journalistes de Basta Mag, Mediapart, Politis, Reporterre et la Revue Projet se sont associés, sous l’impulsion de Notre Affaire à Tous, et ont formé le JIEC – Journalistes d’Investigation sur l’Écologie et le Climat. Ils ont publié le 18 avril une deuxième série de portraits de témoins du changement climatique :

Ils ont étudié l’impact du changement climatique sur la santé, à travers l’explosion du nombre d’allergies et de la réalité du stress post-traumatique causé par des catastrophes naturelles, de l’Aude à Saint-Martin. Ils sont allés à la rencontre de viciticulteur-rices et d’éleveurs laitiers, qui doivent sans cesse s’adapter à leurs milieux. Enfin, la jeunesse est mise en avant, car, inquiète de son avenir sur Terre, elle se mobilise, et ne laisse pas les destructeurs du climat lui voler son futur.

I – Des conséquences sociales du changement climatique toujours plus visibles

  • La santé humaine, considérablement impactée

Le GIEC a d’ailleurs reconnu cette menace importante, montrant que les problèmes de santé existants étaient aggravés et que d’autres survenaient avec ce phénomène. En période de canicule notamment, les impacts sur la santé vont “du coup de chaleur ou insolation à l’exacerbation de problèmes cardiaques existants ou encore le risque accru de lésions rénales dues à la déshydratation”.

L’émergence de maladies est rendue favorable par la chaleur. La Réunion est particulièrement vulnérable à la dengue par exemple, même si cette maladie “s’étend à d’autres terres”, jusqu’en métropole. Causée par les piqûres du moustique tigre, elle fait partie des pathologies qui migrent avec le réchauffement climatique. Les maladies vectorielles comme la dengue ou le chikungunya comptent d’ailleurs parmi les principaux impacts sanitaires du réchauffement. Elles sont sont surveillés en France depuis le début des années 2000.

Notre santé mentale, aussi, est altérée par le changement climatique : puisque “de 20 % à 50 % des personnes exposées à une catastrophe naturelle ont un risque de développer des troubles psychologiques”. Ses effets sont encore peu étudiés, alors même que les personnes les plus vulnérables sont les plus touchées. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), “dans les pays développés comme en développement, il apparaît que les sécheresses peuvent entraîner une augmentation du taux de suicide disproportionnée chez les hommes agriculteurs”.

Les dégradations environnementales dûes notamment à la pollution ont aussi de graves effets sur la santé : un rapport de mars 2019 de l’association Respire fait un état des lieux de la pollution de l’air à proximité des établissements scolaires en Ile-de-France, accompagnée d’une carte interactive du niveau de pollution par école. Un quart des écoles sont particulièrement exposées. UNICEF France a d’ailleurs lancé une campagne “Pour chaque enfant, un air pur !” début avril, pour exposer les effets de l’air en ville sur les enfants.

  • Les logements, signes des inégalités environnementales

Outre la santé, ce sont les lieux de vie des personnes et leur droit au logement qui sont inégalement touchés : la précarité énergétique touche aujourd’hui 5 millions de ménages en France. Certaines de ces personnes haussent le ton pour exiger la rénovation de leurs bâtiments.

II – Des activités économiques mises en danger par le réchauffement planétaire

Dans son rapport d’évaluation de 2014, le GIEC estime, avec un degré de confiance élevé, que le changement climatique va “remettre en cause certaines activités anthropiques courantes, notamment le fait de cultiver la terre ou de travailler en extérieur”. Mais les professionnels de ces secteurs ne se laissent pas abattre et tentent d’adapter leurs pratiques. 

  • Les métiers de la terre en ligne de mire du changement climatique

La viticulture en est un exemple. Certains cépages comme le Merlot risquent de disparaître à l’horizon 2050. Face à cela, des chercheurs tentent dès aujourd’hui d’adapter les vignobles au changement. Les rendements des terres agricoles aussi sont particulièrement affectés, comme en Haute-Savoie où “les agriculteurs cherchent les solutions face au changement climatique” : de l’agroforesterie aux semences paysannes, ils tentent de s’adapter, tout en étant inquiets pour leur avenir. Ou encore dans la Drôme, où la famille Feschet qui a perdu 44% de ses revenus liés à la production de lavande ces 6 dernières années. Des stratégies d’adaptation se mettent en place, comme en Ardèche, où des agriculteurs réfléchissent à l’autonomie agricole “non pas à l’échelle de la ferme mais par zone de territoire, en construisant des partenariats avec d’autres paysans”, pour devenir résilients face au changement climatique. 

C’est également l’activité des apiculteurs qui est en danger, puisque les abeilles, non seulement affectées par l’utilisation des pesticides, sont aussi touchées par la hausse des températures et donc des sécheresses. Les fleurs et la nature souffrent de ces changements, rendant la quête de nourriture des abeilles plus compliquée. Un couple d’apiculteurs du Morbihan a, par exemple, perdu 170 de ses 190 ruches en 2018.

  • Les activités liées au tourisme seront aussi affectées

A la fois critiqué à l’international comme un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, puisque contribuant à 8% des émissions mondiales, selon une étude de la revue Nature climate change, les professionnels du secteur subiront pourtant des pertes de revenus. 

Dans les Alpes par exemple, il existe un fort risque de baisse de la fréquentation touristique en hiver comme en été. En hiver, en moyenne montagne à cause de la diminution de l’enneigement. Les années sans neige entraînent d’ailleurs “une baisse de 20 à 30% des revenus des moniteurs de ski”. En été aussi, dans les villes particulièrement, à cause de l’augmentation des températures, qui forment des îlots de chaleur urbains. La Haute-Savoie a d’ailleurs connu une sécheresse très rude en été 2018 : le lac d’Annecy a atteint son niveau le plus bas depuis 1947, ayant des impacts sur les revenus des professionnels du tourisme notamment les loueurs de bateaux et de pédalos. Il n’y a plus non plus de saisons pour l’alpinisme. Les professionnels de la montagne doivent dès lors adapter leurs pratiques.

Dans deux semaines, nous reviendrons sur les impacts affectant les différents territoires français, et comment ceux-ci essayent de s’adapter !