Le groupe pétrolier Total a une ambition : « devenir la major de l’énergie responsable » ! Notre Affaire à tous, 350.org et les Amis de la Terre ont confronté cette ambition affichée à la réelle stratégie environnementale du groupe par la publication le 29 mai 2019 du rapport « Total, la stratégie du chaos climatique » afin de dénoncer ses incohérences en matière climatique.
Total communique sur un scénario à 2°C
Dans sa communication, Total assure suivre l’objectif de limitation du changement climatique à 2 °C défini par l’Accord de Paris. Pourtant la lecture des annexes aux comptes consolidés du groupe révèle clairement une incompatibilité avec cet objectif. L’entreprise se réfère en réalité au New Policies Scenario (NPS) de l’Agence Internationale de l’Énergie pour le développement de ses activités d’énergies fossiles. Le réchauffement de la planète à la fin du siècle ne serait plus de 2 °C, mais de 2,7 °C selon les concepteurs de ce scénario, voir de 3,3 °C selon certains experts.
Incompatibilité totale entre la stratégie du groupe et son ambition d’être leader de « l’énergie responsable »
Total affiche son ambition de croître dans le gaz que le groupe qualifie d’énergie “bas carbone”. C’est pourtant une énergie au potentiel de réchauffement global 84 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur 20 ans ! Pour compenser cela, le groupe compte sur les technologies de capture et de séquestration de carbone (CCUS). Celles-ci ne sont pourtant même pas disponibles Les bioraffineries, à base d’huile de palme ne peuvent représenter non plus une mesure concrète de lutte contre le changement climatique.
Et les énergies renouvelables ? Seulement 0,5 milliards ont été investi par Total en 2018 dans les énergies “bas carbone” dont le gaz contre 9,2 milliards dans l’exploration – production d’hydrocarbures . Un objectif à 2 °C ne permet pas de nouveaux projets d’extraction d’hydrocarbures, laissons les énergies fossiles dans le sol !
Il semble sensé de se questionner sur l’ambition affichée par Total d’être le leader de l’énergie responsable, surtout lorsque le rapport 2014 du Carbon Majors place Total à la 14ème place des industriels ayant le plus contribué au changement climatique !
Total joue un scénario risqué
Le dernier rapport du GIEC est sans appel. Un réchauffement de plus de 1,5 °C à la fin du siècle aura des conséquences non négligeables sur les populations et les écosystèmes. Au delà de 2°C, les impacts seront dramatiques. Beaucoup de conséquences du changement climatique sont aujourd’hui visibles. La montée des eaux menace les populations insulaires, les agriculteurs manquent d’eau pour leurs cultures, les vagues de chaleurs répétées tuent les personnes les plus vulnérables… Le rapport 2019 de l’IPBES sur la biodiversité est tout autant alarmant et nous questionne sur notre rapport au vivant. Poursuivre une trajectoire à 2,7 °C, c’est accepter de mettre en danger les générations futures et l’écosystème terrestre.
Qui paiera cette prise de risque ?
Dans le monde ou en France, les premiers touchés sont les pays ou les personnes qui contribuent le moins au changement climatique. Le dérèglement climatique renforce les inégalités sociales et économiques.
Qui supportera le coût des pertes et des dommages ? Les multinationales, principales émettrices de CO2 ne peuvent plus se soustraire à leur responsabilité dans cette crise climatique. Elles ont le devoir de prévenir une aggravation supplémentaire du changement climatique et réparer les coûts engendrés par le réchauffement climatique.
C’est pourquoi, le 23 octobre 2018, accompagnées de Notre Affaire à tous, Sherpa, les éco-maires et ZEA Océans ont décidé d’interpeller Total pour exiger la mise en conformité de sa stratégie d’entreprise avec les objectifs de l’Accord de Paris et le respect des 1,5°C.
Le 29 mai, lors de l’Assemblée Générale du groupe Total, Notre Affaire à Tous et les associations partenaires ont informé les actionnaires et investisseurs de la firme du double discours tenu par Total en leur distribuant un résumé du rapport.
Nos demandes
Nous appelons Total et les décideurs à interrompre les recherches & les exploitations d’hydrocarbures, non seulement en France mais également dans le monde entier.
Nous appelons les investisseurs à cesser d’investir dans les entreprises pétrolières et gazières comme Total, fortement émettrices de CO2 et principales responsables de changement climatique.
La mise en œuvre d’une transition énergétique demeure techniquement et économiquement possible, y compris pour Total